La porteuse du pain
De retour après trois semaines d’absence, je narre ce jour, la belle histoire romantique de Aliwane, un jeune autochtone.
Un beau matin en errant dans son quartier, il aperçut Âalia, émigrée de l’hexagone venue en vacance en famille au bled. Il s’arrêta devant cette belle créature aux cheveux dorés et à la tête fine. Elle est un rêve, belle, douce, gaie et attentionnée. Elle tenait des deux mains une planche, conçue par nos mères pour l’envoi du pain de la maison, au four de la cité. Sous le coup de foudre, il la poursuivit, sans dire un mot et en son for intérieur il s’éprit d’elle.
L’accostant, il lui lança timidement un salut :
-Salam, mrahba bi3oummalina Fil kharij !(bienvenue à nos émigrés )
-Je ne suis nullement ouvrière ! répondit-elle furieuse.
Il ne put dire mot. Cette réflexion bien qu’outrageante, ses mots lui lècherent ses lèvres. Il avait un handicap de discourir en français. Ce tare le désenchanta et le poussa à se taire jusqu’au retour de sa belle « porteuse de mie » chez elle.
Sans tarder il passa voir Abdou son ami et voisin du quartier. Il lui avoua son désappointement et lui demanda conseil pour une vulibilté .
- C’est très simple. Etant donné que cette fille ne locute que le français, passe au kiosque, acquières la revue photo roman « Nous deux » que tu compulseras pour apprendre les dialogues d’approche et des mots plaisants.
- Soit !je le ferais ce soir même et j’y vais de ce pas à la librairie du coin.
Le lendemain , après avoir passé toute une nuit à apprendre les bulles du roman photos, il se pointa à la même heure devant la maison. Quelques minutes passèrent, elle sortit pour mener la planche du pain au four. Ce jour, elle porta une djellaba , qui la rendit belle et irrésistible. Comme hier, il se mit à marcher derrière Âalia et son cœur battait, ses pulsations augmentaient sans mesure.
- Bonjour Ma Demoiselle.
- Ah ! C’est encore toi ! Dit-elle le verbe haut.
- « Je vous aime murmura-t-il » dit Aliwane la voix troublante.
Elle ne put retenir son rire, ce qui l’irrita encore. Il continua son bout de chemin en silence, l’admirant de loin et espérant qu’elle eut pitié de ce cœur espiègle. Mais c’est à refaire demain, je serais prêt pour l’affronter, songeât-il.
Le jour suivant, il était là devant la maison, au guet de sa belle. Il l’attendit deux heures mais en vain. Il désespéra et pensa au pire. Est- elle malade ? A-t-elle regagné la France ? Il se posait maintes questions ,quand la porte s’ouvrit. C’était le grand-père de Âlia. En s’adressant à Âliwane garde corps et garde coeur , il lui dit :
- Ce n’est pas la peine d’attendre mon fils. Aujourd’hui c'est Vendredi; nous ne faisons que le couscous pour le dejeuner!