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Mécontemporain! suite 2

    Toute la nuit, je mûris mes plans pour l’approcher.Je ne fermai l'oeil de la nuit. Je tramai plusieurs scénarios et conjecturai moult canevas de plans pour gagner son amitié, mais non pour courir le cotillon. Adolescent je sus qu’affronter une veuve, c’est la guillotine, la louisette. Et épouser une veuve, c’est être pendu comme si la corde du gibet était veuve de tous les pendus. J’eus aussi la phobie des veuves noires. Cette araignée cannibale et sélective qui arrive à avoir le beurre et l’argent du beurre dans la relation amoureuse. J’eus une araignée dans le plafond, dans la coloquinte. Dieu merci, ma cible est blanche.  

    L’après-midi, je me  dirigeai, fredonnant un air en a-mi-la, au café Pachalik. La cafétéria sise devant l’agence où elle travaille. Emporté par mon imagination, je rêvai à un entretien tendre avec ma prochaine dulcinée. Des oaristys devisés, des paroles tendres, sereines et calmes.  Des entretiens galants, pour la faire revivre, loin de la cruauté de la perte de son conjoint. Je redoutai avec angoisse sa réaction, qu’elle refusât  toute proposition de faire ma connaissance. Le port du deuil m' handicapa. Pour lui partager ma compassion, je mis ce jour une cravate noire. j'eus aimé lui offrir,en ce mois de juillet, un bouquet de fleurs, la veuve dite aussi la scarbieuse .Jolie fleur d'un rouge foncé, veloutée et d'un parfum agréable Je ne pourrai être un démodé douilleur. Mais j’eus espoir en pensant au film que j’avais vu, il y a quelques mois. Un film Isabelle Mergault « Enfin veuve ». L’histoire d’Anne-Marie qui vient de perdre son mari dans un accident de voiture. Elle est enfin libre d'aimer celui qu'elle voit en cachette depuis deux ans. Mais elle n'a pas prévu que sa famille, pétrie de bons sentiments, a décidé de rester à ses côtés pour la soutenir dans son chagrin. Anne-Marie se retrouve alors encore plus prisonnière que lorsqu'elle était mariée. Est-elle libre ? Est-elle prisonnière ? Serai-je son sauveur pour dissiper son chagrin profond ? Mais je me dois être respectueux eut, son égard. C’est un devoir que d’être sincère avec son prochain. « La sincérité est une ouverture du cœur. On la trouve en fort peu de gens et celle que l’on voit d’ordinaire n’est qu’une fine dissimulation pour attirer la confiance des autres. la Rochefoucauld  »

   Arrivé au Pachalik, après une reconnaissance des lieux, j’optai pour une place de choix  à l'affût de sa sortie. Je pris une table en position statique. Je demandai au serveur comme à l’accoutumer, une tasse de café Lavazza et un oulmès.Le cendrier est déja en place.Aucune trace de la Peugeot 307 noire. La ruelle fut encombrée, des passants pressés, vaquèrent à leurs affaires. Des voitures circulèrent, les chauffeurs usèrent parfois le klaxon causèrent un grand tintamarre. Agressèrent l'ouïe. Force est de constater que le parc auto marocain a beaucoup évolué. Mais l’esprit des automobilistes lui, ne progressa point et manqua de civilité,ce lent apprenti de la civilisation. Dans la gélatine de l’embouteillage, un marchand ambulant exposa ses articles de vente, sur un triporteur ;à deux mètres, juste devant la terrasse du café. 

   Le temps languit .De temps à autres, je consultai ma montre bracelet. Cette attente impérieuse épuisa mon enchantement. Mais je gardais espoir même en l'absence de sa 307. Il est seize heures, la voilà sortante. L’allure saccadée, elle traversa la ruelle en direction du café. Le battement rythmé de ses jambes fit palpiter mon cœur entr’ouvert. Je demeurai calme. Erreur, un penser  amoureux! Elle s’arrêta devant l’ambulant marchand.

 

   Apres avoir prospecté l’étalage, elle mit son sac à l’épaule. Elle prit des deux mains une soupière de dînette de poupée,. Elle parla. Elle marchanda le prix avec le vendeur pour bénéficier d’un rabais sans doute. Il hocha son nez, secouant son menton à droite et à gauche pour la désapprouver. Ils  semblèrent n’être d’accord. Je dus me lever  pour intervenir, par curiosité et pour marquer ma présence dans l’espoir d’attirer son attention. Je feignis acheter des couteaux -à- beurre.

