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  • Et compagnie (2ème Episode)

      Nous dînâmes copieusement. Je mangeais goulûment, non pour faire plaisir à mon hôtesse, mais pour lui insinuer que j’eus faim d’elle. Tout a été organisé et de temps à autres, je l’aidai à apporter les plats à  la cuisine. Parfois, quand je finissais d’avaler mon verre, je remplissais un autre en trinquant à son honneur. Elle choquait délicatement son verre de soda Seven-up  avec le mien, me disant « À nôtre santé !»       

      Après le dîner, nous passâmes au salon pour converser. Je ne pouvais laisser ma dive bouteille et mon verre à pied. De prime abord, elle me demanda ma raison sociale. Je répondis franchement et sans détour, que je suis un simple employé dans une société import-export. Elle me souffla, qu’elle fût ravie de cette rencontre matinale. Durant cet entretien, elle conversait sans tic apparent.  Elle me confia qu’elle était mariée à un homme d’affaires. Son  mariage gris l’a traumatisée. Elle narra avec tristesse son  divorce. Je notai sur son beau visage, une sérénité et l’envie de dégager toute son énergie négative. Je m’abstins à interrompre sa narration.

    - Comme d’habitude Mimoune, dit-elle, regagnait son domicile. En entrant à la maison le coucou de l’horloge mécanique sonnait 23h. Elle l’attendait dans le salon et sa petite horloge flétrie penser mal de ce retard. Elle avait le cœur sur les lèvres. Elle pensait que son mari s’est attardé pour libertinage. Il y a une semaine, Mimoune a tardé, elle pensait qu’il était avec une autre femme. Par contre sa belle mère clamait, je ne sais pas ce qui est arrivé à mon fils. Pourvu qu’il ne lui arrive ni mal ni accident.

    - Pourquoi ce retard, l’apostropha-t-elle. La table est servie, nous devons dîner pour aller dormir. Tu dépasses les bornes ces derniers jours par tes rentrées tardives !

    - Femme,  c’est plus fort que moi. Vous deviez manger si je ne suis pas là. Et ne me parle pas sur ce ton, veux-tu ! Arrêtes de me recevoir, chaque fois à la male heure.

    -Ah bon ! Je n’ai plus droit de commenter tes débordements. C’est toi qui s’occupes de tout. Le ménage, les courses ! Ce n’est plus une vie, c’est géhenne.  

    - Rahima, tu ne cesses de bouder ces derniers temps. Ne crois pas que c’est pour le plaisir que je reste dehors. C’est la période des déclarations d’impôts sur le bénéfice. Je dois revoir les évaluations avec l’agent comptable. Je ne veux m’attarder pour fournir le bilan, et payer des pénalités.  Cesses veux-tu de me harceler ! Sinon, il vaut mieux qu’on se sépare, dit-il tout haut devant sa mère ébahie par cette boutade.   

       Chaque jour, c’est les mêmes scènes et allocutions familiales. Elle finit par demander son divorce, pour raison de discorde. En pleine crise de colère, Il lui avait dit, tu es trois fois répudiée et au diable la moudawana ! La déchirure fut atroce, mais depuis quatre mois, elle reprit sa liberté son humeur et sa joie. La pension de divorce allouée par son ex lui assure une coulante vie. Elle a des amies fidèles. Elle voyage et fréquente des restaurants de choix. Mais elle ne sent point à l’aise. Ces derniers jours, il est venu me supplier pour le remariage, termina-t-elle. Il me fait pitié. J’ai posé des conditions pour reprendre mon foyer et vivre avec lui. Il regrette son geste et de mon coté, je dois baisser la barre des revendications.

      Eméché, J’écoutai avec attention son témoignage. Je songeai à son discours qu’elle relata avec nostalgie. J’achevai mon dernier verre. Mes méninges me soufflèrent qu’il y ait anguille sous roches. Elle est charmante, mais énigmatique. Selon la charia, une femme répudiée trois fois, doit se remarier avec un deuxième homme, pour le remariage. Il ne peut la reprendre que si elle contracte un autre mariage consommé ou qu’elle se retrouve veuve.

