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Courti Abdou senior - Page 2

  • Et compagnie (9 ème Episode)

          Au moment où, elle termina ces paroles, son portable sonna. Elle le prit et lit l’appelant en faisant une grimace. Elle changea de teint. Je sus qu’elle avait une colère facile et flamboyante. En gesticulant, les deux fins bracelets d’or de son bras droit s’entrechoquèrent et résonnèrent. Elle prit son verre à pied d’eau et bu à petites lampées.

     -  Que veux-tu encore ?  Gronda-t-elle. C’est fini entre nous et ne m’appelle plus. Je ne veux plus te voir. Je veux plus te souffrir. Adieu !

        Elle décrocha le portable, l’éteignant et le jetant dans son sac en déclamant une tirade de mécontentement.

    -  Excuse-moi Abdou, pour cet emportement. Aviné et saoul, il s’excusait de la scène de tout à l’heure. Les dépenses excessives des bacchanales vont l’abîmer. Il est devenu ivrogne, s’il m’était permis, je lui accorderai une couronne de pampre.

    -  Ce n’est grave, dis-je. Ce n’est point la peine d’alambiquer ton esprit inutilement pour un homme qui délaisse sa moitié pour un demi. L’abus du vin le conduira à la bière !

        En mon for intérieur, je fus ravi qu’elle le fasse. Elle m'a touché par l'abandon qu'elle mit dans ses confidences. Elle est belle et charmante et encore intacte. Elle a une bonne situation. C’est la femme tant désirée.

         Le serveur nous rejoignit pour le choix du dessert. Je demandai mocho chocolat qu’elle aimait et le gingembre confis pour moi.

    -  Où étions nous ? dit-elle, en me tirant de ma léthargie.

    -  Là, où tu ne parlais que bilingue.

    - Non, avant je parlai de la Sadaqa (repas de charité). Après cela mon père et ses acolytes du village, établirent leur document de voyage et regagnèrent la France. Parmi ses compagnons, il y a celui qui fit copier-coller.

    -   Ah monsieur fac-similé! 

    -  Bref mon père revint en congé, l’année suivante. En renouvelant son contrat de travail, il demanda le regroupement de famille comme le firent ses camarades. Ainsi, mon frère, ma sœur et moi, nous partîmes avec ma mère rejoindre mon père. Je fis ma scolarité primaire, secondaire à Lille. Après le baccalauréat, je pus m’inscrire à l’IUT dans la même ville. J’eus le diplôme universitaire de technologie (DUT), spécialité Gestion de la Communication Publique. Je ne me sentais pas bien, dans ce coin. Le froid rigoureux et la discrimination me rendirent malade. Les puits de charbon fermèrent les uns après les autres en 1985. Le plan social de fermeture des mines, des préretraites et reconversions furent offertes aux mineurs. Et ceux qui souhaitent repartir au Maroc peuvent bénéficier d’une aide au retour. Mon père en bonne santé saisit cette opportunité. Nous regagnâmes le pays. Il faut dire que de nombreux Marocains revinrent au pays sourds et silicosés.

     

        Elle s’arrêta de parler, en voyant le serveur poser le dessert sur la table. Une pause pour qu’elle reprenne le souffle. Un moment d’arrêt dans cette soirée imprégnée de sa douceur. Elle goûta le mocho chocolat. Elle le délecta avec plaisir. Elle se pourlécha les lèvres et passait sa langue sur les lèvres fines maquillées. C’est exquis, susurra-t-elle.Un sourire d’aise s’afficha sur ses babines. Je souris de connivence. Pendant ce silence, je fus suspendu à ses lèvres. Sans la quitter des yeux,  j’entamai mon dessert sans desserrer les dents.    

     

    -  De retour au douar devenu une ville prospère, grâce aux investissements des émigrés, reprit-elle, mon père m’aida à installer un fond de commerce. Un jour, le fac-similé vint demander ma main pour son fils cadet, Sdi mimoune, ainsi le chérissait-il. Comme il était le grand ami de mon père, j’acceptai ce mariage qui ne dura que deux ans.

     

    - Quelle étrangeté du destin ! Deux années de lune de fiel. Rahima. Le système de sélection mis en place par Mora fut bien rodé pour recruter les mineurs marocains. Si j’étais ce monsieur, je devais choisir une belle femme, charmante et sociable. Qui a une dentition blanche éclatante et bien alignée. Qui a un long cou, une abondante chevelure noire. Une séduisante aux yeux châtains et la poitrine mahousse. Une ravissante à la belle stature. Le Mora ci-devant veut rompre le contrat de deux mois qui le liait avec toi. Je le rejette et le refuse.

     

         Elle rougit. Elle fut la proie d’une frayeur qui émut son esprit. Elle fut saisie d’une crainte qui corrompit le plaisir de cette soirée. Un lourd silence stagna.

    -   Où veux-tu en venir  Abdou? dit-elle la voix mouillée.

     

       Elle n’a pas saisi la portée de mes dires. Ces mots troublèrent ses sens. Cependant, Rahima troubla mon cœur.

     

    - Si Mora recruta des travailleurs, je propose à Rahima que nous travaillons ensemble la main dans la main pour construire ensemble notre avenir et fonder un nid douillet. Je t’offre mon nom si tu le consens.

    - Tu m’as fais peur Wallah, cria-t-elle, en lâchant un ouf de soulagement. Avec plaisir, Je veux être ta complice. Moi aussi, avec toi, j’ai cette chance de trouver la pie au nid continua-t-elle. Elle rapprocha son visage, esquissa un petit sourire en croisant mon regard et me récita trois vers de Raymond Sebond, dit-elle :

    C’est ainsi que dans leur file brune.

    Les fourmis se touchent l’une l’autre du museau.

    Peut-être pour savoir leur voie et leur fortune.

     

    A suivre. /….

  • Et compagnie (8 ème Episode)

             Elle s’arrêtait de temps à autres, pour manger ou boire de l’eau que je lui servais par galanterie. Durant son récit, elle redéposait ses baguettes sur la table. Elle plantait parfois ses yeux dans les miens pour voir, si je suis attentionné à son récit. J’eus par moment les yeux de Chimène. Je ne pus m’empêcher de la regarder et l’admirer durant sa narration.

             - J’ai oublié de te dire, indique-t-elle, qu’auparavant et durant la seconde guerre mondiale la France cherchait  des guerriers aguerris. Elle opta pour la région de Zemmour et Zayane pour enrôler et embrigader les soldats, les goumiers, afin de libérer son territoire de la domination allemande et aussi pour guerroyer en Indochine.

             Vers les années soixante, et à l’aube de notre indépendance, marmonna-t-elle, l’Hexagone cherchait une main d’œuvre bon marché. Elle  eut l’idée d’envoyer un militaire, Mora,  dans la région du Souss, pour recruter des jeunes, forts et en bonne santé afin de travailler dans les mines. Durant le protectorat, le Résident général savait l’indocilité, le courage et la sérénité des Soussis.

            Ainsi, le sergent Mora devait recruter des hommes ne sachant ni lire, ni écrire. Ceux qui parlent le français furent automatiquement bannis. Ils ne devaient porter aucune étiquette extérieure de la modernité, même l’habit d’un slip. Il examinait les dents, les oreilles, les yeux, les muscles et la colonne vertébrale.

           Je remarquai qu’elle était excitée et d’humeur coléreuse en exposant l’histoire de son père. J’acquiesçai d’un sourire pour la soutenir dans son récit.   

             Les responsables locaux facilitaient sa mission, rajoutât-elle. Ils avaient chargé des crieurs publics pour lancer l’appel au recrutement. Mon père eut vent de cet enrôlement, par le biais des jeunes du douar.  Sans dire mot à ses parents et après mûres réflexions, il décide à tenter sa chance. Vu sa carrure, Il ne trouva aucune difficulté pour être embauché. La commission chargée du tri, tamponnait avec un cachet de couleur verte le thorax des recrues qui doit urgemment gagner le jour qui suit, Ain Borja à Casablanca pour une visite médicale approfondi. Le cachet s’effaçait après quarante huit heures. Par contre le rouge était destiné aux recalés. Certains s’arrachaient la peau en essayant de l’effacer pour retenter leur chance. Essoufflé, en sueur, un ami de mon père, craignant d’être refusé, lui demanda; de poser le cachet vert sur sa poitrine. Cette triche lui permit à passer le contrôle médical.

    -   De l’esclavage pur et simple, dis-je, l’interrompant pour lui donnait un temps de répit ! Tu sais Rahima, je me demande sur le sort du bélier. Qu’advient-il après cela ?

    -      Ah le mouton! dit-elle avec un large sourire. A son retour de Casa, avec avis favorable, mon grand-père, heureux de cette aubaine, organisa une réception de charité en son honneur. Des fkihs qui psalmodièrent le Coran, ainsi des villageois riches et démunis y assistèrent. Le bélier fut sacrifié et le couscous fut servi à cette occasion aux invités. Pour l’histoire, mon père n’a pas voulu assister à la scène où mon grand-père immola l’ovidé. Il ne cessait de clamer, si moi je vais au paradis français, ce mouton ira lui, au vrai paradis de l’au delà.  Après le départ, des fkihs, tard dans la nuit, une troupe de femmes chantèrent des chants, Izlan  glorifiant les vainqueurs et médisant les recalés.

    - Dis-moi Rahima, j’ai remarqué que depuis notre rencontre, Tu ne parles point l’arabe.

    - Oui, c’est vrai ! A l’âge de trois ans, j’ai regagné la Lorraine. Je ne parlai que Soussi, ma langue maternelle. J’ai appris le français là-bas. De retour au Maroc, bilingue, je ne connaissais seulement que quelques bribes de l’arabe.  

