- Ce n’est pas grave, répliqua-t-elle. A un de ces jours, j’aurai aimé continuer notre discussion, mais la première classe est au complet en sus c’est onéreux pour moi.
Je la saluai en lui souhaitant bonne chance. Je suivis le chef de gare, quand le haut parleur diffusa: « Mesdames et messieurs votre attention s’il vous plait, le train en provenance de Marrakech et à destination de Settat, Casa, Rabat, Fès sera en retard ! Nous nous excusons pour....» Le chef de gare s’arrêta un instant, afin que je l’eusse rejoint et me dit :
- Un malpoli a déclenché le signal d’alarme, le train a dû s’arrêter et les vigiles recherchent l’intrus. Ce long arrêt a poussé quelques voyageurs à appeler leur membre de famille motorisée, afin de les prendre de peur de rater l’avion à l’aéroport Mohamed V.
- Ah donc c’est pour cela, ce retard ! Dis-je. Donc il y a des places vides maintenant ?
- Oui m’affirma-t-il.
- Accordez moi une minute, rétorquai-je. Une connaissance a loué une place en deuxième classe, si vous le permettez, je l’invite à venir avec moi.
En mon for-intérieur je pensai inviter l’étudiante.Pour ce petit trajet, la présence de la femme est nécessaire. Mais je me sentis dans mon tort. Ma conscience gravita autour des aléas. C’est aventureux et hasardeux qui sait ?
- Oui c’est possible. Sans problème, Elle doit elle aussi payer au contrôleur, le rajout des prix entre les deux classes.
- Soit ! Dis-je.
Je retournai chez la demoiselle. J’hésitai. Je la trouvai assise à la même place. En me voyant revenir, elle afficha un large sourire rusé.
- Vous avez oublié quelque chose ? me lança-t-elle.
- Oui, dis-je plaisant. Vous ! Je vous invite à voyager en première classe.
- Est-ce une invitation au voyage à la Baudelaire ? répliqua-t-elle. Y a-t-il des places ?
- Oui, n’a-t-il pas dit: La femme est sans doute une lumière, un regard, une invitation au bonheur.
- Avec plaisir Monsieur…..dit-elle hésitante.
- Abdou dis-je souriant. Allons-en !
- Abdou a charmé Ghita, dit-elle spontanément.
Elle me suivit, nous rejoignîmes le chef de gare. Ce dernier nous indiqua la place où nous dûmes attendre la locomotrice. Durant l’attente aucun de nous n’adressa mot. Ghita fut rêveuse et silencieuse. Elle apparut gênée dans sa posture. Elle se frotta les yeux de temps à autres. Ma pensée flottante butta sur plusieurs raisons. Je me fus repenti de l’inviter. Je me tus. Quelques instants après, la locomotive arriva et s’arrêta juste devant nous. L’agent me présenta au contrôleur, me salua et me laissa aux bons soins de son homologue. Ce dernier nous indiqua aimablement le compartiment huit, que nous rejoignîmes. Je laissai la demoiselle me devancer. Nous cherchâmes le huit et nous entrâmes pour prendre notre place. En entrant, j’entendis la voix accueillante d’une femme dans le compartiment disant à l’étudiante.
- Ah te voilà ma chère Ghita ! Quel bon vent t’amène !
- Ah te voilà, ma chère Amna ! Le hasard fait bien des choses. Je n’ai jamais pensé te rencontrer aujourd’hui.
- Ô Ghita ma favorite ! cette rencontre le dessein la prescrite.
Elles s’enlacèrent et s’embrassèrent chaleureusement. Elle prit place à ses cotés. Ghita m’ignora et fit semblant de ne pas me connaitre, bien que nous trois, fûmes dans le même carré. Le sentiment d’être marginal me déplu un moment. Je ne me senti point frustré. C’est moi qui l’ai voulu. Je me tus et regrettai cette invitation au voyage. J’assumai.
