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  • Méconremporain suite 5

         Salé, le 23 Juillet 2008

     

     

               Le lendemain aussitôt, le petit-déjeuner continental consommé (sans de journal), Gharib et moi primes le minibus affecté au déplacement des conférenciers, intervenants et journalistes. Le  11ème forum  s’est ouvert au palais des congrès, en présence de plusieurs experts africains et internationaux. La rencontre porta sur la gestion des ressources en eau, la sécurité alimentaire en Afrique de l'ouest, au Tchad et au Cameroun. Par ailleurs la sécheresse et la pluviométrie furent à l’ordre du jour.

            Dans ce contexte et dans le cadre de la coopération sud - sud, le Maroc a acquis des méthodes de déclenchement de pluies artificielles.  « En effet, la vision de Feu Sa Majesté Hassan II a fait de la météorologie marocaine un fleuron de technologie au service du développement des différents secteurs socio-économiques du pays. Ainsi, le développement de notre météorologie a été mis au service de la coopération avec le continent africain, notamment dans le domaine de la pluie artificielle, la prévision numérique, l'assistance aéronautique, l'agro- météorologie, et l'hydrométéorologie. Le renforcement de cette stratégie par Sa Majesté Mohammed VI repositionne la météorologie marocaine face à de nouvelles orientations, et a permis à la Direction de la météorologie nationale, d'intégrer le Comité européen en tant que membre à part entière dans le Centre européen de la météorologie et a favorisé la désignation du Maroc au sein de l'OMM, en tant que Centre régional des instruments pour l'ensemble de l'Afrique.

            Le forum dura deux jours. L’ensemble des acteurs devraient redoubler de vigilance et d’opter pour des actions combinées.

             Le forum terminé, le soir je rejoignis la résidence. Je pris  place dans le hall pour demander une tasse de café. Je fus servi. Que voici la gérante qui me salua avec un sourire éternel.

    -          Labass, kif dayer enta ? me demanda-t-elle, avec un accent marocain européanisé. (Bonjour, comment vas-tu ?)

    -          Bien merci, répondis-je pris au dépourvu. Française, j’ignorais qu’elle parle le dialecte marocain avec un léger accent.

          Je me levai pour la saluer, mais l’esprit rêver autrement qu’il ne pensai. Je laissai à la dame la politesse de s’asseoir. Je ne voulu l’inviter par respect, mais je lui laissai toute la latitude pour me rejoindre à ma table. Je fus son invité. Elle prit place, je fis de même. Elle portait un si beau parfum, que mon sens olfactif connut pour un Chanel 5. Je la trouvai  mignonnette, coquette, charmante, un sourire léger et délicieux, un long cou mince avec un petit nez adorable. Des doigts minces sans alliance (Je te donnerai une robe d'épouse, je passerai mon anneau à ton doigt Claudel). Une chevelure drue avec des zestes d’espoir. Le reflet du chemisier rouge bonbon, reflétait  sur ses joues devenues roses.

    -      Je me présente, Corinne  en grec Kora, cœur de jeune fille. J’ai vécu à Rabat avec mon ex mari  marocain. J’ai de beaux et bons souvenirs de cette charmante ville. J’y trouvai la quiétude, la sécurité et le civisme. Je résidais au quartier Hassan.

    -          Honoré dis-je, pour taire mon silence.

    -          J’ai des amis à Rabat, reprit-elle le sourire omniprésent. Mon séjour était entouré d’amis éprouvés, humbles,  modestes au cœur ouvert aux discussions sereines.

    -          Vous vivez seule içi dans cette ville ? demandai-je.

    -          Non ! répondit-elle avec une timidité charmante, les joues rubicondes, le regard intense, profond et tourment. Je vis avec ma fille. C’est mon rayon de soleil.

    -          Que le Très haut vous préserve Corinne. Puis-je vous demander un avis Madame ?

    -          Avec plaisir Monsieur, reprenant son sourire stabilisateur.

    -          Vous qui ait connu le Maroc. Quel présent vous me conseillassiez pour une favorite.