    A suivre./...

     

  • Et compagnie (7 ème Episode)

     

    -         Que choisissez vous madame ? dit le serveur, en tenant un pense bête à la main.

    -         Mon homme va me choisir le menu, lui dit-elle timidement.

    -    Nous voudrions du sukiyai, dis-je. Je pense que c’est un plat qui se mange à deux. Apportez nous aussi un okonomiyaki, cette crêpe contenant des ingrédients,  nouille,  choux et lard et enfin une bouteille d’eau minérale.

    -    Soit ! C’est noté, répondit-il avec un léger sourire en allant à la cuisine pour lancer la commande. Il sut que je suis un habitué de la gastronomie japonaise de par ma commande.

    -    Abdou, ce plat nous suffira largement. Pourquoi la crêpe et ce gâchis ?

    -    Bonne question, dis-je avec un sourire épanoui. Pourquoi j’ai opté pour ce matefaim, sache qu’okonomi veut dire ‘’ce que vous aimez’’, et yaki c’est cuit. Yaki ? (En dialecte marocain : Tu comprends ?). Il n’y a point de gâchis,  tu es mon invitée ce soir.

    -         Tu me surprends de nouveau Abdou. 

    -         Comment de nouveau ? dis-je l’apostrophant.

    -    Tout à l’heure à la maison, tu m’as parlé des fleurs d’oranger et de la virginité. Sincèrement, c’est une chose que j’ignorais. Mais que font nos concitoyennes pour signifier cela ?

    -         Euh ! dis-je hésitant.

         Elle parlait doucement, de temps à autre, les yeux révulsés retournés vers le haut. Un beau regard blanc. Je bégayai dans mes idées, ne sachant quoi dire. Pour fuir son regard ; j’eus le reflexe de scruter la salle. Il y avait un fanion sur le buffet. C’eût été dru de répondre, mais j’eus l’idée et l’issue échappatoire.

    -    Eh ben nos compatriotes, hissent le drapeau Nippon ! Dis-je la voix amusée.

    -         Méchant ! Me dit-elle le visage radieux.

    -    Rahima, je ne place pas la feuille de vigne dans mes propos comme font les hypocrites. J’use le franc-parler sans détours.

    -    Je le sais. Je te taquine pour te provoquer. Ne me laisse pas te dire, que j’apprécie fortement ton intelligence. J’abhorre les gars naïfs.  

          Le serveur apporta notre commande. Il déposa huit petites assiettes et un plat garni de la crêpe. Je lui dis merci pour le service en ajoutant.

    -         Monsieur, apportez nous deux baguettes pour manger le riz.

    -         Ah ! dit-il en s’exécutant. j’ai oublié les baguettes, murmura-t-il.

    -         Waili ! me dit-elle. Tu manges le riz avec le pain ?        

          Au moment où j’allais répondre à son interrogation, le serveur amena les baguettes de bois que l’on utilise pour manger le riz. Rubiconde de timidité, elle ne dit mot. Je voyais qu’elle riait sous cape. Je servis madame, la première et lui souhaitais un bon appétit. Elle trouva une difficulté à manier les baguettes. Je l’initiais en lui demandant de tenir ferme les deux baguettes comme un crayon. Je lui fis une leçon sur l’origine de la baguette. Son usage améliore la mémoire et que dans le temps, les baguettes en argent devenaient noires au contact avec la nourriture empoisonnée. 

    -         Peux-je faire une réflexion ? lança –t-elle.

    -         Bien sûr que oui. Tu as toute la latitude pour le faire.

    -    En entendant deux baguettes, crédule que je suis, j’ai pensé aux parisiennes.

    -   C’est vraiment drôle. Les autochtones disent le pain ou koumire. Toi tu l’appelles parisienne.

    -         Abdou, le moment est venu de te parler un peu de moi.

    -         Je suis toute ouie, Rahima. Racontes-y.

    -    J’ai quitté le Maroc à l’âge de trois ans, pour aller vivre avec mes parents en France.

    -         Comment cela ? Tu sais, je savais que j’étais devant une femme émancipée. 

    -    Bref, je vais te raconter cette aventure depuis le début, ajouta-t-elle. Mes aïeuls vivaient dans un village, non loin de Tafraout. Feu mon père était pâtre. Il gardait le petit troupeau de ses parents. Un jour une brebis mit bas un agnelet invalide. Ayant pitié de lui, mon père le portait chaque jour sur ses épaules pour brouter à côté de sa mère.  De jour en jour, l’agnelet devint agneau puis bélier. Mon père qui était chétif, à force de l’épauler, fortifiait son corps et devenait costaud.

            A cette époque, poursuit-elle, le protectorat français qui n’a trouvé aucune difficulté à s’installer dans le nord du Maroc, ne put le faire dans le sud. La région du Souss, lui était difficile vu la densité des montagnes rocheuses et surtout, la rébellion des jeunes Soussis qui étaient contre cette colonisation. Non seulement, ils refusaient la soumission mais ils étaient aussi contre l’évangélisation des berbères. Le Souss est le fief de l’Islam. Aucun renégat, n’a été décelé au sein des aborigènes depuis qu’ils ont embrassé cette religion.      

    A suivre./...

     

     

  • Et compagnie (6 ème Episode)

     

            

    -      Allons-y ! Répliquai-je vivement, en me levant.

          Au volant, je remarquai que je conduisais comme un blanc-bec. Sa présence à mes côtés m’influençait. J’allumai la radio, pour rompre le silence. Drôle de coïncidence, c’était une émission consacrée à l’insécurité routière.  Je cherchais une autre station musicale. Une chanson romantique était programmée, « I will always love you  » (Je t'aimerai toujours) de Whitney Houston. Rahima, fredonna sans anicroche les paroles de la chanson. Enfin, elle parla. Il était presque 19h 30, l’heure de l’appel du muezzin pour la prière Al maghreb, le coucher du soleil et au moment où l’astre à mes côtés se réveillait en gazouillant. Un coucher acronyque, pensai- je.

          Remis en confiance, je pus tenir impeccablement la direction, en   l’emmenant sûrement à bon port. Arrivés devant le restaurant, je garai la ‘’ fiesta’’ au parking et gagnâmes l’entrée.   

          Je l’ai précédée pour lui ouvrir l’accès. Le son du carillon accroché en   haut de la porte, annonça notre arrivée. Je sus que le bruit de cette clochette l’enthousiasma. Ebahie, elle écarquilla ses yeux. 

      -  Madame, dis-je. Les sons harmonieux et amicaux d’un     gong ou d’un carillon sont des appels à la joie et à la félicité. Je pus de nouveau lui voler un sourire. 

          Le maître d’hôtel vint à notre rencontre, nous souhaitant la bienvenue.

      -  Welcom, please folow me. 

          Continuellement, la même chaleur de l’accueil. Nous le suivîmes. A l’entrée d’une grande salle, un employé était en faction. D’un clin d’œil bien appuyé, il scruta nos chaussures, et nous pria de les quitter en nous remettant des tongs en bois. En entrant dans la grande salle tapissée, je fis le salut o-jigi au tatami. Rahima, se mit à rire en me voyant l’exécuter. Je ne pus lui dire ma réflexion. Ce dîner sera notre premier beau duel. Une lampe « tokio » éclairait lumineusement un beau paravent à quatre pans, représentant la promenade de Geisha. Des lampes boules en papier multicolore suspendu, guirlandaient le plafond.  Un vase de fleurs bouvardia, ornait des tables basses en pin. Une musique traditionnelle japonaise égayait la salle. Le préposé nous pria de choisir une table. 

       Nous choisîmes une place discrète près du paravent. Un serveur vint nous apporter le menu et des serviettes chaudes pour essuyer les mains. Nous voilà en un laps de temps dans le pays du soleil levant. La carte du menu consistait :   

    -    Okonomiyaki : Un genre de crêpe salée contenant une variété d’ingrédients    (nouille, choux, lard.) 

    -    Okonomi signifie littéralement ce que vous aimez, et yaki grillé. 

    -    Sushi : Tranche de poisson cru mis sur une boulette de riz vinaigré.

    -    Sukiyaki : 1 émincé de bœuf, il a meilleur goût si les tranches de viande sont très minces. Une poignée de nouilles shirataki cuites ou des nouilles simples cuites. 8 champignons shiitake ou champignons de Paris.1 botte de champignons enoki. 0ignon moyen. 1 / 2 chou chinois et 1 yaki-dofu (lait de soja).

                       A suivre ....         

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Et compagnie (5 ème Episode)

        

     

    -    Bien le bonjour monsieur, dis-je aimablement, pour dessiller son regard.

        Rahima demanda la permission de disposer, pour aller préparer le thé, regagna      la cuisine ; nous laissant seuls en tête à tête.

    -   Rahima m’a parlé de toi et n’a cessé de louer et de relater ton généreux     concours, me lança-t-il.

    -  De grâce Si Mimoune, c’est avec grand plaisir, rétorquai-je sèchement.

          Je pensais à son mot « louer ». Mais c’est moi qui dois « louer »  mes services pour sauvegarder ce ménage, ou faut-il louer l’accueil qu’il me fit. Me prend-il pour un butor ? Si j’acceptai ce jeu, ce n’est pas que je fusse un cagot, un arriviste ou un profiteur. Un silence succéda au silence. Je ne pus aborder la relance de la discussion. Bavarder à la manière d’une caillette, ne m’a jamais tenté. Je me dis souvent que le silence vaut de l’or et je laissai à mon commensal le droit de prendre la parole, puisque lui et moi sommes des invités.  