    - Abdou, me lança - t- elle, le ciel t’envoi en ce moment précis. Ne crois surtout pas que je vais te leurrer en te demandant le mariage. Tu sais que mon ex ne peut me remarier que si j’épouse un autre homme. C’est la punition de la charia pour que les hommes ne badinent pas avec ce lien sacré.

    A suivre ./...

  • Et compagnie!

       De bon matin, je me levai un jour dominical pour faire une promenade à pieds, sans un but précis. Je vêtais une tenue Adidas, pour ne point m’endimancher. J’étais seul. Ma mémoire aussi. Elle se promenait, d’une rose à une rose et d’une femme à une autre durant mon parcours dans le grand jardin public. J’entamais la randonnée en errance, et je vis devant moi une charmante jeune femme. Elle portait une tenue « Et compagnie ». Sa tenue allait de paire avec son allure. Gaie et joviale à première vue. Les cheveux dans l’air et le pas saccadé. Une belle femme  attirante. Le logo de sa tenue, me donna l’idée de l’approcher. Je l’accostais en murmurant :

    - Puis-je être à vos côtés, à moins de ne pas être un ami de bonne compagnie? Vous courrez lentement, je me propose d’être un garde corps.

      Elle se tourna vers moi, hésitante. Me scruta d’un regard prompt, pénétrant et fascinant.  Un regard doré comme ses yeux châtains. Des yeux coquets. Les miens l’accompagnaient  dans ses gestes.

    - Je préfère que vous soyez un garde cœur, répliqua-t-elle souriante.

      J’honorais avec plaisir son invitation. Je m’abstenais à forcer la course et je me mettais au niveau de sa chevauchée sans chapeau de roue. Chemin faisant nous nous présentâmes l’un à l’autre.  Elle se présenta comme gérante d’une boutique du prêt à porter.  En fin de la promenade, je l’invitais à boire un rafraîchissement dans un café non loin de nôtre lieu. Elle commanda un jus d’orange et moi un café et une bouteille d’Oulmes. Comme ce fut beau de la voir tirer sur la paille pour boire le jus ! Nous échangeâmes,  et relatâmes plusieurs sujets d’actualité. De temps à autres, je prenais  la parole pour narrer des blagues, parfois vertes. Elle n’a, à aucun moment, interrompit ma discussion. Durant cet entre acte, une abeille vint voler et tentait de se poser sur sa belle chevelure. Elle eut peur. J’intervins  pour chasser la butineuse, elle revenait à la rescousse. Irritée et dérangée, elle injuriait  la bête de tous les noms. Il a fallut que je tire une longue bouffée de ma cigarette, allumée, pour la souffler sur la travailleuse en rassurant ma compagne. Les apiculteurs utilisent la fumée pour chasser les essaims de la ruche.  La laborieuse s’en alla. Mais ma dame, inhala la fumée et toussota. En toussaillant, je notai sa remuante poitrine mahousse.

    - C’est normal, dis-je, les abeilles ne se posent que sur les roses. Ce dit  apaisa sa détresse. Elle afficha un léger sourire.

    -Merci, j’ai l’apiphobie, dit- elle tout miel. J’eus des crises d’asthme dûes à l’amatophobie. Nous habitions une maison située dans un carrefour. Des milliers de voitures dégageaient la fumée et la poussière. J’ai dépensé de l’argent pour me médicamenter. Par la suite, nous avons déménagé pour résider dans un calme quartier.

    - Heureusement, dis-je souriant. Mais sais-tu que la tortue est un moyen efficace pour annihiler l’asthme. Il suffit de la mettre dans la chambre où tu passes la nuit. Apres une semaine, le malaise se dissipe.

    - Waili ? (Est-ce vrai ?) Apostropha-t-elle.

    - Oui, c’est véridique. Sais-tu aussi que le bébé qui tète sa maman engrossée, risque une maladie. Et le remède, c’est bouillir la chair de la tortue et le lui donner dans un biberon.

    - Si ce n’était pas toi, j’allais dire que ce sont des raisonnements tortus. Donc la tortue est un don de la nature !