    -          Un bijou qui porte le message d'amour, répondit-elle. C’est la croix d'Agadez. L'origine de la croix d'Agadez c’est qu’un jeune homme voulait déclarer sa flamme à la jeune fille de son cœur mais il ne savait comment faire car celle-ci était enfermée chez elle. Il eut l'idée de faire appel au forgeron du village. Il faut savoir que le forgeron a une place très importante dans la société touarègue car c'est lui qui fabrique les instruments de cuisine, qui usine toutes les pièces métalliques dont on peut avoir besoin et qui fabrique aussi les bijoux pour les femmes. A ce titre, il a le droit d'entrée dans toutes les familles avec qui il commerce, et même en cas de guerre, il est de ceux dont la vie est préservée. C'est dire son importance. Ainsi donc notre forgeron se voit confier la mission de transmettre un message d'amour. Comment faire ? Comment dire son amour en toute discrétion ? Ce sera un bijou qui portera le message amour. AMOUR se dit T (o) R (a) en tamachek, qui se représente par les signes + et O.   L'agencement des lettres + et O se combinent pour donner l'ébauche de la croix d'Agadez, les fioritures autour étant là pour maquiller un message trop explicite, et peut-être aussi pour faire plus joli. Voilà, il ne restait plus au forgeron qu’à trouver un prétexte pour aller dans la demeure de la belle, lui glisser discrètement le bijou dans la main et la mission était accomplie.

    -          C’est étonnant ! dis-je l’air baba. Donc ce sont des pendentifs en argent et non aurifère.

    -           Vous me forcez le sourire. Ce n’est pas le cas comme au Maroc. Les femmes touarègues ont une peur superstitieuse de l’or, elles n'en portent jamais. L'argent a donc supplanté l'or dans les traditions touaregs. Les bijoux en argent font partie du patrimoine de chaque famille touareg. Ils ont une valeur symbolique, mais aussi bien réelle, car ils servent aussi d'économies et de monnaie d'échange. Chaque bijou est un message qui porte un symbole parfois oublié. Chaque collier porté par une femme touarègue évoque diverses anecdotes et toute l'histoire d'un peuple, d'une ville.

    -          Merci pour l’initiation. J’irais demain acheter ce bijou porté en sautoir.

    -          Je vous conseille de voir au grand marché du quartier Yantala. Là je vous laisse pour ne point vous déranger,dit elle en se levant. Je vous remercie pour ce gai entretien.

    -          Madame, dis-je me levant. Elle leva le regard plaisant sur moi. Vous ne m’avez point dérangé, au contraire, votre franc parler et votre belle allure m’inondèrent de plaisir. Ma verve cherche toujours une bonne et enthousiaste  compagnie. Vous le fûtes. Au plaisir de vous revoir  Corinne.

    -          Inchallah, dit-elle le regard satisfait.

          Nous échangeâmes un gracieux salut. Comblé, je montai dans ma chambre.  

                                                                                            A suivre
  • Mécontemporain! (suite 4)

     Salé, le 16 Juillet 200 à 23h30 de relevée

     

                Le lendemain nous partîmes à l’aéroport Rabat - Salé. Nous dûmes Gharib et moi passer en transit par Paris, la ville lumière. Nous descendîmes à l’hôtel Ibis. Un splendide établissement dans l’enceinte de l’Aéroport Roissy Charles De gaule. Nous fîmes un court shoping  dans les magasins. Au duty free, ce sont des achats à la sauvette, pour rejoindre les chambres, car nous devions coucher tôt pour le long trajet du jour suivant. Je  passai  une bonne nuit, découchage oblige.

               Dès potron-minet nous quittâmes l’hôtel, et c’est sur un Air- bus, que nous fîmes le voyage à Niamey. Une chose me stupéfia lors de l’embarquement des passagers. Avant le décollage, un Stewart  tenait un nébuliseur et parfumer  « d’insecticide » tout l’espace intérieur de l’avion. Voulut-il pulvériser des moustiques ou ses cousins ? Drôle de largage d’insecticide d’un avion encore au sol !