           Il faisait chaud dans le salon. Le climatiseur sans doute, ne pouvait assainir  une fraicheur ambiante. Je le vis tantôt prendre un kleenex pour essuyer la sueur de son front, tantôt tourmenter ses chaussettes et tantôt se gratter la tête. Je devinais son embarras. Rahima revint souriante apportant un superbe plateau en argent et la théière  en inox flamboyante.

    -  Mais pourquoi ce long silence, balbutia-t-elle. En principe, le salon est fait pour converser et deviser continua-t-elle.

     -  Nous attendions le rituel et cérémonial  verre de thé, pour parler, dit Mimoune. Hier je n’ai fermé l’œil de la nuit. Une lombalgie douloureuse me fit souffrir.

    -  Un tour de rein sans doute, dis-je. C’est facile de remédier ce mal. Tu prends une gousse d’ail. Tu l’incises. L’entaille doit être en longueur. Tu l’imbibes d’huile d’olive pour en faire un suppositoire, avant de te coucher.

    -  Non Mimoune ! répliqua Rahima, l’air sournois. C’est l’abus du vin qui menace l’affection rénale. Tu es devenu soiffard ces derniers temps !

    -  Arrêtes veux-tu !hurla-t-il. Tu m’agaces avec  tes moqueries continuelles.  C’est toi qui m’as mis dans tous ces états. Il ne faut pas pousser mémé dans les orties. Tu ne cesses de me chanter goguettes.  

          Fort irascible, coléreux, de go il quitta le salon sans saluer. La colère le fit rougir. Au sortir, il  claqua fort la porte derrière lui. Rahima et moi restés seuls, nous nous regardâmes surpris. Rassurée de son départ en jetant la vue à travers la fenêtre sur la ruelle. Sereine, elle me dit :

    -  Abdou ne t’inquiète pas. Qu’il aille au diable.

    -  Je me demande pourquoi Mimoune, prend-il la tangente. Tu n’as rien dit de mal. Pourquoi ces balivernes ?

    -  Abdou, l’heure est venue de te dire toute la vérité. J’ai menti en te racontant une version inexacte. Je ne veux nullement m’enfoncer dans le mensonge.

    -  Je suis toute ouïe, dis-je primesautier. 

    -  La sexualité joue un rôle important dans la vie d’un couple. Et être mariée à un homme impuissant est un grand problème.

    -    Oui, l’impuissance sexuelle et disfonctionnement érectile touchent bons nombres d’homme. Mais, je pense que le traitement existe. (J’appréhendai qu’elle parle de Mimoune)

    -   Abdou, cela fait deux ans que nous sommes mariés, et je suis vierge.

    -    Je pensais que tu es lionne, dis-je l’air naïf.

    -    Son pivot naturel est en panne, ajouta-t-elle avec un sourire. J’ai fait tant d’efforts pour qu’il puisse me dévirginer et me féminiser, mais walou(Rien) !

    -    Waili ! (Bah !) dis-je, étonné ! Ce n’est pas possible! Je ne comprends plus rien. Donc l’histoire de géhenne, de boutades, de jalouseté que tu m’as raconté le premier jour, n’était que des simulations. Je m’y perds dans tout cela. Tout ce que tu m’as avancé, n’est que galimatias !

     -    Non, répliqua-t-elle. Mais c’était un mensonge transparent. Je ne suis pas entrain de dorer la pilule pour te convaincre. J’ai souffert en silence. J’ai trente trois ans. Maintes fois, la nuit j’entendais le bruitage du grincement du lit des voisins de l’étage en haut, lors de la lutte des corps et du commerce conjugal. Un frémissement parcourait mon corps, et je me sentais toute agitée. J’étouffais. Je suffoquais. Je haïssais mon sort. Je me disais en mon for-intérieur « Farhathoum » (Ils sont comblés).

        Durant sa narration, j’eus une soudaine absence d’esprit en pensant à Clélie, l’histoire romaine. Clélie et Sulpicie, jeunes amants doivent célébrer leur noce lorsqu’un tremblement de terre les sépare. Mais ce  « tremblement de terre » entre Rahima et Mimoune est d’une autre envergure.

    -   Je devine ta désolation « Mademoiselle». Il faut que je t’offre des fleurs d’oranger, dis-je l’air enjoué.

    -    Pourquoi les fleurs d’oranger ? rétorqua-t-elle stupéfaite.

    -    Des fleurs blanches qu’une fille porte sur la tête le jour de son mariage, pour dire à tout le monde qu’elle est encore pucelle, dis-je affectueusement.

    -   Merci Abdou ! Sais-tu aussi, que parfois dans mon désarroi, je laissais la fenêtre ouverte en espérant qu’un rôdeur, vienne me violer. La stupidité du manque. Des fois dans la ruelle, je regarde avec soupirs et jalousie les chatons qui suivent nonchalamment leur maman. Tant de fois, je vivais et subissais ce qu’a écrit Karine glorieux : Mademoiselle de Tuillerie dissimule sa tristesse qui la gagne, elle s’efforce de sourire. Quand elle voit passer à sa portée un bel enfant avec des cheveux blonds, elle l’attire à elle, l’embrasse tendrement et pousse un profond soupir qui peut dire : j’aurais été une bonne mère » C’est atroce de vivre ainsi. J’aspire à procréer et avoir des bébés roses à la maison.

     -   Il n’est jamais trop tard Rahima, tu es encore jeune, dis-je pour la rassurer.

     -   Abdou le premier jour où je t’ai vu, j’ai remarqué tes larges épaules et la sveltesse de ton allure. En te regardant de près, je sus que tu es bien né et que tu as un grand nez. Ta virilité est apparente.

     -   Compliment touchant m’allant droit au cœur. Tu sais que notre Prophète Mohammed, que le salut soit sur lui a dit «un homme demande à un autre homme d’épouser sa femme puis ensuite de la répudier pour la récupérer. Ces deux hommes sont maudits » Je n’étais pas chaud pour jouer le jeu. Je ne suis pas riche. Je n’ai de biens.

    -   Je ne veux pas de richesses, ni de biens. Je veux seulement un géniteur, affirme- t- elle.

    -   C’est la seule et l’unique qualité que je possède. Veux-tu me prendre pour époux ? Dis-je sereinement. Tu procréeras Inchae Allah !

    -   Avec plaisir, dit-elle réjouie. Je veux bien gouter ton miel et que toi aussi, tu goutes mon miel.

    -   Rahima, j’ai une proposition à te faire, lui dis-je.

          Je notai qu’elle fut préoccupée, en entendant cela. Elle se demanda au fond d’elle-même ce que j’allais dire.

    -    Oui, réagit-elle, le regard soucieux.

    -   Nous passâmes les trois, une heure d’horloge pleine de convulsions et de crispations. Je propose que nous dînions dans un restaurant. Que penses-tu d’aller au Nippon sushi, le restaurant japonais ?

    -   Je ne vois pas d’inconvénient, soupira-t-elle d’aise. Une occasion  de nous présenter sincèrement l’un à l’autre.  A mesure que  nous nous connaitrons, de plus en plus nous assiérons  les bases de notre vie commune et de plus en plus nous éviterons les contrariétés.

    -   Charmé d’accepter mon invitation. L’ordre du  jour et les sujets à   débattre seront utiles.

    -  Ah Nippon sushi, dit-elle souriante. Je n’ai jamais goûté à la gastronomie japonaise. La coutume nippone de quitter ses chaussures pour enfiler des chaussons prêtés par le restaurant afin de  se mettre à table, est pour moi  chose extatique. Accordes moi, cinq minutes pour me changer et me préparer.

            Elle se rendit dans sa chambre à coucher. En cherchant dans sa garde-robe, elle chantonnait la chanson «  fog ghosnek ya limouna » (sur ta branche ô l’oranger !) de Farid El Atrache. Je me suis dit que maille à maille fait-on le haubergeon. J’approchai de mon but. Je voudrai être à la hauteur de ses espérances. Elle mérite une vie meilleure, et mon rôle est d’être à ses côtés en ces moments difficiles. Je voudrai qu’elle retrouve sa joie et son sourire. Mon humble expérience de la vie, lui sera d’une grande utilité. Tout de même, sa façon et sa manière de servir, restent pour moi une énigme.

            L’attente ne fut pas longue. Elle me rejoignit au salon. Elle portait une robe de soirée bustier. Un sublime habit de couleur noir à petites rayures blanches. La robe moulait sa belle silhouette. La belle peau des épaules nues, la chevelure longue en chignon de banane, reflétèrent sa magnificence. Je me dis, Abdou, lève hautement ta tête, tu es bien pris !

    -    Me voilà Abdou, me dit-elle, pleine de coquetterie.

     

     

     

  • Et compagnie (4 ème Episode)

     

     

    -    C’est moi qui dois élire celui qui m’accompagne durant cette étape !

    -   Je redoute néanmoins, sa jalousie.

    -   Jalouseté, tu parles ! Il devait au préalable veiller sur notre union. Je ne veux guère subir, après ses déboires, la mésaventure de Mélisande.

    -   Moi non plus, je ne veux point endurer le cas de Pelléas, dis-je plaisantant.

         Elle apprécia ma réponse de la littéraire hellénique. Ma réplique ravit son sourire. Elle sut que je suis un féru de la littérature Grecque. Elle me demanda la permission pour aller mettre le bouquet de fleurs dans l’eau, me susurrant qu’elle a oublié le sort des roses. J’appréciais ce geste, de ne pas les laisser flétrir dans le papier cellophane. Je me préparai à sortir. Je repris ma veste accrochée au porte manteau en fer forgé. Elle m’accompagna à la porte. Au seuil de la maison, pour prendre congé, je  lançai à la fée du logis :

    -   Bonne nuit, ma future dame, dis-je avec un serein sourire. Merci pour la belle soirée où je fus reçu avec tous les égards. Merci pour le succulent dîner, tu as un talent de la parfaite  cuisinière. Mes souhaits de beaux rêves. Donc à demain !

