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  • Et compagnie (4 ème Episode)

     

     

    -    C’est moi qui dois élire celui qui m’accompagne durant cette étape !

    -   Je redoute néanmoins, sa jalousie.

    -   Jalouseté, tu parles ! Il devait au préalable veiller sur notre union. Je ne veux guère subir, après ses déboires, la mésaventure de Mélisande.

    -   Moi non plus, je ne veux point endurer le cas de Pelléas, dis-je plaisantant.

         Elle apprécia ma réponse de la littéraire hellénique. Ma réplique ravit son sourire. Elle sut que je suis un féru de la littérature Grecque. Elle me demanda la permission pour aller mettre le bouquet de fleurs dans l’eau, me susurrant qu’elle a oublié le sort des roses. J’appréciais ce geste, de ne pas les laisser flétrir dans le papier cellophane. Je me préparai à sortir. Je repris ma veste accrochée au porte manteau en fer forgé. Elle m’accompagna à la porte. Au seuil de la maison, pour prendre congé, je  lançai à la fée du logis :

    -   Bonne nuit, ma future dame, dis-je avec un serein sourire. Merci pour la belle soirée où je fus reçu avec tous les égards. Merci pour le succulent dîner, tu as un talent de la parfaite  cuisinière. Mes souhaits de beaux rêves. Donc à demain !

    -  Je risque de ne rencontrer le sommeil, répondit-elle souriante. J’attends ta réponse demain.

    -  Que sera sera ! Qui vivra verra, dis-je en chantant, l’air aviné.

        L’un et l’autre nous ne gardâmes nulle miette de notre tendresse, nous nous embrassâmes en tendant nos joues. Je dévalais l’escalier, du côté de la rampe, lentement, mais surement. Une heure après, je regagnai mon domicile. La nuit, au lit je songeai à cette heureuse et fascinante aubaine de mariage de deux mois.  Advienne que pourra, me dis-je, en fin de compte. J’irai demain lui dire, que j’accepte  « la transaction ».

        Le lendemain, je prenais une douche, m’habillais modestement, car la vraie élégance est celle qui ne se remarque pas. Je sortais prendre mon petit déjeuner comme de coutume au café Tramway. Rassasié, pour l’appeler je composais son numéro. Elle me répondit d’une voix blanche, je sus que je la tirai du sommeil. Je lui fis savoir que j’acquiesçai à sa requête. Nous nous fixâmes, le jeudi pour parler du cérémonial. La bonne humeur et la joie émanaient du timbre de sa voix.

        Le jour « J », j’annonçais ma visite pour la voir à la maison et non à la boutique. Je m’abstins d’acheter un nouveau présent à offrir. Le faire, c’est lui insinuer mon intérêt machiavélique. J’ai ma dignité et j’ai l’esprit candide.  Arrivé dix minutes d’avance, devant la porte, je sonnai, elle tarda d’ouvrir. Je dus attendre. Au fait c’est moi le blâmable. Je m’imaginais tel un rastaquouère, venu pressé, afin d’étaler ses avances. Honni soit mal qui y pense. Cinq minutes d’attente, elle m’ouvrit l’accès, le large sourire affiché.

    -  Bonjour. Désolé mon ami, dit-elle le ton flegmatique. J’ai horreur de recevoir les gens en tenue débraillée ou avec  des bigoudis sur la tête.

    - Ce n’est point grave. Je craignais l’encombrement au carrefour, mais Dieu merci, la circulation est normale, dis-je après le rituel salut. Je recourus à ce subterfuge pour cacher mon empressement!  

    - Entre mon ami. J’ai une surprise pour toi, mon ex est là ! C’est une occasion propice pour vous présenter l’un à l autre.

    - Je suis ravi madame, dis-je avec le plus charmant sourire. Au for de ma conscience, j’eus une pensée à Golaud qui avait occis Pelléas par jalousie. (Oh! Ne faites pas la terrible, Madame! Sur mon âme, je ne vous crains pas! Je sais vos allures. Je ne me laisserai pas empoisonner comme votre premier mari. Lucrèce Borgia).                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                              

        Je suivis ma dame au pas, la démarche rationnelle. Je parvins au salon où l’ex était assis. Il se leva me tendant la main. De la tête au pied, il m’enveloppa d’un regard rapide.

    -  Salut et bienvenu cher monsieur, maugréa-t-il entre ses dents.

        Des coups d’encensoir gratuits en ma faveur. Je devais être agile et aux aguets, c’est la première impression qui compte et qui perdure. Elle reste indélébile. Il sied mal que je réagisse méchamment.

     -  Bien le bonjour monsieur, dis-je aimablement, pour dessiller son regard.

     

     A suivre./...

     

  • Et compagnie (3 ème Episode)

     

    - Et que dois-je faire ? Dis- je perplexe. Acceptera –t- il que j’assume ce rôle ?

    - Non ; Je me propose des formalités du mariage. Je ne ferai qu’une fête de noce symbolique pour taire les hâbleurs et leurs tirades matamores. Le contrat de mariage sera de deux mois. Les frais des bagues et des adules seront à mon compte. Passée cette durée, nous nous séparons. Tu es si gentil et aimable. Notre rencontre de ce matin, est un pur hasard. Quand je t’ai vu m’approcher, je me suis dis, voilà l’homme qu’il me faut, pour sortir de cette impasse.

    - Rahima, repris-je. Ce sera léger et hâtif de répondre positivement maintenant. La nuit porte conseil, je te dirai ma réponse demain matin.  Entre nous, je ne vois pas de problème pour cette aventure. J’ai l’intention moi aussi de  fonder un foyer. Ma future acceptera-t-elle un homme divorcé.

    - Ce n’est guère une gêne, dit-elle avec sourire. Un mariage de soixante jours, n’est pas abject. Tu seras l’ami de la famille, elle peut venir nous voir pour lui expliquer ton assistance. Bien sur, je ne parlerai point de nos soixante nuits, ajouta-t-elle avec sourire. Ta future doit savoir, qu’un divorcé a plus d’expérience qu’un blanc-bec. Dans un pays africain, la femme trois fois divorcée est la plus prisée chez les hommes avertis. Elle est plus habile.

    - Donnes moi un temps de réflexion, veux-tu ! Je suis enviné maintenant, je ne peux avancer promesse dans cet état. Je disais cela en pensant aux séquences du film « À la recherche du mari de ma femme » et pour fuir la réponse. Mais c’est tentant de jouer le jeu songeais-je.

    - Soit ! Tu as raison avant de clore cette discussion, sache que je te donnerai un présent pour ta collaboration.

    - Ah non ! Pas de cadeau s’il te plait. Je renonce. Ma faveur, si j’opte pour le oui, c’est de mener ces soixante nuits en allégresse. Les bienveillances, les conflits et conclusions seront  ma donation.

      Ma réplique sereine et mon mysticisme ébranla ses sentiments. Elle afficha le sourire avec ses beaux yeux.

    - Merci Abdou, répondit-elle, rubiconde  en posant ses lèvres ardentes et rieuses sur mes joues.

      Ce fut une tardive étrenne pour moi, qui me suis rasé la barbe il y a trois heures. J’eus la chair de poule. Deux larmes de joie perlèrent de ses yeux.

    - J’attends avec impatience ta réponse. Fais moi confiance, tu ne regretteras pas cette aventure singulière.

    - Oui, dis-je, une aventure dont l’intrigue est riche de péripéties. Et que dira ton ex ?

    -  C’est moi qui dois élire celui qui m’accompagne durant cette étape !

    A suivre../....