                Le confortable vol, dura huit heures. La manière de service fut excellente et hospitalière. Le temps languit pour les fumeurs, par ce besoin de nicotine. Mais c’est interdit de fumer. Je saisis la durée du vol pour m’informer sur les particularités du Niger. Ce nom vient du touareg “Najjer” signifiant “Fleuve“, ce mot serait à l’origine du mot “Nègre” et aussi du pays connu sous le nom de “Nigéria” également. La singularité de la langue française dans le pays est.

     Aujourd’hui soir : veut dire ce soir.

     Autrement dit : dans un autre cas, dans le cas contraire.

    Boire une cigarette : fumer une cigarette.

    Cabiner : déféquer.

    Doigté : montrer du doigt.

    Douchière : la douche.

    Gardinier : jardinier et gardien en même temps.

    Zoto ; argent, jeton.

    Entonnoir: divorcée.

    Frais de taxi : pourboire.

    Titulaire : amant, fiancé en titre.

    Et c’est deux jours ? : Comment ça va.

             En langue locale ; Hana kiwana: comment ça va ? Ethiopienne: Femme très maigre. Kawter : K O.

            Je sus aussi l’histoire des touaregs  du Niger. Ils sont de lointains cousins des Égyptiens et Marocains, ils ne sont pas Arabes. Les Touaregs sont d´origine Amazigh, ils parlent un dialecte Amazigh ancien et l'écriture Tifinagh dans ses nombreuses variantes régionales, a influencé l'alphabet Berbère d'aujourd'hui. C’est un peuple berbère vivant dans les parties centrale et méridionale du Sahara, traditionnellement nomade mais tendant à se sédentariser. Paul Pandolfi, de l'université Paul-Valéry (Montpellier)  « s'est interrogé sur l'origine de cette singularité. Il lui a trouvé une origine ancienne : elle remonte aux premiers contacts directs entre des voyageurs et ces peuples du désert. Dès les années 1860, les Touaregs ont été décrits comme un peuple certes redoutable, mais avant tout mystérieux, indépendant, authentiquement autochtone et peu islamisé. Contrastant à la fois avec les populations arabes d'Afrique du Nord et les Noirs d'Afrique sahélienne, les Touaregs ont été jugés plus civilisés que leurs voisins, culturellement plus proches des Européens. On crut voir dans certaines de leurs moeurs (la monogamie notamment) les traces d'une origine chrétienne oubliée, et on les déclara indubitablement de « race blanche », peut-être même d'origine européenne. Par ailleurs, leur nomadisme était un gage d'insoumission : il s'agissait d'hommes libres qui jamais ne s'étaient soumis aux conquérants arabes ou noirs. Leur mode de vie chevaleresque était un signe de noblesse. Cette image, dont on ne peut dire qu'elle soit fausse, présente toutes les qualités du stéréotype, car elle a su résister à de nombreuses épreuves : l'assassinat du père de Foucauld, le massacre d'une mission française au Niger en 1880, et les examens minutieux du Dr Atgier qui, en 1909, dut constater que beaucoup de Touaregs étaient noirs... Tout cela importa peu : on continua de désigner ces « hommes bleus » du désert comme un peuple nettement plus « blanc » que les autres ». Las de lecture, je fermai Que sais-je ?

              Dare-dare nous arrivâmes le soir à Niamey. Le temps fut doux. Après les formalités de l’entrée, les agents d’accueil nous conduisirent à la résidence universitaire, derrière le fleuve Niger. Cité nouvellement construite, qui offre des prestations d’hébergement de qualité et propose des équipements communs de détente. Un jardin tapissé de verdure, des fleurs Helleborus niger, de  grands arbres catalpas et l’eau chaude courant. Elle est gérée par une adorable, courtoise et aimable française.

  • Mécontemporain! (suite 3)

         Salé, le 14 Juillet 2008 à 20h de relevée.       