    - Sais-tu aussi que le guembri est fait de la carapace de la tortue.

    - Et j’apprends aujourd’hui, des choses avec toi, mon ami !

      Le courant passait entre nous merveilleusement, comme si l’on se connaissait depuis belle lurette. Je fus ravi. Je faisais la roue parfois, pour attirer son attention, en étalant mon tact et mon savoir faire. Elle fut ravie. Nous devisâmes durant une heure. Le repos du guerrier.  A chaque fois, elle regardait sa montre. Je me demandais si je la retenais. Je ne voulus point forcer sa main pour rester ensemble. J’eus tort de penser de la sorte, quand elle me proposa :

    - Vous êtes croquignolet et plaisant ! Si vous ne voyez guère d’inconvénient, je vous invite mon drôle à dîner chez moi, ce soir. J’habite seule, votre compagnie me fera plaisir. Je sais cuisiner ! Je vous invite à manger une terrine de poisson et comme nous sommes au mois de Mai, je prépare l’alose à la brebis et asperges.

    - Avec grand plaisir ma dame ! J’apporte avec moi, si vous le permettez une bouteille de coquillage, dis-je avec audace. Ce vin blanc va bien avec le poisson. 

      Un instant, je doutai que je suis devant une femme facile. Je me demandai, si j’étais un play-boy ou un conquérant.  Du coup je suis invité à dîner avec cette charmante  dame, une soirée dingue. C’est incroyable. Adviendra ce qu’adviendra, méditasse !

    - Soit ! C’est merveilleux. Je ne bois pas, mais j’aime l’homme enivré. Il est marrant quand il est gris !

       Elle me souffla son GSM et son adresse qui me mit la puce à l’oreille. La prononciation de son adresse est de bon augure. En commun accord nous fixâmes le rendez-vous à 21 heures. Je la quittée, après une petite bise sur les joues, content et heureux de ma rencontre.

      Le soir, je me préparais pour la rejoindre après avoir pris une douche. Fraichement rasé, je portais une tenue modeste. Une veste en daim et un jeans. Me fis parfumer de Py de Givenchy. Je pris une boîte de chocolat patience, un bouquet de fleurs et ma bouteille munie d’un ouvre bouteille à toute fin utile.

      Vers 21 heures de relevée j’entrai dans la rue quatre vingt et monter l’escalier de l’immeuble 60. Je sonnais à la porte 9, au deuxième étage. Une silhouette me parut à travers le rond œil-de-bœuf. La porte s’ouvrit doucement sans grincement pour ne pas attirer l’attention des voisins sans doute. C’est une autre femme qui m’accueillit. Belle et resplendissante, coiffée frisée blonde. Elle afficha un large sourire.

    - Soit le bienvenu Abdou. Ma demeure est à ton entière disposition. Fais comme chez toi.

    - Merci Rahima, dis-je, avec un serein sourire.

      Son étrange beauté me fascina. Le fait de me tutoyer, me rassura de son hospitalité. J’entamais l’entrée, en offrant le bouquet de  douze roses pourpres avec au milieu une rose blanche et le paquet de chocolat.  Je gardais le coquillage par respect.

    - Hum ! Tu as deviné mon faible pour les fleurs et le chocolat, dit-elle le sourire angélique!

    - J’étais toujours sûr de la joie du chocolat. Etant donné que tu fais du sport pour garder ta ligne, le chocolat aussi fait mincir. Et les roses, c’est l’abeille de ce matin qui m’insuffla l’idée.

    - Je partage ton avis, me dit –elle au moment où, je prenais place sur le grand divan du salon. J’ôtais ma veste et éteignit mon portable. Un salon choisit avec choix et  goût délicat. Tout est propre et ordonné. Des vases fleuris embellissaient la table et les coins. Une lumière tamisée et une musique classique à peine audible. Un joli rideau double ornait les fenêtres. Le parfum  de la maison se confondait avec celui de la femme. Un coin de rêve.  J’étais ébahi et épaté pour l’accueil.

    A suivre..../...