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Et compagnie (7 ème Episode)

 

-         Que choisissez vous madame ? dit le serveur, en tenant un pense bête à la main.

-         Mon homme va me choisir le menu, lui dit-elle timidement.

-    Nous voudrions du sukiyai, dis-je. Je pense que c’est un plat qui se mange à deux. Apportez nous aussi un okonomiyaki, cette crêpe contenant des ingrédients,  nouille,  choux et lard et enfin une bouteille d’eau minérale.

-    Soit ! C’est noté, répondit-il avec un léger sourire en allant à la cuisine pour lancer la commande. Il sut que je suis un habitué de la gastronomie japonaise de par ma commande.

-    Abdou, ce plat nous suffira largement. Pourquoi la crêpe et ce gâchis ?

-    Bonne question, dis-je avec un sourire épanoui. Pourquoi j’ai opté pour ce matefaim, sache qu’okonomi veut dire ‘’ce que vous aimez’’, et yaki c’est cuit. Yaki ? (En dialecte marocain : Tu comprends ?). Il n’y a point de gâchis,  tu es mon invitée ce soir.

-         Tu me surprends de nouveau Abdou. 

-         Comment de nouveau ? dis-je l’apostrophant.

-    Tout à l’heure à la maison, tu m’as parlé des fleurs d’oranger et de la virginité. Sincèrement, c’est une chose que j’ignorais. Mais que font nos concitoyennes pour signifier cela ?

-         Euh ! dis-je hésitant.

     Elle parlait doucement, de temps à autre, les yeux révulsés retournés vers le haut. Un beau regard blanc. Je bégayai dans mes idées, ne sachant quoi dire. Pour fuir son regard ; j’eus le reflexe de scruter la salle. Il y avait un fanion sur le buffet. C’eût été dru de répondre, mais j’eus l’idée et l’issue échappatoire.

-    Eh ben nos compatriotes, hissent le drapeau Nippon ! Dis-je la voix amusée.

-         Méchant ! Me dit-elle le visage radieux.

-    Rahima, je ne place pas la feuille de vigne dans mes propos comme font les hypocrites. J’use le franc-parler sans détours.

-    Je le sais. Je te taquine pour te provoquer. Ne me laisse pas te dire, que j’apprécie fortement ton intelligence. J’abhorre les gars naïfs.  

      Le serveur apporta notre commande. Il déposa huit petites assiettes et un plat garni de la crêpe. Je lui dis merci pour le service en ajoutant.

-         Monsieur, apportez nous deux baguettes pour manger le riz.

-         Ah ! dit-il en s’exécutant. j’ai oublié les baguettes, murmura-t-il.

-         Waili ! me dit-elle. Tu manges le riz avec le pain ?        

      Au moment où j’allais répondre à son interrogation, le serveur amena les baguettes de bois que l’on utilise pour manger le riz. Rubiconde de timidité, elle ne dit mot. Je voyais qu’elle riait sous cape. Je servis madame, la première et lui souhaitais un bon appétit. Elle trouva une difficulté à manier les baguettes. Je l’initiais en lui demandant de tenir ferme les deux baguettes comme un crayon. Je lui fis une leçon sur l’origine de la baguette. Son usage améliore la mémoire et que dans le temps, les baguettes en argent devenaient noires au contact avec la nourriture empoisonnée. 

-         Peux-je faire une réflexion ? lança –t-elle.

-         Bien sûr que oui. Tu as toute la latitude pour le faire.

-    En entendant deux baguettes, crédule que je suis, j’ai pensé aux parisiennes.

-   C’est vraiment drôle. Les autochtones disent le pain ou koumire. Toi tu l’appelles parisienne.

-         Abdou, le moment est venu de te parler un peu de moi.

-         Je suis toute ouie, Rahima. Racontes-y.

-    J’ai quitté le Maroc à l’âge de trois ans, pour aller vivre avec mes parents en France.

-         Comment cela ? Tu sais, je savais que j’étais devant une femme émancipée. 

-    Bref, je vais te raconter cette aventure depuis le début, ajouta-t-elle. Mes aïeuls vivaient dans un village, non loin de Tafraout. Feu mon père était pâtre. Il gardait le petit troupeau de ses parents. Un jour une brebis mit bas un agnelet invalide. Ayant pitié de lui, mon père le portait chaque jour sur ses épaules pour brouter à côté de sa mère.  De jour en jour, l’agnelet devint agneau puis bélier. Mon père qui était chétif, à force de l’épauler, fortifiait son corps et devenait costaud.

        A cette époque, poursuit-elle, le protectorat français qui n’a trouvé aucune difficulté à s’installer dans le nord du Maroc, ne put le faire dans le sud. La région du Souss, lui était difficile vu la densité des montagnes rocheuses et surtout, la rébellion des jeunes Soussis qui étaient contre cette colonisation. Non seulement, ils refusaient la soumission mais ils étaient aussi contre l’évangélisation des berbères. Le Souss est le fief de l’Islam. Aucun renégat, n’a été décelé au sein des aborigènes depuis qu’ils ont embrassé cette religion.      

A suivre./...

 

 

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