Il prit congé et quitta le café. Je fis de même. Chemin faisant, je cherchai le lieu ou je devrai fondre ma désolation. Je me dirigeai à ma demeure, mon gîte. Je pris une douche pour délasser le corps et l’esprit. Je passai à la cuisine pour manger le dîner que la servante m’avait préparé. Je mangeai lentement mal pensant, réfléchissant sur les propos de mon ami. Défatigué, je me dirigeai au lit pour dormir, bien que les pensées de cette femme, sommeillaient encore en mon for intérieur.
Durant la nuit, je ne pus rencontrer le marchand du sommeil. Je dus compter les moutons pour croiser l’endormissement. Le lendemain matin endimanché, je partis en randonnée pour m’évader virtuellement. J’abhorre rester à la maison, depuis que je me suis séparé momentanément, de ma femme. Maintes fois, je pensai me réconcilier avec elle pour le bien de nos deux enfants tant chéris. Cependant, son entêtement n’eut raison de fléchir mon obstination. Dire que c’est à la suite d’’un concours, que je présidai que je fis sa connaissance. Il y avait deux gagnants à départager. Elle méritait la consécration et elle s’adjugea le prix d’honneur. Je pus par la suite l’inviter dans un restaurant. Nous fîmes connaissance, nous nous entendîmes, nous nous aimâmes et nous nous mariâmes. Néanmoins, je renonçai en déplorant son opiniâtreté. Bien des fois, je voulus refaire ma vie avec un autre demi. Tant de fois, j’eus la nostalgie des agaceries d’une femme, pour m’accompagner le restant de ma vie. Mais j’appréhendai le dessein. J’aspirai au retour de ma progéniture.
Dans mon parcours, en revenant de chez mon bouquiniste, je passai du coté des marchands de fripes. Je vis des milliers de vêtements mis en étal sur de grandes tables. Le brouhaha des vendeurs inondait la place. Sur cette table ce sont des chaussettes, par-ci c’est des chemises, par-là, c’est des culotes et strings. Là, ci-git, des soutiens gorges. Je m’approchai pour admirer ces vestiges que plusieurs femmes triaient suivant leur taille de poitrine. Chacune choisissait sa dimension en l’arborant sur sa poitrine, bien que vêtue en djellaba ou en robe ou pantalon. Je souris dans mon intimité, je pensai tel un obsédé dénudant les fureteuses.
Je savais que depuis l'antiquté, les femmes utilisent différents dispositifs pour soutenir leur poitrine : l’apodesme, le fascia, mastodeton, mamillare, brassière, bandeaux, corsets et corselets. Le soutien-gorge est un sous-vêtement-féminin composé de deux bonnets servant à soutenir et mettre en valeur les seins. Il est habituellement assorti aux autres pièces de porte-jarretelles, slip. Les femmes de la Crète antique sont représentées avec un corsage ouvert sur le devant jusqu’à la taille, laissant les seins nus portés par des lamelles de cuivre. Ces lamelles affinaient la taille et offrait un galbe à la poitrine nue. Par contre, en Somalie il est interdit. Sous peine de coups de fouet, les seins doivent être nus sous le voile des musulmanes. (Ce sous-vêtement est anti-islamique, impur et offensant. «Les islamistes disent que la poitrine d'une femme doit être ferme)
Je restai un moment hésitant, et il est bien sûr impossible de penser à ces milliers de vêtements usagés et ces soutiens-gorge sans penser aux personnes qui les ont portées. De vieux vêtements cédés ou vendus, comme si c'était aussi se séparer de quelque chose de soi et de sa vie, ou renier des souvenirs. Il y a le classique, le provocateur
et les osés. Et là, j’entendis à voix basses des confidences faites par ces corsets. Je restai sur ma gorge. Elles causaient entre elles.
Les juifs avaient leurs Madeleines ;
Les fils d’Homère leurs Phrynés.
Délaçons pour toutes les baleines
De nos corsets capitonnés.
Rousses, blondes, brunes et noires,
Sous tous les poils, sous tous les teints
Qu’ils pourraient raconter d’histoires.
Eug.Imgbert
Le soutien-gorge à balconnet « jardin suspendu » murmura, sous les appels stridents du marchand, « talôou al îyalate, âachra drahem » (Approchez les femmes tout à 10 Dh), à peine audible je perçus ; je vêtis une femme professeur de Sefrou. Elle avait vingt- neuf ans. C'est une beauté filalia, plus de majesté que de finesse, de l'embonpoint, quoique bien faite, un corps superbe, le derrière singulièrement croupé et pouvant servir de modèle, les cheveux et les yeux très noirs. Elle a de l'esprit et ne sent que trop toute l'horreur de son sort. Un grand fond de vertu naturelle que rien n'a pu détruire.