     

               Prends-en ton content Abdou, tu peux patienter! Je rentrai chez moi. Je me déshabillai et j’entrai dans la salle de bain, pour prendre une douche. Après le bain, j’enfilai mon peignoir, et au moment où je chaussai mes babouches, je constatai que la paire droite surplomber de haut celle de gauche. Une incitation et une invitation au voyage pensai-je! Maintes fois, cette « abordée » de babouche me fut signe d’un déplacement. Prélude avéré vrai et authentique. J’acceptai le présage de bon augure.

     

              Je pris mon dîner. Je lus mon courriel. Je devisai, « clavaudant » au chat, avec une mienne amie connectée. Nous nous échangeâmes une discussion fort aimable. Je fus de bonne humeur. Ma ci-devant, excellait verbalement et ne mit pas son intelligence en jachère. L’âme imbibé, nous nous quittâmes doucereusement, contents l’un et l’autre, pour  tomber dans les bras de morphée.

     

             Le lendemain, je quittai tôt mon appartement. D’habitude je ne parlais point avant de prendre mon petit-déjeuner. Mais ce matin en allant vers le café mitoyen, je sifflotai un air inconnu. Un fait rare. Quantes  passants, qui à force de nous nous rencontrer matitunalement, me regardèrent abasourdis et stupéfaits. Mais gentiment ils me lançaient,  comme de coutume, le salut. Je répondais poliment au salut.

     

             Comme d’habitude, j’acquis mon journal de chez le kiosque. Je demandai au serveur ma crème tirée et ma tranche de gâteau jalousie :

     On déjeune en lisant son journal. Tout le jour

    On mêle à sa pensée espoir, travail et amour.

                                                       (V. Hugo)

     

               Rassasié, j'hélai un taxi pour aller au travail. Ces deniers jours j’évitai d’user ma voiture. Arrivé, je devais passer devant le secrétariat pour rejoindre mon bureau. Ma demoiselle Batoule, la secrétaire du chef, toujours matinale, m’appela:

    -          Bonjour Abdou, me dit-elle. Es-tu vacciné contre le paludisme, la fièvre jaune et la maladie du sommeil ?

    -          Oui, affirmai-je, l’abord méfiant. Je suis vacciné contre les maladies du tropique, pour dix ans. Pourquoi, encore un périple ? (En mon for intérieur, souriant, je pensai à mes babouches. Mais aussi j’eus une pensée pour ma nouvelle et future conquête).

    -          Le patron t’a désigné avec Gharib  pour couvrir le 11ème forum sur les prévisions climatiques saisonnières en Afrique de l’Ouest au Niger, me dit-elle avec un sourire léger. Vous partez demain matin. Vos billets d’avion et liquidités de Frais de déplacement et séjour seront là dans une heure.

    -          Ah le forum du PRESAO, c’est intéressant. Soit ! Je vais de ce pas  relire la morasse d’un de nos localiers.

     

               Jadis je fus un articlier, naguère  rewriter, me voilà reporter à Niamey. J’irais  vaille que vaille !

     

                L’après-midi attardé, je ne pus aller voir ma désirée. Et je me dis, diffère Abdou, diffère à ton retour ! La nuit je préparai ma valise. Mes habits de rechange. Ma trousse de toilette. Mes babouches tant chéries. Des stipules du tilleul et du thym pour des infusions. Maintes fois, le changement climatique atteignit mon métabolisme et me provoquai des somatiques (Je ne suis pas froussard). Mon livre de chevet « La paresseuse ». Mon MP3 et une clé USB. Par précaution, je pris des  photos d'identité pour  le badge ou l’accréditation au forum. Et enfin un maillot de bain pour la piscine, pour joindre l’utile à l’agréable.

     

                                                                  A suivre..

  • SONGE

                      (En hommage à une mienne amie. Mes soins empressés pour cette grande dame)

     

                 Le matin, je lu mon journal comme d’habitude. Après les grands titres de la une, je consultai mon horoscope. Ce jour, sur le plan professionnel attendez vous à des imprévus, à des changements de programmes. Soyez prudent et ne faites confiance à personne. Sur le plan sentimental, période euphorique en ce moment. Vous aurez une surprise.

