Salé, le 10 Novembre 2007 à 23h30 de relevée.
LA BELLE ET LA BETE
Un matin, en congé, j’étais attablé dans une terrasse d’un café au bord de la mer. Je dominais la vue de l’océan. Calme ce jour. Le drapeau blanc ondoyait à la brise, sans claquement. Le café était plein à craquer . Les chaises étaient occupées par des aoûtiens. Je commandai un café express. Le garçon ne tarda point à me servir. Je sirotai ma tasse, sur une belle chanson De Farid Al Atrach, quand deux dames, la quarantaine, bien habillées, m’apostrophèrent gentiment.
-Vous permettez, monsieur ? Toutes les places sont occupées comme vous le constatez. Tôlerez vous que nous nous assoyions prés de vous ?
- Je ne vois aucune objection, Mesdames ! Faites je vous prie.
Elles m’avaient tiré d’une longue songerie de lecture.
A mon signe d’assentiment, elles prirent place à mes cotés. Me voilà en compagnie de deux belles femmes. L’une portait un tee-shirt bleu et l’autre noir. Elles avaient deux grandes pendantes, une belle poitrine. Les deux portaient des djeans bien roulés. Elles n’avaient pas d’alliance à la main. De coquettes femmes spéculai-je !
Je m’engageais dans ma lecture, quand le garçon venait leur demander, ce qu’elles désiraient consommer.
- Pour moi ce sera, un seven-up avec grenadine. Pour mon amie, ce sera un coca avec un zeste de citron.
Celle qui commandait les boissons, se tournait vers moi et jeta un coup d’œil furtif sur ma lecture. Je lisais une œuvre d’un expert français sur « La dégustation du vin » je projetai écrire un billet pour mon journal sur les méfaits de l'alcoolisme .
Le garçon déposa les verres sur la table, et dés qu’il quitta la scène, elle s’adressait à moi, me disant.
- Si ce n’est une indiscrétion, votre lecture n’est elle pas drôle?
- Du tout madame !Il faut connaitre le tout dans ce monde. La nature nous offre de bonnes et mauvaises choses.(Je pensais à sa drôlesse)
- Je partage votre avis, mais il faut éviter les spiritueux.Elle tira de sonc sac channel , un paquet de Marloboro qu'elle alluma.
- Je vais vous narrer une chose, de vraie madame….
- Moi c’est Chams dha et là, hind une amie.
- Charmé,Chams dha ! A un âne l’on apporta deux sceaux. Un rempli de vin et l’autre plein d’eau. Il délaissa le vin et but l’eau.
Hind affichait un large sourire. Je lui demandais .
- Et vous, vous ne participez pas à ce débat ?
- Rien à dire, seulement vous écouter. Elle affichait un large sourire que je cultivais en mon for intérieur.
- Mais les animaux ne sont pas de buveurs, rétorquait Chams dha.
- Si madame !selon Science digest, les animaux eux-mêmes peuvent être la proie du démon de l’alcool, et les occasions de boire ne leur manquent pas. Sachez aussi que toute plante contient du sucre capable, dans les conditions voulues, de fermenter et donc de produire de l’alcool. En Inde, les chouettes s’enivrent d’alcool de palmier. Les rouges-gorges et l’ampélia de Bohème s’endorment après avoir picoré des pommes blettes. Quand aux colimaçons, redoutables parasites, ils sont si friands de bière que les jardiniers avisés mettent ce penchant à profit pour s’en débarrasser. Ils placent parmi les fleurs un petit récipient plein de bière ou ces redoutables parasites viennent s’abreuver et finissent par se noyer.
- C’est intéressant .J’ignorais cela, disait chams Dha, vous nous épatez Monsieur...
- Chraibi, je répondais.
- C’est normal, disait-elle avec raillerie. Le talent appelle le talent, Chraibi en arabe, veut dire buveur non ?
- Oui, vous avez raison, je répondais. Et votre nom traduit veut dire bien Chaud-soleil, ce cru tant convoité par les soiffards.
- Les deux rirent, Chams Doha un rire jaune et soufflait vers le ciel des anneaux bleus et Hind un rire du coin pour ne pas blesser son amie et entonna le couplet de la chanson de Farid «Warak warak daiman ».
Elles quittèrent la terrasse sans achever la boisson.
Moi, je me replongeais dans ma lecture.