Salé, le 13 novembre 05 à 11h20 de relevée.
KIF-KIF
Toute conversation cache comme l’iceberg sa partie immergée, une sous conversation ,fait de mouvements indéfinissables de réactions aigues d’interférence à peine perceptible, que notre sensibilité capte comme un dauphin,des ultras sons. Il y a ce qui est dit et entendu,ce qui n’est pas toujours concordant à ce qui est entendu.
Sans faire le coq-à-l’âne ,de mémoire,je citerais un écrit de François Maspero sur l’histoire du Maroc « Un seul point qui permet de parler d’une particularité Marocaine au 19 siècle : c’est le fait que l’usage de la cigarette est pratiquement inconnu jusqu’en 1900.Le tabac en feuille a été connu au Maroc depuis le 16 eme siècle à cause des relations avec les ibériques, le Sahara connaissait bien l’usage du tabac,dans une ville du nord comme Tétouan on prisait, mais la cigarette était inconnue , Colville n’a pu trouver qu’en voisinage de l’Algérie et de Foulcauld avait remarqué que seuls les juifs en usaient. En 1886, le sultan fit détruire les stocks de tabac après avoir consulté les alims. »
Cela dit, la tabac fut banni est interdit aux autochtones. Aujourd’hui, mon billet relatera une historiette , similaire d’une " locution familiale " entre un couple du pays.
Drahmane était un sans-filiste de chasse, habitant un petit village. Un dimanche il part en braconnage. C’était un jour sans , après quatre heures de battue ,il allait revenir bredouille ,lui qui avait reçu en étrenne une belle gibecière d’un cousin de l’Hexagone .La longue marche ,l’avait épuisé,fatigué,quand du talus touffu et dru surgit un sanglier. L’apercevant venir en sa direction, sentant le danger approcher,il épaula illico -presto son fusil ,pointa le collimateur ,visa et tira sa chevrotine .Le solitaire s’affaissa ,tomba raide mort. Drahmane sauvé, content traîna lourdement la proie vers sa voiture, la coffra et regagna sa demeure ,heureux de sa braconne .
A Rabia, son épouse, il annonce son arrivée et dit :
-Nous allons nous gaver de viande Dame, prépare nous un barbecue et des tournes brochettes !
- As-tu fait le complet aujourd’hui? As-tu trouvé un lieu giboyeux ?
-Non ! Cette fois –ci, c’est un sanglier. Au juste, veux –tu me prendre un portrait avec ce carnassier, amène l’appareil, pour graver l’evènement !
Dame ne souffla mot. Après un instant de désarroi, s’intéressant à cette curieuse proie, lui dit :
-As-tu vu un musulman consommer la viande porcine ? C’est illicite et défendue !
-Que dis-tu là mégère apprivoisée ! Mais c est un sanglier et non un porc,c’est un solitaire !
-Non, Drahmane, tu te trompes, dit Rabia en avalant sa salive. Consulte l’avis de notre alim prédicateur du village. Le sanglier est un: hallouf , un porc sauvage !
Sans attendre,Drahmane sort et part chez le alim à qui il raconta son histoire.
-Madame a raison , lui affirma-t-il. Le sanglier est de race porcine , sa viande est prohibée pour les musulmans !C’est haram !
Confus,deprimé ,de retour il entra dans « l’auberge de la gaieté » guinguette du village et s’adressa à madame Brajeul Ginette ,la tenante de l’estaminet ;
-Bousoir mdame ! moi chassé un grand sanglier. Nous pas manger le cochon. Moi vouloir le vendre pour vous mdame, donnez ce que vous vouloir donner !
-D’accord Drahman !j’ai confiance en toi !Marché conclu ,va l’apporter ,en lui remettant un billet de 100 dh.
Il s’acquitta de sa traction commerciale ,remit la bête à la patronne ! De retour il rencontra un agriculteur qui revenait du marché ! l ’ânée ,de figues fraîches, noires et blanches,juteuses ne fut vendue et le vendeur retournait tristement chez lui,mécontent de la mévente.
Drahman,l’approcha, l’apostropha lui disant :
- C' est combien ces deux sparteries de karmouss (figues) ?
- Au marché ,répond le vieux marchand, celui qui offrit le prix,ne l’a pris !Mais dites le votre pari.,Je ne veux aucunement retourner à ma hutte avec ces douces urticacées. Demain je m’en vas vendre des figues barbaries !
- A fortiori , je vous offre 100 dh ,c’ est tout ce que je possède en ce moment !
- Soit, marché conclu,vous etes preneur !
Content de son achat, il rentre à la maisonnette et annonça de nouveau à Rabia :
- Voila, je me suis débarrassé de l’interdit. J’ai acheté pour nous des denrées que voiçi !
- Mais d’où as-tu cet argent pour l emplette de cette grande quantité de karmouss ?
- J’ai vendu le sanglier à madame Ginette. Avec ce viatique j’ai acheté cette acquisition !
- Mais la quintessence de cette prise émane de l’argent du sanglier, c’est la même chose ! C’est kif-kif, hallouf- karmouss ! Retourne consulter l’alim !
De nouveau il ressort demander l’avis du prédicateur. L’alim lui dit alors :
- Madame a tout à fait raison, c’est kif-kif , hallouf-karmouss!
Commentaires
oui c'est tout a fait vrai chacune des notes cache comme
l’iceberg sa partie immergée...