     

                 Bien qu’optimiste, attendre c’est espérer la venue de quelqu’un. Ou bien la survenance de quelque chose. Cette étude prédictive des diseurs de bonnes aventures  m’ébranla peu ou prou.

     

                  Je terminai mon petit-déjeuner et ma lecture, et me décidai à quitter la pâtisserie. En sortant, je vis une femme attablée que je n’eus aperçue lors de ma consultation du quotidien. Une belle et charmante dame que je n’ai plus revu depuis belles lurettes.

     

                  - Ah te voilà, Bienheureuse dis-je! Ne me dis pas que je te cherchai si je ne t’ai pas trouvée.

     

                  - Le monde est petit, répondit-elle souriante.

     

                  -  Oui ! Une singulière et merveilleuse rencontre.

     

                  - Que deviens-tu depuis cher ami ? M’apostropha-t-elle.

     

                  - Tant bien que mal. Des hauts et des bas, c'est la vie. Mais je ne boude point.

     

                  

                  A priori, j’allai lui étaler, ses trente ans d’absence. Une absence où je ne fus jamais seul, bien que cette dernière fut toujours présente avec moi, à mes cotés. Elle me chantai « Parlez moi de lui ». Les souvenirs lointains des moments doucereux m’enflammèrent. Le zéphyr amoureux attisa ma flamme et excita ma passion.

     

                    Mais la sonnette d’alarme de  mon grincheux portable, me tira irascible, de ce beau rêve. J’aurai aimé me rendormir pour terminer mon songe et faire appel à mon subconscient. Pénétrer dans le reste. Mais le devoir m’appelle. Lèves-toi et marches me disè-je !

  • Mécontemporain! suite 2

        Toute la nuit, je mûris mes plans pour l’approcher.Je ne fermai l'oeil de la nuit. Je tramai plusieurs scénarios et conjecturai moult canevas de plans pour gagner son amitié, mais non pour courir le cotillon. Adolescent je sus qu’affronter une veuve, c’est la guillotine, la louisette. Et épouser une veuve, c’est être pendu comme si la corde du gibet était veuve de tous les pendus. J’eus aussi la phobie des veuves noires. Cette araignée cannibale et sélective qui arrive à avoir le beurre et l’argent du beurre dans la relation amoureuse. J’eus une araignée dans le plafond, dans la coloquinte. Dieu merci, ma cible est blanche.  

        L’après-midi, je me  dirigeai, fredonnant un air en a-mi-la, au café Pachalik. La cafétéria sise devant l’agence où elle travaille. Emporté par mon imagination, je rêvai à un entretien tendre avec ma prochaine dulcinée. Des oaristys devisés, des paroles tendres, sereines et calmes.  Des entretiens galants, pour la faire revivre, loin de la cruauté de la perte de son conjoint. Je redoutai avec angoisse sa réaction, qu’elle refusât  toute proposition de faire ma connaissance. Le port du deuil m' handicapa. Pour lui partager ma compassion, je mis ce jour une cravate noire. j'eus aimé lui offrir,en ce mois de juillet, un bouquet de fleurs, la veuve dite aussi la scarbieuse .Jolie fleur d'un rouge foncé, veloutée et d'un parfum agréable Je ne pourrai être un démodé douilleur. Mais j’eus espoir en pensant au film que j’avais vu, il y a quelques mois. Un film Isabelle Mergault « Enfin veuve ». L’histoire d’Anne-Marie qui vient de perdre son mari dans un accident de voiture. Elle est enfin libre d'aimer celui qu'elle voit en cachette depuis deux ans. Mais elle n'a pas prévu que sa famille, pétrie de bons sentiments, a décidé de rester à ses côtés pour la soutenir dans son chagrin. Anne-Marie se retrouve alors encore plus prisonnière que lorsqu'elle était mariée. Est-elle libre ? Est-elle prisonnière ? Serai-je son sauveur pour dissiper son chagrin profond ? Mais je me dois être respectueux eut, son égard. C’est un devoir que d’être sincère avec son prochain. « La sincérité est une ouverture du cœur. On la trouve en fort peu de gens et celle que l’on voit d’ordinaire n’est qu’une fine dissimulation pour attirer la confiance des autres. la Rochefoucauld  »