L’autre marque «bouquet sauvage », chuchota. J’habillais une femme mariée. C'est une jolie dame, elle avait trente ans; elle est blonde, les yeux très tendres et d'un joli bleu animé. Elle a toute la tournure d'une héroïne de roman. Le col long et bien détaché, la bouche un peu grande, c'est son seul défaut. Une petite gorge et un beau panier, mais tout cela, quoique délicat, est blanc et moulé. L'esprit romanesque, le cœur tendre, elle est excessivement vertueuse et dévote.
La marque « soir de l’opéra », marmonna, je soutenais les seins d’une femme. Elle a vingt-quatre ans, grasse, potelée, de beaux yeux bruns, un joli nez aquilin, des traits marqués et agréables, mais une bouche effarante. Mais son mari l'aime à cause du défaut de sa bouche. Je fus souvent baissé à demi pour la tétée de son époux.
Celle « après minuit »susurra, j’accoutrai une fille de caïd. Elle a dix-huit ans, une physionomie très piquante, beaucoup de fraîcheur, les yeux bruns, le nez retroussé, l'air mutin, quoique foncièrement indolente et paresseuse. Chaque fois, quand mademoiselle est en rut, elle tripotait ses deux seins.
De femmes qui montrent leurs seins ;
Leurs tétins, leurs poitrines froides,
On doit présumer que de tels saints
Ne demandent que chandelles roides
G. Coquillart
A suivre …./…
Commentaires
Ravie de relire tes écrits! Je dois avouer que ton imagination et ton savoir dire coupent le soufle et enrichissent les idées. Il est impossible de rester indifférent à tes histoires. Elles sont passionnantes et très instructifs. On a l'impression que les rôles ont changé;ce n'est plus scheherazad qui éblouit son roi et son homme avec ses histoires, mais c'est plutôt l'inverse.
Merci à toi, à suivre...
Merci de la visite Sanae et bienvenue dans ce cercle restreint.
Laisse-moi te dire douce amie, que je ne peux aucunement jouer le rôle de Schéhérazade.Elle faisait oublier le désespoir et la faim!
Je crois que le désespoir et la faim et en chacun de nous. le désespoir de faire mieux et de séduire par nos écrits et nos récits; et la faim de lire plus et de découvrir de nouvelles histoires et de nouveaux personnages que ça soit en prose ou en vers.
Merci à toi.
Chère Asmae tu m'accuses!La plupart des désespoirs d'artistes se fondent sur la difficulté ou l'impossibilité de rendre par les moyens de leur art une image qui leur semble se décolorer et se faner en la captant dans une phrase, sur une toile ou sur une portée.
(Valéry)
S'agissant de la faim:Il n'est qu'une faim, vous entendez, rien qu'une, qui permette à l'homme de trouver sa sincérité au fond de son appétit... Je l'appelle la faim de connaissance, ou de vérité, ou encore la troisième faim, pour la distinguer des deux autres, vulgaires, qu'on satisfait avec des femmes ou avec le pouvoir.(Abellio)
Tu me rends la caresse d'être.
Tu me rends la soif et la faim.
De vivre encore et de connaître
Notre histoire jusqu'à la fin.
(Aragon)
Ah lala !! Comme c’est magnifique ! Après cette longue absence, voila que tu resurgis avec tant d’anabiose!!! Au-delà de l’imagination cantate et du vocabulaire agogiques, abondant et raffiné, ce sont les transitions qui m’ont le plus marqué. Sans avoir besoin de trop chargé le récit d’exégèses, une richesse se dégagent tout au long de l’histoire !! Chacun son opium, le votre c’est peut être les nèfles ou bien les cerises !!! baraka 3lik men lemza7 !!
Merci Sanae pour le commentaire. Je vais te faire une confidence !! Notre ami a beaucoup d’estime pour vous ! Peut être qu’il s’est inspiré de vous pour rédiger cette belle historiette !!
Ah te voilà cher Anouar! Je ne fus guère en état d’anabiose ou de pâmoison. C’est vrai que quantes fois, j’allais la belle nuit ; sous la fenêtre d’une Filalia, fredonner des cantatilles mais sans agogique. Je chantais le même ton au temps rythmé. Crois-moi, mon ami Anouar, c’ est une résurrection morale !
Bravo