    -  Je risque de ne rencontrer le sommeil, répondit-elle souriante. J’attends ta réponse demain.

    -  Que sera sera ! Qui vivra verra, dis-je en chantant, l’air aviné.

        L’un et l’autre nous ne gardâmes nulle miette de notre tendresse, nous nous embrassâmes en tendant nos joues. Je dévalais l’escalier, du côté de la rampe, lentement, mais surement. Une heure après, je regagnai mon domicile. La nuit, au lit je songeai à cette heureuse et fascinante aubaine de mariage de deux mois.  Advienne que pourra, me dis-je, en fin de compte. J’irai demain lui dire, que j’accepte  « la transaction ».

        Le lendemain, je prenais une douche, m’habillais modestement, car la vraie élégance est celle qui ne se remarque pas. Je sortais prendre mon petit déjeuner comme de coutume au café Tramway. Rassasié, pour l’appeler je composais son numéro. Elle me répondit d’une voix blanche, je sus que je la tirai du sommeil. Je lui fis savoir que j’acquiesçai à sa requête. Nous nous fixâmes, le jeudi pour parler du cérémonial. La bonne humeur et la joie émanaient du timbre de sa voix.

        Le jour « J », j’annonçais ma visite pour la voir à la maison et non à la boutique. Je m’abstins d’acheter un nouveau présent à offrir. Le faire, c’est lui insinuer mon intérêt machiavélique. J’ai ma dignité et j’ai l’esprit candide.  Arrivé dix minutes d’avance, devant la porte, je sonnai, elle tarda d’ouvrir. Je dus attendre. Au fait c’est moi le blâmable. Je m’imaginais tel un rastaquouère, venu pressé, afin d’étaler ses avances. Honni soit mal qui y pense. Cinq minutes d’attente, elle m’ouvrit l’accès, le large sourire affiché.

    -  Bonjour. Désolé mon ami, dit-elle le ton flegmatique. J’ai horreur de recevoir les gens en tenue débraillée ou avec  des bigoudis sur la tête.

    - Ce n’est point grave. Je craignais l’encombrement au carrefour, mais Dieu merci, la circulation est normale, dis-je après le rituel salut. Je recourus à ce subterfuge pour cacher mon empressement!  

    - Entre mon ami. J’ai une surprise pour toi, mon ex est là ! C’est une occasion propice pour vous présenter l’un à l autre.

    - Je suis ravi madame, dis-je avec le plus charmant sourire. Au for de ma conscience, j’eus une pensée à Golaud qui avait occis Pelléas par jalousie. (Oh! Ne faites pas la terrible, Madame! Sur mon âme, je ne vous crains pas! Je sais vos allures. Je ne me laisserai pas empoisonner comme votre premier mari. Lucrèce Borgia).                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                              

        Je suivis ma dame au pas, la démarche rationnelle. Je parvins au salon où l’ex était assis. Il se leva me tendant la main. De la tête au pied, il m’enveloppa d’un regard rapide.

    -  Salut et bienvenu cher monsieur, maugréa-t-il entre ses dents.

        Des coups d’encensoir gratuits en ma faveur. Je devais être agile et aux aguets, c’est la première impression qui compte et qui perdure. Elle reste indélébile. Il sied mal que je réagisse méchamment.

     -  Bien le bonjour monsieur, dis-je aimablement, pour dessiller son regard.

     

     A suivre./...

     

  • Et compagnie (3 ème Episode)

     

    - Et que dois-je faire ? Dis- je perplexe. Acceptera –t- il que j’assume ce rôle ?

    - Non ; Je me propose des formalités du mariage. Je ne ferai qu’une fête de noce symbolique pour taire les hâbleurs et leurs tirades matamores. Le contrat de mariage sera de deux mois. Les frais des bagues et des adules seront à mon compte. Passée cette durée, nous nous séparons. Tu es si gentil et aimable. Notre rencontre de ce matin, est un pur hasard. Quand je t’ai vu m’approcher, je me suis dis, voilà l’homme qu’il me faut, pour sortir de cette impasse.

    - Rahima, repris-je. Ce sera léger et hâtif de répondre positivement maintenant. La nuit porte conseil, je te dirai ma réponse demain matin.  Entre nous, je ne vois pas de problème pour cette aventure. J’ai l’intention moi aussi de  fonder un foyer. Ma future acceptera-t-elle un homme divorcé.

    - Ce n’est guère une gêne, dit-elle avec sourire. Un mariage de soixante jours, n’est pas abject. Tu seras l’ami de la famille, elle peut venir nous voir pour lui expliquer ton assistance. Bien sur, je ne parlerai point de nos soixante nuits, ajouta-t-elle avec sourire. Ta future doit savoir, qu’un divorcé a plus d’expérience qu’un blanc-bec. Dans un pays africain, la femme trois fois divorcée est la plus prisée chez les hommes avertis. Elle est plus habile.

    - Donnes moi un temps de réflexion, veux-tu ! Je suis enviné maintenant, je ne peux avancer promesse dans cet état. Je disais cela en pensant aux séquences du film « À la recherche du mari de ma femme » et pour fuir la réponse. Mais c’est tentant de jouer le jeu songeais-je.

    - Soit ! Tu as raison avant de clore cette discussion, sache que je te donnerai un présent pour ta collaboration.

    - Ah non ! Pas de cadeau s’il te plait. Je renonce. Ma faveur, si j’opte pour le oui, c’est de mener ces soixante nuits en allégresse. Les bienveillances, les conflits et conclusions seront  ma donation.

      Ma réplique sereine et mon mysticisme ébranla ses sentiments. Elle afficha le sourire avec ses beaux yeux.

    - Merci Abdou, répondit-elle, rubiconde  en posant ses lèvres ardentes et rieuses sur mes joues.

      Ce fut une tardive étrenne pour moi, qui me suis rasé la barbe il y a trois heures. J’eus la chair de poule. Deux larmes de joie perlèrent de ses yeux.

    - J’attends avec impatience ta réponse. Fais moi confiance, tu ne regretteras pas cette aventure singulière.

    - Oui, dis-je, une aventure dont l’intrigue est riche de péripéties. Et que dira ton ex ?

    -  C’est moi qui dois élire celui qui m’accompagne durant cette étape !

    A suivre../....

  • Et compagnie (2ème Episode)

      Nous dînâmes copieusement. Je mangeais goulûment, non pour faire plaisir à mon hôtesse, mais pour lui insinuer que j’eus faim d’elle. Tout a été organisé et de temps à autres, je l’aidai à apporter les plats à  la cuisine. Parfois, quand je finissais d’avaler mon verre, je remplissais un autre en trinquant à son honneur. Elle choquait délicatement son verre de soda Seven-up  avec le mien, me disant « À nôtre santé !»       

      Après le dîner, nous passâmes au salon pour converser. Je ne pouvais laisser ma dive bouteille et mon verre à pied. De prime abord, elle me demanda ma raison sociale. Je répondis franchement et sans détour, que je suis un simple employé dans une société import-export. Elle me souffla, qu’elle fût ravie de cette rencontre matinale. Durant cet entretien, elle conversait sans tic apparent.  Elle me confia qu’elle était mariée à un homme d’affaires. Son  mariage gris l’a traumatisée. Elle narra avec tristesse son  divorce. Je notai sur son beau visage, une sérénité et l’envie de dégager toute son énergie négative. Je m’abstins à interrompre sa narration.

    - Comme d’habitude Mimoune, dit-elle, regagnait son domicile. En entrant à la maison le coucou de l’horloge mécanique sonnait 23h. Elle l’attendait dans le salon et sa petite horloge flétrie penser mal de ce retard. Elle avait le cœur sur les lèvres. Elle pensait que son mari s’est attardé pour libertinage. Il y a une semaine, Mimoune a tardé, elle pensait qu’il était avec une autre femme. Par contre sa belle mère clamait, je ne sais pas ce qui est arrivé à mon fils. Pourvu qu’il ne lui arrive ni mal ni accident.

    - Pourquoi ce retard, l’apostropha-t-elle. La table est servie, nous devons dîner pour aller dormir. Tu dépasses les bornes ces derniers jours par tes rentrées tardives !

    - Femme,  c’est plus fort que moi. Vous deviez manger si je ne suis pas là. Et ne me parle pas sur ce ton, veux-tu ! Arrêtes de me recevoir, chaque fois à la male heure.

    -Ah bon ! Je n’ai plus droit de commenter tes débordements. C’est toi qui s’occupes de tout. Le ménage, les courses ! Ce n’est plus une vie, c’est géhenne.  

    - Rahima, tu ne cesses de bouder ces derniers temps. Ne crois pas que c’est pour le plaisir que je reste dehors. C’est la période des déclarations d’impôts sur le bénéfice. Je dois revoir les évaluations avec l’agent comptable. Je ne veux m’attarder pour fournir le bilan, et payer des pénalités.  Cesses veux-tu de me harceler ! Sinon, il vaut mieux qu’on se sépare, dit-il tout haut devant sa mère ébahie par cette boutade.   