       Arrivé au Pachalik, après une reconnaissance des lieux, j’optai pour une place de choix  à l'affût de sa sortie. Je pris une table en position statique. Je demandai au serveur comme à l’accoutumer, une tasse de café Lavazza et un oulmès.Le cendrier est déja en place.Aucune trace de la Peugeot 307 noire. La ruelle fut encombrée, des passants pressés, vaquèrent à leurs affaires. Des voitures circulèrent, les chauffeurs usèrent parfois le klaxon causèrent un grand tintamarre. Agressèrent l'ouïe. Force est de constater que le parc auto marocain a beaucoup évolué. Mais l’esprit des automobilistes lui, ne progressa point et manqua de civilité,ce lent apprenti de la civilisation. Dans la gélatine de l’embouteillage, un marchand ambulant exposa ses articles de vente, sur un triporteur ;à deux mètres, juste devant la terrasse du café. 

       Le temps languit .De temps à autres, je consultai ma montre bracelet. Cette attente impérieuse épuisa mon enchantement. Mais je gardais espoir même en l'absence de sa 307. Il est seize heures, la voilà sortante. L’allure saccadée, elle traversa la ruelle en direction du café. Le battement rythmé de ses jambes fit palpiter mon cœur entr’ouvert. Je demeurai calme. Erreur, un penser  amoureux! Elle s’arrêta devant l’ambulant marchand.

     

       Apres avoir prospecté l’étalage, elle mit son sac à l’épaule. Elle prit des deux mains une soupière de dînette de poupée,. Elle parla. Elle marchanda le prix avec le vendeur pour bénéficier d’un rabais sans doute. Il hocha son nez, secouant son menton à droite et à gauche pour la désapprouver. Ils  semblèrent n’être d’accord. Je dus me lever  pour intervenir, par curiosité et pour marquer ma présence dans l’espoir d’attirer son attention. Je feignis acheter des couteaux -à- beurre.

     

    -          Madame, dis le commerçant, Je ne peux céder cette unique pièce sans ses légumiers. J’eus la peine à vendre aussi des raviers, de la fameuse faïencerie de Sarreguemines.

    -          Je vous comprends, dit-elle, la voix douce et les mots chuchotés. D’aucun viendra acquérir ces six bols, croyez moi, monsieur!

    -          Je suis preneur. Dis-je intervenant dans la discussion. J’ai une soupière tête de lion de Limoge, mais les bols se sont amochés. Ceux-là sont assortis avec la soupière et les  saucières.(je romancai).

    La dame eut un léger sourire spontané. Des dents blanches, telles des perles ,bien alignées. Une dentition féminine. Je la regardai. Je la regardai et l’admirai. Je répondis avec un large sourire et je voulus pleurer de joie.

    -          Voilà donc un acquéreur monsieur, dit-elle pleine de satisfaction. Merci Monsieur, m’adressa-t-elle. La providence vous envoie.

    -          De rien Madame, dis-je plantant mon regard sur ses yeux noisette. Je ne vous le fais pas dire, la providence et le hasard. Soliloque je me disais «  L'amour est un jeu du hasard. Qui s'y frotte s'y pique. Il n'est pas bon que l'homme soit seul(Murger) ».

    Elle tira son portefeuille crocodile de son sac colombo. Elle paya et nous dit gentiment au revoir . Elle quitta l’endroit l’allure souple et ferme.A pieds. A mon tour je réglai les légumiers et reprit ma place au café me remémorant une lecture:Je sens monter vers moi le deuil d'une vallée où j'eusse été le roi (Jammes). Au fond de moi-même je pensai, ce n’est que partie remise. Mon âme est veuve.Je suis têtu. Monsieur de La fontaine l'a dit"Entre la veuve d'une année et la veuve d'une journée la différence est grande. L'une fait fuir les gens, et l'autre a mille attraits". Rebelote!

                   Salé, le 05 Juillet 2008 à 01h30 de relevée 

                                                     A suivre