 

-          Madame, dis le commerçant, Je ne peux céder cette unique pièce sans ses légumiers. J’eus la peine à vendre aussi des raviers, de la fameuse faïencerie de Sarreguemines.

-          Je vous comprends, dit-elle, la voix douce et les mots chuchotés. D’aucun viendra acquérir ces six bols, croyez moi, monsieur!

-          Je suis preneur. Dis-je intervenant dans la discussion. J’ai une soupière tête de lion de Limoge, mais les bols se sont amochés. Ceux-là sont assortis avec la soupière et les  saucières.(je romancai).

La dame eut un léger sourire spontané. Des dents blanches, telles des perles ,bien alignées. Une dentition féminine. Je la regardai. Je la regardai et l’admirai. Je répondis avec un large sourire et je voulus pleurer de joie.

-          Voilà donc un acquéreur monsieur, dit-elle pleine de satisfaction. Merci Monsieur, m’adressa-t-elle. La providence vous envoie.

-          De rien Madame, dis-je plantant mon regard sur ses yeux noisette. Je ne vous le fais pas dire, la providence et le hasard. Soliloque je me disais «  L'amour est un jeu du hasard. Qui s'y frotte s'y pique. Il n'est pas bon que l'homme soit seul(Murger) ».

Elle tira son portefeuille crocodile de son sac colombo. Elle paya et nous dit gentiment au revoir . Elle quitta l’endroit l’allure souple et ferme.A pieds. A mon tour je réglai les légumiers et reprit ma place au café me remémorant une lecture:Je sens monter vers moi le deuil d'une vallée où j'eusse été le roi (Jammes). Au fond de moi-même je pensai, ce n’est que partie remise. Mon âme est veuve.Je suis têtu. Monsieur de La fontaine l'a dit"Entre la veuve d'une année et la veuve d'une journée la différence est grande. L'une fait fuir les gens, et l'autre a mille attraits". Rebelote!

               Salé, le 05 Juillet 2008 à 01h30 de relevée 

                                                 A suivre

            

 

  

Commentaires

  • To: fablefabliau593@hotmail.com
    Subject: commentaire
    Date: Thu, 3 Jul 2008 14:52:40 +0200

    bjr cher abdou,
    voilà comme promis, je viens juste de terminer de lire ton recit "Sacrifier un coq à esculape", j'ai retenu 2 choses :
    1 tu es grand fasciné de lecture et ca depuis ton enfance.
    2 tu es un grand friand de femmes car partout où tu es, tu as toujours un moyen ou plutot une manière élégante d'entretenir la discussion.
    Je tiens à souligner également que tu as un style narratif qui est à la fois simple et raffiné. Il est tellement bien étudié qu'une fois entamé, le lecteur ne peut s'empêcher d'aller jusqu'au bout, jusqu'à la fin de l'histoire.
    Bref, les histoires sont attachantes au même titre que "le narrateur"
    Belle journée!

  • Adila, Chere amie
    Tu émeus le coeur.Tu ravis l'âme. Les deux saisissent tes reflexions. Merci

  • Abdel.
    Bon courage!

  • bsr abdou
    J'ai lu tes 3 récits,que puis -je te dire,tu as toujours l'art et la manière,ainsi que l'imagination nécessaire pour un écrivain de qualité;une belle façon d'attirer l'intention du lecteur jusqu'au dernier mot,une culture vague,riche qui alimente ton ecrit du début jusqu'à la fin,la femme est toujours là,présente,j'ai remarqué que c'est toujours le meme profil,l'allure,le charme,la discrétion,le sourire.....pour le dernier que tu viens de commencer,je te tiendrai compagnie de prés en le lisant encore frais,alors courage.....clin d'oeil

  • Bonsoir Mina(Jolie Mina)

    Merci pour les encouragements et les oeillades."Voilà donc le fruit de ces études mystérieuses que tu ne voulais pas m'expliquer. " la princesse lança une oeillade singulière au provençal.
    - j'y suis toujours pour vous, Monsieur Marestan. " PÉLADAN

  • comme d'habitude, je trouve toujours du plaisir à savourer à la fois le style et le récit. merci encore. pour être franc, j'ai pas beaucoup apprécié le passage de la "veuve noire". je sais pas on parle du "rose" et brusquement des expressions "veuve noir" "arraignée" et "cannibale"..c'est une sensation qui m'a retiré au bout d'un moment du récit pour y revenir!! mais j'ai beaucoup apprécié wa allah!! j'ai pensé un moment à une soupière que j'ai chez moi, elle a la forme d'une citrouille avec le couvercle vert en formes de feuille!!!

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