       Chaque jour, c’est les mêmes scènes et allocutions familiales. Elle finit par demander son divorce, pour raison de discorde. En pleine crise de colère, Il lui avait dit, tu es trois fois répudiée et au diable la moudawana ! La déchirure fut atroce, mais depuis quatre mois, elle reprit sa liberté son humeur et sa joie. La pension de divorce allouée par son ex lui assure une coulante vie. Elle a des amies fidèles. Elle voyage et fréquente des restaurants de choix. Mais elle ne sent point à l’aise. Ces derniers jours, il est venu me supplier pour le remariage, termina-t-elle. Il me fait pitié. J’ai posé des conditions pour reprendre mon foyer et vivre avec lui. Il regrette son geste et de mon coté, je dois baisser la barre des revendications.

      Eméché, J’écoutai avec attention son témoignage. Je songeai à son discours qu’elle relata avec nostalgie. J’achevai mon dernier verre. Mes méninges me soufflèrent qu’il y ait anguille sous roches. Elle est charmante, mais énigmatique. Selon la charia, une femme répudiée trois fois, doit se remarier avec un deuxième homme, pour le remariage. Il ne peut la reprendre que si elle contracte un autre mariage consommé ou qu’elle se retrouve veuve.

    - Abdou, me lança - t- elle, le ciel t’envoi en ce moment précis. Ne crois surtout pas que je vais te leurrer en te demandant le mariage. Tu sais que mon ex ne peut me remarier que si j’épouse un autre homme. C’est la punition de la charia pour que les hommes ne badinent pas avec ce lien sacré.

    A suivre ./...

  • Et compagnie!

       De bon matin, je me levai un jour dominical pour faire une promenade à pieds, sans un but précis. Je vêtais une tenue Adidas, pour ne point m’endimancher. J’étais seul. Ma mémoire aussi. Elle se promenait, d’une rose à une rose et d’une femme à une autre durant mon parcours dans le grand jardin public. J’entamais la randonnée en errance, et je vis devant moi une charmante jeune femme. Elle portait une tenue « Et compagnie ». Sa tenue allait de paire avec son allure. Gaie et joviale à première vue. Les cheveux dans l’air et le pas saccadé. Une belle femme  attirante. Le logo de sa tenue, me donna l’idée de l’approcher. Je l’accostais en murmurant :

    - Puis-je être à vos côtés, à moins de ne pas être un ami de bonne compagnie? Vous courrez lentement, je me propose d’être un garde corps.

      Elle se tourna vers moi, hésitante. Me scruta d’un regard prompt, pénétrant et fascinant.  Un regard doré comme ses yeux châtains. Des yeux coquets. Les miens l’accompagnaient  dans ses gestes.

    - Je préfère que vous soyez un garde cœur, répliqua-t-elle souriante.

      J’honorais avec plaisir son invitation. Je m’abstenais à forcer la course et je me mettais au niveau de sa chevauchée sans chapeau de roue. Chemin faisant nous nous présentâmes l’un à l’autre.  Elle se présenta comme gérante d’une boutique du prêt à porter.  En fin de la promenade, je l’invitais à boire un rafraîchissement dans un café non loin de nôtre lieu. Elle commanda un jus d’orange et moi un café et une bouteille d’Oulmes. Comme ce fut beau de la voir tirer sur la paille pour boire le jus ! Nous échangeâmes,  et relatâmes plusieurs sujets d’actualité. De temps à autres, je prenais  la parole pour narrer des blagues, parfois vertes. Elle n’a, à aucun moment, interrompit ma discussion. Durant cet entre acte, une abeille vint voler et tentait de se poser sur sa belle chevelure. Elle eut peur. J’intervins  pour chasser la butineuse, elle revenait à la rescousse. Irritée et dérangée, elle injuriait  la bête de tous les noms. Il a fallut que je tire une longue bouffée de ma cigarette, allumée, pour la souffler sur la travailleuse en rassurant ma compagne. Les apiculteurs utilisent la fumée pour chasser les essaims de la ruche.  La laborieuse s’en alla. Mais ma dame, inhala la fumée et toussota. En toussaillant, je notai sa remuante poitrine mahousse.

    - C’est normal, dis-je, les abeilles ne se posent que sur les roses. Ce dit  apaisa sa détresse. Elle afficha un léger sourire.

    -Merci, j’ai l’apiphobie, dit- elle tout miel. J’eus des crises d’asthme dûes à l’amatophobie. Nous habitions une maison située dans un carrefour. Des milliers de voitures dégageaient la fumée et la poussière. J’ai dépensé de l’argent pour me médicamenter. Par la suite, nous avons déménagé pour résider dans un calme quartier.

    - Heureusement, dis-je souriant. Mais sais-tu que la tortue est un moyen efficace pour annihiler l’asthme. Il suffit de la mettre dans la chambre où tu passes la nuit. Apres une semaine, le malaise se dissipe.

    - Waili ? (Est-ce vrai ?) Apostropha-t-elle.

    - Oui, c’est véridique. Sais-tu aussi que le bébé qui tète sa maman engrossée, risque une maladie. Et le remède, c’est bouillir la chair de la tortue et le lui donner dans un biberon.

    - Si ce n’était pas toi, j’allais dire que ce sont des raisonnements tortus. Donc la tortue est un don de la nature !

    - Sais-tu aussi que le guembri est fait de la carapace de la tortue.

    - Et j’apprends aujourd’hui, des choses avec toi, mon ami !

      Le courant passait entre nous merveilleusement, comme si l’on se connaissait depuis belle lurette. Je fus ravi. Je faisais la roue parfois, pour attirer son attention, en étalant mon tact et mon savoir faire. Elle fut ravie. Nous devisâmes durant une heure. Le repos du guerrier.  A chaque fois, elle regardait sa montre. Je me demandais si je la retenais. Je ne voulus point forcer sa main pour rester ensemble. J’eus tort de penser de la sorte, quand elle me proposa :

    - Vous êtes croquignolet et plaisant ! Si vous ne voyez guère d’inconvénient, je vous invite mon drôle à dîner chez moi, ce soir. J’habite seule, votre compagnie me fera plaisir. Je sais cuisiner ! Je vous invite à manger une terrine de poisson et comme nous sommes au mois de Mai, je prépare l’alose à la brebis et asperges.

    - Avec grand plaisir ma dame ! J’apporte avec moi, si vous le permettez une bouteille de coquillage, dis-je avec audace. Ce vin blanc va bien avec le poisson. 

      Un instant, je doutai que je suis devant une femme facile. Je me demandai, si j’étais un play-boy ou un conquérant.  Du coup je suis invité à dîner avec cette charmante  dame, une soirée dingue. C’est incroyable. Adviendra ce qu’adviendra, méditasse !

    - Soit ! C’est merveilleux. Je ne bois pas, mais j’aime l’homme enivré. Il est marrant quand il est gris !

       Elle me souffla son GSM et son adresse qui me mit la puce à l’oreille. La prononciation de son adresse est de bon augure. En commun accord nous fixâmes le rendez-vous à 21 heures. Je la quittée, après une petite bise sur les joues, content et heureux de ma rencontre.

      Le soir, je me préparais pour la rejoindre après avoir pris une douche. Fraichement rasé, je portais une tenue modeste. Une veste en daim et un jeans. Me fis parfumer de Py de Givenchy. Je pris une boîte de chocolat patience, un bouquet de fleurs et ma bouteille munie d’un ouvre bouteille à toute fin utile.

      Vers 21 heures de relevée j’entrai dans la rue quatre vingt et monter l’escalier de l’immeuble 60. Je sonnais à la porte 9, au deuxième étage. Une silhouette me parut à travers le rond œil-de-bœuf. La porte s’ouvrit doucement sans grincement pour ne pas attirer l’attention des voisins sans doute. C’est une autre femme qui m’accueillit. Belle et resplendissante, coiffée frisée blonde. Elle afficha un large sourire.

    - Soit le bienvenu Abdou. Ma demeure est à ton entière disposition. Fais comme chez toi.

    - Merci Rahima, dis-je, avec un serein sourire.

      Son étrange beauté me fascina. Le fait de me tutoyer, me rassura de son hospitalité. J’entamais l’entrée, en offrant le bouquet de  douze roses pourpres avec au milieu une rose blanche et le paquet de chocolat.  Je gardais le coquillage par respect.

    - Hum ! Tu as deviné mon faible pour les fleurs et le chocolat, dit-elle le sourire angélique!

    - J’étais toujours sûr de la joie du chocolat. Etant donné que tu fais du sport pour garder ta ligne, le chocolat aussi fait mincir. Et les roses, c’est l’abeille de ce matin qui m’insuffla l’idée.

    - Je partage ton avis, me dit –elle au moment où, je prenais place sur le grand divan du salon. J’ôtais ma veste et éteignit mon portable. Un salon choisit avec choix et  goût délicat. Tout est propre et ordonné. Des vases fleuris embellissaient la table et les coins. Une lumière tamisée et une musique classique à peine audible. Un joli rideau double ornait les fenêtres. Le parfum  de la maison se confondait avec celui de la femme. Un coin de rêve.  J’étais ébahi et épaté pour l’accueil.

    A suivre..../...

  • Au Cafétéria

     

    Nostalgie, sordide et maudite nostalgie.

     

    Penser à Dakar, tant bat de névralgie!

     

    Cogiter, méditer au snack cafétéria,

     

    Me fait rêver à la charmante Sonia!

     

    Des yeux bleus, une couleur d’azur,

    Une beauté et attrait sur mesure !

    Chaque matin, je trouvais un alibi.

    Pour siroter le café au « cagibi »

    Mamie Sonia, le plaisir est partagé.

    J'en suis heureux, joyeux et soulagé. 

    Content de cette amitié départagée.

    Nul effort ne sera donc aménagé,

    Pour la maintenir vive et engagée. 

     

  • Floraison

     

     Elle se surnomme Flores, l’énigme Ghita.

    Son allure m’excita. L’humeur, elle dépita.

    Ce nom est donné à une perle en Italie.