Emna est une fille de la trentaine. L’allure glamoureuse. Elle porte une tenue qui flatte sa silhouette. Ses cheveux entretenus. Elle porte une raie de côté et des boucles à la Veronica Lake. Les yeux bleus. La voix chaude. Une femme genre fatale qui allume l’homme qu’elle cherche à séduire. De temps à autres, je volai un regard, sans attirer l’attention.
- Etais-tu à Marrakech ? Quoi de neuf, avec ton soupirant ? apostropha derechef Ghita.
- Ah c’est fini entre nous. C’est un gars collant. Il est devenu insupportable et jaloux. Figure-toi, qu’il m’a offert ce portable de luxe, en lui montrant le téléphone cellulaire, pour répondre à ses fréquents appels. Je lui ai dit, que je ne supporte plus les appels de quiconque, suite à une allergie otite et que je n’aime plus recevoir ni message ni sms. Ces derniers jours, je ne me connecte ni au facebook ni à gmail.
- Waili, ne me dit pas que tu lui as fait cela ?
- Si, il commence à me stresser, c’est l’unique issue échappatoire pour qu’il me laisse en paix. Aussi il ne pense pas à fondre un foyer et ce n’est pas mon homme. D’ailleurs je pense me débarrasser de ce joujou en le vendant.
(Il a raison pensai-je, fonder un foyer avec une mata hari)
- Waili, le vendre gaa3 ? ajouta Ghita.
- Yamchi limmah, dit-elle avec un ton péremptoire. Ce jouet m’appartient maintenant. Je le vends pour en acheter un simple portable. L’argent restant, je m’offre le parfum Dolce et Gabbana. Je veux la paix, rien que la paix !
- Te laisser en paix pour une autre victime, ajouta Ghita. Amna, tu me rappelles Madame Bovary dans le roman de Gustave Flaubert. Dorénavant, tu es Emma !
- Arrête veux-tu Ghita, répliqua-t-elle.
- Non, mais comment veux-tu qu’il te contacte ? Waili ni appel, ni message, ni rendez-vous, dit Ghita pour la taquiner.
- Je veux la paix ! Qu’il aille au diable ! Il n’est pas mon genre. Dis moi Ghita, j’ai beaucoup parlé et me suis attardée sur mon sort, et toi comment se passe avec ton gars de l’enseignement ?
- Bof ! lui aussi, il commence à me taper sur les nerfs. Les hommes sont tous les mêmes. Il y a une heure, je l’ai appelé pour lui dire qu’il me manquera à Settat. Je le berne et J’ai usé tromperie et fallace. Il me croit. Seulement, moi ces derniers jours, j’opte pour un autre homme bien placé. Il n’est pas jeune, mais riche célibataire, la santé pimpante et assagi. (J’avais raison de douter de sa discussion doucereuse, dans la salle d’attente à la gare)
- Dire qu’il y a six mois, tu ne lui vouais qu’admiration.
- Oui, je l’ai renversé de son piédestal. Je veux un autre et c’est mon droit non ? Je termine cette année mes études. Je dois penser à un boulot et à mon prince charmant.
J’écoutai les deux chipies égrener leur duperie, tromperie et goujaterie. Ma délivrance revenait à l’hôtesse du train qui annonça sur le haut parleur, l’arrivée à Settat. Elles prirent leur sac et entamèrent la sortie. Rubiconde Ghita, quitta précipitamment le compartiment et me lança:
- Bon voyage Monsieur!
- Bon arrivée mesdemoiselles, dis-je l’air indifférent.
Les voilà parties, bon débarras ! Le contrôleur tarda à venir, J’épargnais à ma bourse de payer le rajout de la première classe pour la mégère. Vous payerez ce gâchis espèces de vermines ! Pensais-je !!!!
N.B : Bien qu'inspirée en partie de faits réels, les personnages et situation décrits dans cette série sont purement fictifs
Fin
Salé, le 10 Juillet de l’an 2015.