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Leçon de chose:Sauterelle,suite trois.

 

  Salé, le 21 Janvier 2008 à 22h30 de relevée

 

                   

                 Leçon de chose (suite) 

 

    La tendre amitié nouée, m’enjoint d’être le surlendemain prêt à 10h de relevée au rendez-vous. Cinq minutes, que voici, une Mercédès bleu-royal, qui s’apprêta à stationner. Jade rayonnante au volant la conduisait. Elle prit place à coté de ma 403. Elle descendit souriante. Elle vint à ma rencontre. Nous échangeâmes salut et baisement. Je l’invitai à prendre place dans la Peugeot. Elle proposa, son véhicule pour la randonnée. Je déclinai sa suggestion, juxtaposant que sa 190 est sans doute connue et que par délicatesse, il serait souhaitable d’utiliser la mienne. Elle acquiesça avec gaieté. J’ouvris la porte de devant. Elle s’y assit. 

   Ce jour elle portait une magnifique robe-bustier noir au petit pois qui découvrait les deux gloires de la femme. Une véritable princesse comme disait Andersen. Cette fille de sang  qui avait senti un pois à travers vingt matelas et vingt édredons. Quelle femme, sinon une princesse, pouvait avoir la peauaussi délicate ? Le prince, bien convaincu que c'était une princesse, la prit pour épouse, et le pois fut placé au musée. J’aimai sa douce peau sous cette robe sans falbalas. Ce fut un moment de  silence, chacun s’apprêtait à prendre la parole. Par politesse et étant le conducteur, par sécurité, je m’abstins à parler. 

   - Comment va notre Colombo ? dit-elle d’une voix chuchée presque un murmure.

   - Couci-couça, murmurai-je le sourire aux lèvres. Seuls mes proches amis m’appellent ainsi pour me taquiner. Que proposes-tu, toi qui es de la région ?

   - Nous irons à Mirleft. C’est un village assez important.   

- Bonne idée mon guide. Je pense m’ «ajader» ce jour et boire tes mots expliquant le parcours. Tu m’as promis hier de me parler de toi.

   - Oui ! Après avoir passé deux années à l’Ecole Normale Supérieur, je fus affectée en qualité de professeur de premier cycle dans un collège à Takerkoust. Ce  village  dépend de la délégation provinciale de Marrakech. Je passai deux autres années scolaires loin de mes parents. Ce fut une rude période. Esseulée, je m’ennuyai.  Une connaissance me conseilla de faire un mariage blanc avec un homme résidant Tiznit. Ce mariage putatif me permettait de participer au mouvement de mutation des corps enseignant. Je contractai donc un mariage avec un cousin. Je bénéficiai de cette mutation pour rapprochement de conjoint. D’un accord tacite, nous divorçâmes une fois chez mes parents. Voilà Abbès mon histoire.

    Durant toute cette narration, je l’écoutai l’ouïe attentive. Elle parla sereinement. Par moment, je me retournai pour contempler son regard. Un regard curieux, ardent et enflammé.  La douceur de sa peau. La douceur de sa voix. La douceur de son parfum. La douceur de la musique. La douceur de la voiture. Ces mansuétudes m’exhalèrent une douceur virgilienne. 

   - A raison, une issue échappatoire de l’isolement, rétorquai-je.

    Apres une heure de route nous arrivâmes à bon port. Outre sa belle plage, les pêcheurs s’adonnaient à la  « pêche à la belote ». C’est aussi l’endroit rêvé du surf à la planche, ou à voile qui fait la  renommée des environs de Mirleft.  Les adeptes de ces sports nautiques sont souvent très exigeants : à l’affût des meilleures vagues.

   Un fort militaire, de Tidli,  construit en 1935, surplombe majestueusement le village. Du haut du fort on bénéficie d'une vue superbe sur Mirleft et le bord de mer. Je pris  des photos de galets multicolores, érodés par le flux et le reflux des lames. Une vue du rocher  qui ressemblait à une patte d’éléphant sur la grève. Un bonhomme  ramassa  les galets  ronds et plats dans un sac en plastique. C’est pour l’ornement de l’entrée de la villa, nous fit-il entendre, en parlant à son compagnon. Jade trébuchai sur les cailloux. Elle chaussait  des souliers à cothurne. Ces Chaussures de cuir enserrant la jambe jusqu'à mi-mollet et à lanières lacées par-devant. Moi je chaussai un brodequin Caterpillar. Je pris un galet glauque en forme de cœur, que je tendis à Jade. 

-     Merci cœur de pierre. Qui s’assemble se ressemble, dit-elle Souriante. As-tu du cœur ?

-      C’est un cœur  jade, répondis –je l’air sibyllin. Je  narrais trois vers de Musset :   

   L'océan était vide, et la plage déserte,
   Pour toute nourriture il apporte son cœur.
   Sombre et silencieux, étendu sur la pierre.

- Touche-là, bonne réflexion ! me dit-elle, me donnant sa  main gauche aux doigts effilés.

- De grâce Jade, dis-je et je topai sa main tendue.

Nous quittâmes la plage, tous deux ravis de cette parade.

 Au volant, ma 403 refusa de démarrer.

-  Si nous n’étions pas en plein village, j’eus pensé que tu me fasses le coup de la panne, dit-elle le sourire taquin.  

  L’entendant, le moteur ronfla. Nous quittâmes le village .

                                   A suivre…

Commentaires

  • Toujours fidèle à ton style mêlant humour, ironie, métaphore, littérature et poésie et même parfois science naturel et autres histoire, géographie art…

    Je vais t'avouer une chose. Je lis pratiquement chaque épisode au moins trois fois. La première lecture pour savourer le récit, la deuxième pour contempler le style, l'articulation des phrases et les transition et la troisième pour m'imprégner du riche vocabulaire qui me met devant l’anorexie du mien. .c'est sérieux !!!

    En un seul mot : BRAVO!! Et j'attends -pardons -nous attendons la suite..!

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