    Moi, ses faux fuyants ne sont point jolis.

    Aussi en Inde, c’est le nom d’une déesse.

    Pardieu, Non ! Ghita n’a de gentillesse.

    Ailleurs, au Pérou, c’est de l’argent.

    L’amitié avec elle, c’est décourageant.

    Au Pakistan, on le dit pour une chanson.

    Elle fuit entre les mains telle un poisson !

    Au Maroc  Ghita, c’est le don du ciel.

    Mon Dieu, est-ce une pluie artificielle ?

    Ghita, je ne suis point amateur floriste.

    Ces vers  sont cueillies par un fleuriste !

     (LE 20.10.2012 à 13h30)

     

  • Au Café du Tramway !في مقهى الترامواي

     

    في مقهى الترامواي

    غرقت كعادتي بين ضفتي الكتاب الذي حملته معي إلى المقهى، فكنت هذه المرة صحبة الأديب الكولومبي جبرائيل غارسيا ورائعته "الحب في زمن الكوليرا" وقد نصحني بها الأستاذ الميموني، أحد عشّاق الآداب. بين رشفة وأخرى من قهوتي المعصورة كنت أعود للغوص في ثنايا قصة حب عمره نصف قرن، ظل فيها الحبيب ينتظر حبيبته المتزوجة.

    لم يخرجني من خشوعي سوى صوت عزيز، صديق لي قديم يشتغل بقطاع الصحة. استقّر بجانبي وخضنا في الحديث بينما تكفّلت نجاة النّاذلة بإحضار عصير برتقال له. ما يروقني لدى عزيز هو تفانيه في خدمة المرضى وحرصه على مقارعة المرض أياّ كان.

    قال مخاطبا:

    -        لقد قرأت في إحدى الجرائد الجادّة أن شركة اسمها "صحّتي" تعمل في إطار المبادرة الوطنية للتنمية البشرية، تبيع بطائق صحية بخمسين درهما. لقد أدان المجلس الجهوي للأطباء عملية النصب هذه. أ يعقل هذا؟

    -        نعم، أنا بدوري قرأت المقال، هناك لائحة طويلة لأطباء وعيادات ومختبرات وعناوينهم، هم شركاء مع الشركة. حوالي مائة طبيب عام ومتخصص في اختصاصات عدة منها جراحة الأسنان ومرض السكري والولادة والقلب والعيون. يا لها من عملية!

     

    -        بما أنك تتحدث عن النصب والاحتيال. المغاربة أضحوا في السنوات الأخيرة فريسة مفضلة للنصّابين. بعد عملية النجاة، توالت العمليات المستغلة لثقة المغاربة العمياء. بالمناسبة، لقد زرت موقعك الخاص على الشبكة مساء أمس. أذهلتني قصتك الأخيرة. اختلفت كثيرا عن الأخريات. أحببتها كثيرا، وخصوصا وصف الحمّام.  أما الصّائغ فقد نال جزاءه...هههههه.

     

    -        شكرا يا عزيز. أعتقد أن ما يقال يكتب وكل شيء يجب أن يقال. لقد أعجبتني القصة فوددت تقاسمها مع الآخرين.

    -        سأخبرك بعملية نصب أخرى حبكها ونسج خيوطها محترفون. لما قرأت قصتك الأخيرة جئت خصيصا لزيارتك.

    -        صدّقني عزيز، سأشارك القصة التي سترويها لي مع قرّائي. لابد أن فيها عبرة لمن يعتبر.

    هممت لأنصت للقصة فإذا بشخص يخطو نحونا. كان يلبس فانيلا "البارصا" وعليها رقم "10" بالكاد تعرف ألوانها من أثر القذارة. ملابسه المهترئة وهيئته المتسخة تشي بأنه متشرد يفترش الأرض ويلتحف السماء. دنا مناّ فإذا أنفه أحمر متورد فقال:

    -        يا حاجّ، أرجوك أعطني درهما أشتري خبزا

    بما أني عاشق للبارصا، مكّنت السائل المراوغ من درهمه وقلت ضاحكا

    -        هاك ثمن الخبز، ولا تنسى أن تشرب لنخبي.

    أشعلت سجارتي فالتفتّ نحو عزيز وإذا به يغالب الضحك. قالي لي: المتسول إنسان يعرف ما له ولا يعرف ما عليه، لأنّه لا يرى إلاّ "ماله". لنعد إلى موضوعنا، استطرد قائلا.

    حين همّ بسرد القصة فاجأنا طفيلي آخر. بائع متجول هذه المرة، جاءنا يعرض سلعه فوق صينية، بدت من سحنته أنه من المهاجرين السريين القادمين من جنوب الصحراء. كان يضع حلقة في أذنه اليمنى فتأكدت لتوّى أنه لم يولد بباريس.  كان يبيع نظارات شمسية مقلدة من نوع "رايبان" وساعات يدوية وأكسسوارات أخرى.

    توجه نحو عزيز قائلا بفرنسية يصعب فرزها:

    -        سيدي، احم عينيك من الشمس واشتري هذه النظارات

    -        من أجلك أبي، هذه الساعة الجميلة لتكون دائما في موعد الخدمة.

    -        أي خدمة؟ قلت

    لم أكن راغبا في إطلاع البائع المفرنس على ما يجول بخاطري، لكني على يقين أنه يجهل أن الخدمة في بلدنا هي على صنوف وضروب شتى!. تعذّر الفتى الأفريقي بتعب ذارعه من حمل الصينية فوضعها فوق الطاولة حيث يوجد جوّالي،  وبحركة خفيفة ودقيقة حمل الصينية ثانية ومعها الجوّال. لكنه لمّا استدار ليغادر المكان انفلت الهاتف الذكي من بين أصابعه ووقع على الأرض دون أن يتأذّى. فعلا لم يسمّى عبثا بالهاتف الذكي smartphone !

    نظر إلينا الفتى الأفريقي الذكي وقد احمر وجهه من شدة الحرج وقال:

    -        عذرا سيدي لم أكن أقصد ذلك. فأنا آكل من عرق جبيني. أعذراني من فضلكما!

    -        لا عيلك. انصرف لحالك الآن. قلت له.

    كان ذلك درسا لن ينسى. بعد أن شرب من عصيره، واصل عزيز سرد قصته التي جاءني من أجلها. يقول: دخل رجل أربعيني محلّ صياغة بحي مهيضرة الراقي ، وكان ذا لحية خفيفة ولابسا جلبابا صوفيا ابيضا ومعتمرا طربوشا أحمرا وبيده محفظة جلدية ثمينة. ألقى التحية، فرده الصائغ بأحسن منها لمّا اطّلع على هيئته . أدخل الرجل يده إلى جيبه فأخرج قرطا وطلب من الصائغ أن يصلحه. طلب منه الصائغ أن يعود بعد برهة ريثما ينتهي من إصلاح القرط فأجابه الرجل:

    -        هلاّ أصلحته الآن فأنا رجل مسنّ وليس بوسعي المشي. اسمح لي من فضلك بالجلوس على هذا المقعد حتى تنتهي ؟

    -        لابأس، تفضل بالجلوس سيدي

    بينما كان الرجل جالسا، دخلت سيدة هي كذلك في الأربعين من عمرها مرتدية جلبابا مخزنيا سرعان ما ملأ عطرها الهفهاف المكان. كانت تضع نظارات سوداء نفيسة على شعرها الأسود المصفف. بادرت الصائغ بصوت متغنّج فيه بحّة شهوانية وسألت عن ثمن أساور وسلاسل من ذهب. بعد أن عرفت الثمن وقد بدا لها باهظا غادرت المكان معتذرة عن الإزعاج.

    كنت أنصت بشغف إلى قصة عزيز ولم أرد مقاطعته. توقف قليلا ليشرب من عصيره وكذلك فعلت، ثم واصل:

    بعد خمسة دقائق، جاء رجل حسن السّمت يسأل بدوره عن ثمن خاتم ومعصميّة، وغادر هو الآخر بعد أن عرف الثمن. بعد ذلك توجه الصائغ للرجل الجالس رفقته بالكلام قائلا:

    -        أمر غريب فعلا، لم يلحظ أحد من هؤلاء وجودك معي في المحل

    -        سأخبرك أمرا يا بنّي. أنا لا يرني إلاّ أولياء الله، أما الذين عليهم لعنته فليسوا يروني. أنا سليل أسرة شريفة. صدّقني، قبل يومين زرت بلاد الحرمين وعدت في برهة من الزمن. أخرج منديلا أبيضا من جيبه وأعطاه للصائع. هاك. شمّ ريح الأماكن المقدسة.

    انشرح الصائغ وانبسطت أسارير وجهه هو الذي طالما حلم بزيارة بلاد الحرمين. نهض من مقعده ومدّ يديه معا لينال المنديل المبارك وأخذ يستنشق ريحه بنهم وخشوع بيّنين. فما كان منه إلا أن تمدّد على المقعد وخلد إلى نومة هنيئة بفعل قوة الكلوروفورم. عندئذ سحب الرجل الأربعيني قفّازا من محفظته بخفة ووضعه، ثم شرع ينهل من الكنوز أمامه، دون أن ينسى استرجاع قرطه. بعدها دخل الزبونان المتآمران ونالا قسطهما من الغنيمة، ثم انسلّ الجميع سالمين غانمين.

    -        ياله من أبله! قلت لعزيز. صدق من قال : لا عبرة لمن يعتبر.

    ترجمة خ.و بتصرف

     

  • Au Café du Tramway !


    Suite de « Au Hammam !

