Salé, le 24 juillet 2006 à 12h de relevée
Débat – fleuve
Il est 21 h , cette nuit d’été. Fati et Abdou s’embaument nuitamment de la brise, sur une plage sauvage de l’océan, sirotant l’un et l autre un soda. Ils débâtaient de leurs récentes lectures.
Fati : j’ai acquis cette semaine une œuvre de Guy de Maupassant « Le Horla ».Dans son écrit du 17 août, il relate la folie :
— Ah ! Quelle nuit ! quelle nuit ! Et pourtant il me semble que je devrais me réjouir. Jusqu'à une heure du matin, j'ai lu ! Hermann Herestauss, docteur en philosophie et en théogonie. Donc, l’ayant lu , j'ai été m'asseoir ensuite auprès de ma fenêtre ouverte pour rafraîchir mon front et ma pensée au vent calme de l'obscurité.
Il faisait bon, il faisait tiède ! -Comme maintenant Abdou-.
Pas de lune. Les étoiles avaient au fond du ciel noir des scintillements frémissants. Qui habite ces mondes ? Quelles formes, quels vivants, quels animaux, quelles plantes sont là-bas ? Ceux qui pensent dans ces univers lointains, que savent-ils plus que nous ? Que peuvent-ils plus que nous ? Que voient-ils que nous ne connaissons point ? Un d'eux, un jour ou l'autre, traversant l'espace, n'apparaîtra-t-il pas sur notre terre pour la conquérir, comme les Normands jadis traversaient la mer pour asservir des peuples plus faibles.
Nous sommes si infirmes, si désarmés, si ignorants, si petits, nous autres, sur ce grain de boue qui tourne délayé dans une goutte d'eau.
Je m'assoupis en rêvant ainsi au vent frais du soir. Or, ayant dormi environ quarante minutes, je rouvris les yeux sans faire un mouvement, réveillé par je ne sais quelle émotion confuse et bizarre. Je ne vis rien d'abord, puis, tout à coup, il me sembla qu'une page du livre resté ouvert sur ma table venait de tourner toute seule. Aucun souffle d'air n'était entré par ma fenêtre. Je fus surpris et j'attendis. Au bout de quatre minutes environ, je vis, je vis, oui, je vis de mes yeux une autre page se soulever et se rabattre sur la précédente, comme si un doigt l'eût feuilletée. Mon fauteuil était vide, semblait vide ; mais je compris qu'il était là, lui, assis à ma place, et qu'il lisait. D'un bond furieux, d'un bond de bête révoltée, qui va éventrer son dompteur, je traversai ma chambre pour le saisir, pour l'étreindre, pour le tuer !... Mais mon siège, avant que je l'eusse atteint, se renversa comme si on eût fui devant moi... ma table oscilla, ma lampe tomba et s'éteignit, et ma fenêtre se ferma comme si un malfaiteur surpris se fût élancé dans la nuit, en prenant à pleines mains les battants.
Donc, il s'était sauvé ; il avait eu peur, peur de moi, lui ! Termine Fati. Qu’en penses-tu cher Bel ami ?
Abdou : Folie littérature ! J’ajouterais et pour rompre ce sérieux débat, qu’il y a là plusieurs folies.
Fati : Je te vois venir ! Abdou : Il y a La Folie des grandeurs, la Folie Culture : Fondé en 1984, est un organisme à but non lucratif qui poursuit un travail d'information. Il y a Fleurs en folie : Qui depuis septembre 1999, réalise des décorations florales pour tous les événements : naissance, mariage, anniversaire, décès.
Fati : Oui, en affichant le sourire. A mon humble avis, la folie est démence, aliénation,délire,égarement,déraison,bizarrerie,toquade,passion,absurdité,inconscience,bêtise,sottise,manie,marotte,frasque,fredaine,inconduite,écart,faux-pas,manquement, relâchement,excentricité,anomalie, exception,caprice,désir, envie,lubie,foucade,Coup de tête et engouement.
Abdou :J’ai lu récemment une jolie histoire sur la folie.
Fati : Accouches-la veux-tu ! Je suis curieuse de la connaître.
Abdou : Que l’auteur m’excuse « pour le plagiat » : La folie décida d'inviter ses amis pour prendre un café chez elle. Tous les invités y allèrent. Après le café la Folie proposa :
-On joue à cache-cache ?
- Cache-cache ? C'est quoi, ça ? demanda la Curiosité.
- Cache-cache est un jeu. Je compte jusqu'à cent et vous vous cachez.
- Quand j'ai fini de compter je cherche, et le premier que je trouve sera le prochain à compter.
Tous acceptèrent, sauf la Peuret la Paresse.
-1, 2, 3,... la Folie commença à compter.
L'Empressement se cacha le premier, n'importe où.
La Timidité, timide comme toujours, se cacha dans une touffe d'arbre.
La Joie courut au milieu du jardin.
La Tristesse commença à pleurer, car elle ne trouvait pas d'endroit approprié pour se cacher.
L'Envie accompagna le Triomphe et se cacha près de lui derrière un rocher.
La Folie continuait de compter tandis que ses amis se cachaient.
Le Désespoir était désespéré en voyant que la Folie était déjà à 99.
- CENT ! Cria la Folie, je vais commencer à chercher...
La première à être trouvée fut la Curiosité, car elle n'avait pu s'empêcher de sortir de sa cachette pour voir qui serait le premier découvert.
En regardant sur le côté, la Folie vit le Doute au-dessus d'une clôture ne sachant pas de quel côté il serait mieux caché.
Et ainsi de suite, elle découvrit la Joie, la Tristesse, la Timidité..
Quand ils étaient tous réunis, la Curiosité demanda
- Où est l'Amour ?
Personne ne l'avait vu.
La Folie commença à le chercher. Elle chercha au-dessus d'une montagne, dans les rivières au pied des rochers. Mais elle ne trouvait pas l'Amour.
Cherchant de tous côtés, la Folie vit un rosier, pris un bout de bois et commença à chercher parmi les branches, lorsque soudain elle entendit un cri. C'était l'Amour, qui criait parce qu'une épine lui avait crevé un oeil.
La Folie ne savait pas quoi faire. Elle s'excusa, implora l'Amour pour avoir son pardon et alla jusqu'à lui promettre de le suivre pour toujours
L'Amour accepta les excuses.
Aujourd'hui, l'Amour est aveugle et la Folie l'accompagne toujours.
Fati : Belle historiette. Je terminerais par la citation de Flaubert : Lorsque l'adolescent, qui se cachait pour écrire, lut un de ses textes à son père, celui-ci s'endormit. C ‘ est aussi une aimable folie !