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  • Mécontemporain Episode 12

          A priori, je quittais le café. Aux alentours de 20h, un appel se manifesta sur mon  portable GSM. Je reçus une communication. En scrutant l’appelant je lus Médina. Une allégresse m’envoûta.

    -           Est –ce monsieur Abdou ?

    -           Oui, rétorquai-je la voix soyeuse. Qui est à l’appareil ? Dis-je malicieusement.

    -           C’est Médina ! Nous fîmes connaissance il y a deux jours à l’aéroport, lors de votre retour !

    -     Ah ! Comment allez-vous ? Et les arrivés comment vont-ils ? Je fus surpris du transport  dans l’allégresse où elle me mit.

    -     Ils se portent bien, mais ils sont partis ce jour en détresse à Ouagadougou. Il y a deux jours, le 15 novembre dernier, une amie de ma cousine les informa qu’un grave accident de la circulation s’est produit sur la route, entre Petit-Balé et Ouahabou, faisant 67 morts et 29 blessés dont certains sont dans un état sérieux. Les parents d’Agathe sont parmi les blessés.

    -          Pas de chance donc, pour ta cousine.

    -    Oui, elle n’a cela ! Mais, je pense qu’une fois rassurée sur ses parents, ils reviendront au Maroc. Moi aussi je repars au pays, je viens de terminer mon stage. J’ai présenté le mémoire de fin d’étude.

    -    Ah bon, toi aussi tu quittes les lieux ! Pris au dépourvu, j’oubliai de la féliciter pour la réussite à l’examen de fin de stage.

    -     J’ai déjà réservé mon billet pour la semaine prochaine, ajouta-t-elle la voix chaude. Je rentre avec mon amie malienne Aissata qui vient de finir un stage à Ifrane. Experte dans l’éducation et l’enseignement des enfants, elle pense créer un institut pour enfants ou une  ONG à Bamako, à l’instar de ce qu’elle a vu au Royaume.

     

            La communication s'interrompit soudainement. Je savais qu'elle eut usé de son crédit. Cette annonce me désempara, me démancha. Mes rêveries s’estompaient, s’effaçaient, tout d’un coup. Mais je restai serein. Pour ne point perdre le fil, je composais son numéro. Elle était à l'écoute, puisqu'elle répondit prestement.

     

    -    Dommage, dis-je  avec amertume. Nous n’aurons pas l’occasion de nous revoir Médina. Que puis-je te dire  en ce moment. Je te souhaite un plein succès dans ton travail.

    -     Merci Abdou. Je garderais un bon souvenir inoubliable et indélébile sur mon  séjour dans votre si beau et hospitalier Maroc. Je suis conquise par le charme des marocains. Je ne me suis sentie, à aucun moment étrangère, à Casablanca. Beaucoup de choses de votre pays me manqueront. Entre autres, le thé à la menthe avec corne de gazelle, le couscous, la bastilla (farce aux poulets et amendes), lahrira (soupe) et les délicieuses oranges, pour ne citer que ceux là.

    -    Je veux vous remercier deux fois, Médina, pour votre reconnaissance et votre affection.

    -   Abdou, si vous le permettez, envoyer moi par SMS, votre email. Ainsi, nous resterons en contact par courriel.  

    -    Volontiers, avec plaisir. Je vous l’enverrais ma bachelette.

    -    Bachelette, c'est quoi Abdou? Ce n'est pas un diplôme, me dit-elle souriante.

    -    C'est la jeune et gracieuse jeune fille !

    -     De grâce Abdou, compliment très touchant monsieur barbacole, mais ni pédant, ni prétentieux.

    -    Merci, et aussi ni pet-de-loup. C'est vrai ce fut mon rêve d'être magister dans une école de campagne et que maintenant, je perds itou, une épigone Burkinabèse qui me suivait dans mes dits.

    -    Dommage pour ton apprenante, je me remémorerai de  tes blandices qui me charment le cœur et l'âme. Vous gavez les disciples. Mais qui sait, je projette revenir y passer  mon prochain congé. J'aurai aimé ton amitié. Ma cousine n'a cessé de louer votre amabilité. J'aurai apprécié la vôtre, que celles de certains godelureaux. Vous êtes mirliflore, votre compagnie est sûrement agréable.  

    -     Médina, vous n'êtes pas pleure- pain dans les louanges. Je suis à votre entière disposition si vous revenez à Rabat. Faites comme ce que j’ai fait, pour revenir dans un pays. En Espagne, j’ai laissé mon mocassin wenston usé. En Mauritanie, j’ai laissé  exprès une alpargate. Croyez moi j’y suis retourné  dans les deux pays.

    -    Si c’était un autre que toi Abdou, je dirai que c’est une histoire racombolesque. Et moi dans ce cas, dois-je oublier à Casa, mon sabot youyou ? dit-elle,  amusant ainsi, mon désappointement pour son départ.

    -    Faites-le et vous serez accueillie avec le youyou marocain et du lait et  dattes comme offrande, dis-je sans acrimonie.      

     

          Je voulais apertement lui dire que j'avais tant envie de revoir « l’amande grillée »et inhaler l’Hipnotic poison. Mais j'évitai de m'assoter de ridicule passion ou d'être un attrape -minons, cet hypocrite qui charme les simples esseulées.

     

          Nous nous quittâmes sur une salutation de part et d’autre avec une promesse de nous écrire. Le désenchantement, l’amertume m’envahirent. La désillusion m’est connue et je devins à cet instant son abonné. Je repris pieds à terre et délaisser le mirage. La raison révéla ma sagesse.   Demain sera meilleur ! 

                                                                                                               A suivre..../....