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  • Et compagnie (14 ème Episode)

     

                

          Au moment où je terminai ma narration, nous arrivâmes devant ma voiture. J’ouvrai la porte de droite et prier Rahima de prendre place.

    -     Merci pour la galanterie Abdou.

    -     Il y a de quoi, dis-je tendrement.

       Je contournais le véhicule pour ouvrir celle de gauche. Je démarrais doucement le moteur de ma fidèle ford. Je pris la direction du quartier où habite Rahima.

    -   Mes compliments ma chère! Je te remercie pour cette belle soirée, dis-je pour rompre le silence.

    -   Abdou, C’est moi qui dois te remercier. Tu m’as remise dans les bras du bonheur. J’ai passé un moment agréable. J’ai ris. Cela fait longtemps que je n’ai pu m’amuser.

    -   J’ignorais que tu t’amusas, dis-je pour l’aguicher. Etait-ce un jeu d’enfant de cachotterie?      

    -  Je me suis amusée, charmée, ravie, je ne le nie pas. Pourquoi penses-tu toujours à l’envers ? Mon langage est simple et mes idées sont claires. Abdou nous sommes au début de notre connaissance. Nous sommes majeurs et vaccinés, je ne vais pas te dire que je t’aime et que je tiens à toi. J’évite le poncif  et la banalité. Je ne noierai jamais le poisson pour te leurrer. Je te demanderai par conséquent de n’avoir aucune suspicion ou arrière pensée. Tu es l’objet de mes pensées depuis notre première rencontre. Je me sens liée à toi.

      -  Je te crois Rahima. Tes pensées secrètes me séduisent. Moi aussi, je tiens à toi et je pense que c’est réciproque. Celui qui découvre plus délicieux que le miel, il n’a qu’à le laper (adage marocain). Tu es mielleuse.

          Elle ne dit mot mais afficha un sourire angélique. Elle appuya sur le bouton du poste radio. J’aimai son geste pour deux raisons. La première c’est que nous eûmes la même pensée. Une pensée siamoise. Et deuxièmement j’allai le faire. Elle me précéda pour presser le bouton et asseoir un air ambiant. Quel dessein avec elle ! C’était la chanson de Jacques Brel « Quand on a que l’amour». Elle accompagnait les paroles avec une voie mélodique telle Juliette Gréco. Nous langions une rocade, parfois je lâchai le volant quelques secondes pour l’applaudir et nous chantions ensemble d’une même voix.

    -  Jacques Brel est mon idole depuis ma tendre jeunesse dit-elle d’une voix de colibri.

       C’était l’émission club jazz d’Ali Hassan. Pour l’éducation musicale, il avait avec brio commenté la valse à mille temps. Sympathique et toujours de bonne humeur, il excella dans l’art   transitionnel. Nous appréciâmes de réentendre les chansons nostalgiques. Ce fut Amsterdam, Ces gens là, Vesoul, Mathilde et Jef. 

    -  Ali Hassan est le doyen des animateurs radio dit-elle. Il fut le premier à présenter Jacques Brel au Maroc.

     

    -   Oui en 1973, enchaînais-je. En tant qu'acteur il joua, en 1981, le rôle de chauffeur d’un camion dans le film «Le Grand Voyage ».

         L’émission continuait avec la belle chanson « Ne me quitte pas » et un lai d’amour nous embauma.

    -   Rahima ne me quitte pas, dis-je pour lui chanter la romance.

    - Je suis à toi pour toujours. Abdou, tel que le stipule la moudawana, il faut que tu prépares les papiers nécessaires pour l’acte de mariage. Une copie de l'acte de naissance, un certificat administratif et le certificat médical. Moi, j’ai l’acte de divorce.

     

        Au moment où elle disait cette recommandation, nous arrivâmes à la rue quatre vingt.

    - Demain, j’entame ces papiers administratifs. Bonne nuit et prends soins de toi.

      Je la saluai par une bise sur les joues, lui souhaitant une bonne nuit.

     

       Le  lendemain, dès potron-minet, je me levai pour me doucher. Après avoir pris mon petit-déjeuner Je rejoignis le bureau. Aux alentours de 10h30 un appel retentit. C’est Rahima au téléphone.

    -  Bonjour Abdou. J’espère que je ne te dérange pas. Je viens de recevoir un appel mon ex belle-fille, la sœur de Mimoune. Il est mort  hier nuit.

    -   Waili !  Que lui est-il arrivé ?

    -  Une crise cardiaque suite à une overdose d’alcool. Il était avec ses amis dans une orgie.

    -  Que Dieu ait son âme, dis-je. L’étoile filante d’hier nuit était un signe précurseur. Mes condoléances attristées Rahima.

    -   Merci, mais je ne sens aucune tristesse, car de son vivant, il ne connaissait point d’amour; hormis l’argent. Je savais hier quand il m’a téléphoné avec sa voix de rogomme, qu’il allait faire une gaffe.

     

       Pour moi, les dès ont roulé. Rahima sera mienne sans concurrence.