         Trois jours après la publication du billet «  Au Hammam », je m’attablai le dimanche matin, au nouveau café Le Tramway. Je demandai un café serré, une bouteille d’Oulmès et un cendrier. Je lisais le roman « l’amour du temps du choléra » du Colombien Gabriel Garcia. Ce beau livre m’a été recommandé par Mymouni, professeur et grand amateur de la littérature. Une histoire d’amour de cinquante ans, durant lesquels un homme attend la femme qu'il aime, mariée à un autre.

            Tandis que je dévorai la belle œuvre, Aziz, un ami de longue date me rejoignit à table.  Après les salutations et démonstrations de civilité, il prit place à mes cotés. L’un et l’autre nous nous demandâmes les nouvelles de nos familles respectives. Aziz est un homme d’une bonté exemplaire, plein d’aménité et d’affabilité. Il est cadre de la santé publique. Ce que j’admire en sa personne, c’est la recherche et l’efficacité pour guérir le malade.

        J’appelai Najate (aucune liaison avec najategate), la serveuse  pour servir  mon invité. La commande d’un jus d’orange ainsi fut, il me dit avec un large sourire :

    -         J’ai lu dans un quotidien sérieux, qu’une société portant le nom de "Ma santé", prétendant agir dans le cadre de l'INDH, vend des cartes de santé éponymes à 50 dirhams l'unité. Le Conseil régional de l'Ordre des médecins dénonce ce qui ressemble à une grosse arnaque. Est-ce vrai ?

    -         Oui, moi aussi j’ai lu, il y a quelques temps cet article, dis-je. Une longue liste circulait, sur laquelle sont inscrits les noms et adresses des médecins, des cliniques et des laboratoires supposés partenaires de ladite société. Il s’agit environ d’une centaine de médecins généralistes, spécialistes dans les différentes disciplines médicales à savoir chirurgiens-dentistes, diabétologues, gynécologues, cardiologues ophtalmologues. C’est de l’arnaque tout court !

    -         Tu parles d’arnaque ? m’apostrophait-il. Les Marocains ces dernières années sont la cible préférée des escrocs. Après l’affaire Anajate, il y eut plusieurs filouteries. Hier soir, j’ai visité ton blog. Ton dernier billet m’a sidéré. Il diffère des précédents. J’ai aimé l’histoire, notamment la façon de décrire la scène du hammam. S’agissant de tromperie du maladroit bijoutier, c’est bien fait pour lui. Il le mérite. 

    -         Compliment m’allant droit au cœur Aziz. Entre nous, ce qui se parle, doit s’écrire et tout doit se parler ! J’ai trouvé l’histoire intéressante et je voulais la partager.

    -         Je vais te narrer une escroquerie, ficelée et exécutée par des professionnels. En lisant ton dernier billet, je suis venu spécialement pour te voir affirme-t-il.

    -         Crois-moi Aziz, je la partagerai avec les lecteurs, dis-je harmonieusement. Je me dois de la vulgariser à titre d’enseignement. Un homme averti en vaut deux!

            Je me lançai à l’écouter, quand un importun quémandeur en haillon s’approcha de nous. Il portait le tee-shirt numéro 10 de « Barca ». Si sale et crasseux que les couleurs eussent terni, rendant ainsi ceux qui l’aperçoivent, des  daltoniens. Mal rasé, la chevelure ébouriffée. Un saligaud au nez de betterave, il nous sollicita :

    -         Hajji (nom pour nous flatter), aidez moi pour acheter un morceau de pain, avança-t-il en parfait dribleur!

                Je suis un fan du barca, j’eus pitié du cheminet. Je cherchai une pièce dans ma poche, que je lui  remis en lui disant avec raillerie :

    -         Tiens pour le morceau de pain, mais n’oublie pas de boire à ma santé ! Dis-je, en allumant une Winston.

           Mon ami Aziz, pouffant de rire me dit, les mendiants sont les seuls qui se rappellent le mieux de leur passé, parce qu’ils voient toujours le « sous venir ». Revenons à notre sujet, continua-t-il, l’air jovial.

                 Au moment où il allait relater l’histoire, que voici un autre intrus qui nous assiégea.  Cette fois-ci, c’est un marchand ambulant. Il vint nous proposer des articles mis dans un plateau. Un homme de couleur. Sans doute un clandestin de la région subsaharienne, en transit vers l’Eldorado. Il a mis une boucle d’oreille sur le lobe de son oreille droite. Je fus sûr et certain qu’il n’était guère natif de Paris. Il vendait des lunettes de soleil Ray ban cockpit d’imitation, des répliques montres Jacquet Droz, des Hermes, des Hebel. Il écoulait aussi des coupe-ongles et quelques articles. Il s’adressa à Aziz lui disant :

    -         Patron, pour vous protéger du soleil, achetez des lunettes.

    -         Pour vous papa, ces belles montres, me dit-il, vous permettent d’être à l’heure aux rendez vous d’affaires.

    -         Quelles affaires ? répondis-je avec le sourire.

         Je ne voulus pas dire ma réflexion à haute voix, ni lui donner mon esprit et ma manière de penser. Cet homme ignore l’euphémisme de ce nom charmant avec les dames de hauts rangs. Faisant semblant d’être las de porter le plateau, il le déposa sur mon portable que j’eus délaissé par inattention sur la table. Voyant que nous ne sommes pas intéressés par l’achat, avec doigté, il prit le plateau en soustrayant mon portatif. Mais en se retournant pour nous quitter, mon fidèle mobile traumatisé par ce rapt lui fila, glissa d’entre ses mains. Mon Iphone tomba. Heureusement, que l’étui en caoutchouc amortît le choc.

    - Patron, je ne l’ai pas fait exprès. Je gagne ma vie honorablement. Excusez-moi !

    -         Ce n’est point grave, Dis-je. L’incident est clos !

           Nous fûmes conquis par la pitié. Nous le laissâmes partir, mais sans le ménager avec de caressantes grondades. Ce fut pour moi une leçon, pour veiller sur mon bien ! Après avoir bu une gorgée du jus d’orange, Aziz reprit sa narration.

         La scène se passa dans le quartier chic M’hidra. Un homme habillé en djellaba, barbu, quadragénaire, portant une calotte rouge, entra dans une bijouterie. Il saluât avec courtoisie en entrant. Il tenait à la main un beau cartable ligne Bahia, lui donnant l’étiquette mondaine. L’orfèvre  assis sur une chaise, répondit au salamalec, se leva pour l’accueillir derrière la belle vitrine pavoisée et agencée. Le visiteur, lui remit une boucle d’oreille dormeuse en or.

    -         Monsieur, serait-il possible de restaurer cette boucle ?

    -      Le prenant, en maître bijoutier. Après avoir vérifié le pivot défaillant, il dit au visiteur qu’il peut le ressouder.

    -     Pouvez-vous, me le réparer maintenant et combien votre prix? lui dit-il.

    -   Ce sera trente dirhams pour vous et revenez dans une heure, l’assura-t-il.   

    -         Monsieur, je suis homme âgé et fatigué, puis-je m’asseoir sur ce banc en attendant la restauration de la pièce ?

    -         Sans problème asseyez-vous.

        Il s’assit juste devant lui. Cinq minutes passèrent, une femme élégante entra dans la bijouterie. Elle portait une djellaba Mkhazniya. La quarantaine (le cap de la bonne expérience), emplie des effluves du parfum Hypnose Lancôme. Une femme parfumée, mais sans odeur de sainteté. Elle portait des lunettes de soleil Dragon Cavalera, sur ses cheveux qui enserraient et veiller sur sa belle coiffure de star. Ainsi, elle les gardées à la portée de sa main. D’une voix de sirène, elle demanda le prix des bracelets, et des chaînettes. Constatant que les prix sont onéreux, elle quitta la bijouterie en s’excusant du dérangement.

     

        Durant la narration, je fus tout ouïe. J’écoutais sans l’interrompre Aziz. Il s’offrit une pause pour siroter son jus. Je fis de même, je finis de boire ma tasse qu’au marc.

          Cinq minutes passèrent, reprit-il, un homme d’âge mûr, habit très recherché, entra dans la joaillerie. Il salua poliment le bijoutier et demanda avec un langage courtois, le prix d’un anneau et celui d’une gourmette. Le coût est un peu exorbitant, produisit-il. Il quitta les lieux. Le voyant sortir, il dit au barbu :

    -     C’est vraiment bizarre ! Ces deux visiteurs d’il y a un instant, n’ont pas vu, ni remarqué votre présence avec moi, monsieur !dit-il.  

    -         Tu sais mon fils, je ne suis vu que par les enfants bénis de leurs parents et les gens de bonne famille. Les malfrats et les bâtards ne s’aperçoivent guère de mon existence. Ma lignée de chérif est pure. Crois-moi, il y a deux jours j’étais aux Lieux Saints. Il tira un mouchoir de la poche de sa djellaba qu’il remit au bijoutier. Hume les senteurs des Lieux Saints, lui dit-il.

          L’orfèvre heureux de cette aubaine, lui qui rêvait depuis belle lurette de visiter ces Lieux de pèlerinage. Il se leva, tendit ses deux mains. Se prosternant avec génuflexion, l’esprit d’humilité, il prit le sacré mouchoir. Il aspira avidement et profondément le tissu de cellulose. Chloroformisé, il s’endormit tel un ange sur sa chaise. L’anesthésiste tira de son cartable,  un gant de la main droite qu’il enfila. Le gougnafier en adroit, rafla toute la devanture de la vitrine sans omettre de reprendre sa boucle endormeuse. Il mit le « gibier dans sa carnassière ». Ses acolytes, les deux précédents visiteurs, le rejoignirent après un signe de reconnaissance. Assurés de leur rapine, heureux de leur opération réussie, ils prirent la poudre d’escampette.  

    -      Quel galifard ! Quel naïf ! dis-je à Aziz. “ Apprends la sagesse dans la sottise des autres “, disaient nos ancêtres !

     

     

    Salé, le 27 Mai 2012 à 23h20 de relevée.

  • Au Hammam !


        Ce ne fut pas une légère entreprise que d'aller prendre un bain. Je voulus le prendre frais et calmant. Ainsi, je me préparai la trousse de toilette, des habits  lavés et deux serviettes. Le tout mis dans une besace. A dix sept heures, je quittai mon domicile, rejoignis à pieds «  hammam Achabab » (hammam de la jeunesse). 

               Ce bain maure est situé dans le quartier où je réside. Chemin faisant, mes connaissances et mes voisins me scrutèrent, le regard furtif. Tous me souhaitèrent "Bessaha"(A ta santé). Je trouvai toujours drôle, ce vœu mal placé. C’est en trinquant des verres de cristal remplis de champagne « Exqi », que l’on forme ce vœu. Je me demandai toujours pourquoi l’on trinque les verres. Je trouvai l’explication dans un vieux livre de dégustateurs. Il expliquait la raison. L’homme a cinq sens. Quand il prend le verre il le voit, le touche, l’hume, le goûte, reste l’ouïe. Pour faire impliquer ce dernier, on trinque. Mais ceux qui me lancèrent « Bessaha », pensaient que j’eus exercé le commerce conjugal. Loin de là ! Je me disais en mon for intérieur, ce n’est que pour me décrasser et me purifier. 

      Finalement j’arrivai au guichet. Je  payai l’entrée, prit le ticket que je remis au Gallass (vigile). Ce dernier au moins garda Bessaha pour ne point me le dire. Il me le dira en sortant, j’en suis sûr et certain. Je lui demandai bêtement, le hammam est il plein ? Affichant un sourire, il me répondit, que seules quelques personnes sont présentes. Et même s'il est plein, retournerai-je crasseux et malpropre, songeai-je! 

     En entrant dans la chambre de sudation, je dis Bismi Allah. Je rejoignis la troisième salle dans le brouhaha, le clapotage des seilles en bois (seaux), mêlé à la vapeur d’eau chaude gazeuse. Un gars entonnait la chanson de Mohammed Abdelwahab " Men azibak?"(Lequel te torture?). Il chantait faux. Il fut un maître-chanteur agressant l’ouïe. J’entendis aussi les cris d’un homme sous les supplices du préposé au gommage (kessal). Sans doute en entendant  aïe et  ahi de gémissement, le chantre, coqueriquai par raillerie.

    Aux présents, je leur lançai les Bessahas récoltés lors de mon trajet. Mon attention, comme toujours d’ailleurs, fut attirée par l’allure de ces gens. Il n’y a que des squelettiques et des sous alimentés. C’est l’endroit idéal pour inciter ses chérubins à manger goulûment en leur montrant ces carrures. Ils occupèrent de grandes places en s’entourant de sept à neuf seaux. Je râlai discrètement, mais je restai sournois. J’évitai de faire la remarque à ces zigotos. Ils doivent avant tout laver leur esprit.  

     Je pris une place que j’eusse lavée après avoir puisé trois seaux du bassin. L’eau fut chaude. En premier lieu, j’usai le gant de toilette, le rugueux pour frotter le corps. Mon dieu, que de vermicelles ! Puis ma deuxième opération, le shampoing. Durant l’étape de la saponification deux hommes , le ventre bedonant, la quarantaine; vinrent prendre place à mes cotés. Chacun détenait cinq seaux vides. Ni salamalek, ni bessaha. Ils déposèrent leur  bissac et deux petits tabourets. Les deux présentaient une calvitie hippocratique. Je pensai qu’ils sont mon futur paradeux. La calvitie me piste moi aussi. Au fond de moi-même, je songeai que ces deux messieurs ne me demanderont point « un peu de shampoing » comme le firent des énergumènes la semaine dernière. Ce n’est pas que je sois radin ou avare, mais je lave mes tifs avec une lotion sans sulfate. 

            Ils s’installèrent sur les sièges et commencèrent le rituel lavage. Leur stature donna l’impression qu’ils sont  dans un repas champêtre. De leur discussion d’entraide, je sus que l’un s’appelait Abdlqader (serviteur du puissant) et l’autre Mimoune (le fortuné). Ils papotèrent de tout et de rien. Abdlqader aborda la confrontation entre Sarkozy et Hollande. Ce débat avança-t-il, est l’un des plus agressifs qui n’ait eu lieu auparavant et que les deux candidats furent comme deux lutteurs dans l’arène.J’allais entamer ma dernière étape du gel de bain, quand j’aie entendu Abdlqader dire. 

    -      Mimoune, connais-tu la dernière ?

    -      Non ! répond-il, l’air curieux. 

          Je tendis l’oreille pour les écouter. Je fus moi aussi curieux de le savoir. Le hammam est l’endroit archétype pour s’informer et s‘intoxiquer de rumeurs. Pendant que Abdlqader narrai, Mimoune épluchait une orange. Mon Dieu, quel gâchis ! La vapeur, l’odeur des laveurs, le parfum des savons, des shampoings un désagréable agglomérat de fumet.

        -  Dans la médina, il y a un antiquaire, raconte-t-il. Deux personnes se sont présentées chez lui. Ils se présentèrent comme deux brocanteurs en discorde pour le prix d’un objet antique. Ils avancèrent qu’ils préfèrent se fier à un spécialiste des objets d’art et que cet établissement est connu pour son sérieux. L’antiquaire était flatté et séduit par ces propos. L’un exhiba une ancienne théière en étain. L’antiquaire prit l’objet en main, le scruta et leur demandait quel est le sujet de leur dissension. Moi, dit le propriétaire, pour son prix je demande 16.000 dh. Mais cet homme veut le prendre à 14.000 dh. Je suis perdant puisque j’ai investi 15.000 dh pour l’acquérir. J’ai marchandé pleinement pour l’acheter.      

          L’antiquaire est sublimé par la pièce et proposa au cas où ce monsieur se désiste, il offre les 16.000 dh. Le préposé acheteur, râla en lui disant qu’ils sont venus seulement pour sonder le prix. Vous me doublez en l’achetant, continua-t-il. Nous ne sommes pas « Chez Christie’s » rétorqua l’antiquaire. Sur cette réplique, le râleur quitta la boutique. L’antiquaire paya rubis sur ongle le montant de la théière au vendeur. Mais l’agioteur calculateur, après leur départ, a été assommé par cette escroquerie quand il a su que la pièce n’est en fait, qu’une contre façon et ne coûte que 60 dh. Un ersatz acheté onéreusement ! 

    Durant la narration, j'allongeai ma baignade afin d’entendre la suite de l’histoire du marché aux dupes. Je terminai mon bain et quittai le hammam. Après ce que vous venez de lire, la morale de l’histoire : A tromper autrui, l'on risque de se duper soi-même.

     

    Salé, le 04 Mai 2012 à 17h de relevée

     

  • Nuit à Marrakech

     

    Elle se surnomme Magi,l’énigme Majida.

     

    Son allure m’excita.Son amour me guida.

     

    Ce nom ne comporte-t-il pas la magie ?

     

    Elle sublime. Je rime cette anthologie !

     

    Si, son nom glorifie, aussi il magnifie.

     

    Son amour fait de moi un vrai Soufi !

     

    L’horoscope dit qu’elle aime l’amour.

     

    Majida, l’adore épicé de l’humour.

     

    Passer une heure avec elle est délice.

     

    Embaumé, j’oublie que je suis complice.

     

    Elle « m’émajida » par charme magique.

     

    Mot doux, élégant puisé du prélogique.

     

    La taquinant, j’appelle ô ma Majda !

     

    Heureuse, jamais elle ne me bouda !

     

    Onze, lit-on, est son chiffre actif.

     

    Nenni ! Son caractère est attractif.

     

     

     

    Salé, le 22 Avril 2012.

     

     

     


  • Fête du sacrifice.

                                                

    Un tien vaut, ce dit-on, mieux que deux tu l’auras :

    L’un est sûr, l’autre ne l’est pas.  La Fontaine

     

                   Milouda est une mégère et acariâtre femme. Elle effarouchait toutes ses voisines de la rue du Paradis où elle vint d’y résider, il y a juste  neuf mois. Elles ne pouvaient la souffrir. Les enfants la détestaient et évitaient de fréquenter sa progéniture. Ils la craignaient .Ils  redoutaient ses réactions parfois odieuses. La commère observait jour et nuit les allées et venues de ses voisins. Rien ne lui échappait. Elle trouvait du plaisir à rester clouée devant la fenêtre, pour épier  les passants. Maintes fois, elle augmentait le volume de sa chaine. Elle élevait le son  à quarante décibels. Continuellement, notamment le matin, sa chanson préférée était « Dour biha achibani » (Entretient la, Ô vieillard !).  Les vieux et hommes mariés sur le tard boudaient le vacarme, la chanson et le thème.    

                    A l’approche de la date fatidique du 10 Dulhijja, jour de la fête du sacrifice, elle était à la fenêtre .Elle vit entrer à la maison contiguë M’barek, homme de couleur respecté par ses prochains. Il portait un agnelet sur ses épaules. Ses petits enfants le harcelaient depuis trois jours. Ils lui demandaient chaque fois, quand apporteras-tu le mouton papa ? Au moment  de franchir le seuil de sa maison, elle eut l’idée de le taquiner à haute voix.

          -       Mbarek al hawli ! lui lançât-elle.

    « Mes vœux pour l’achat du mouton ». Par euphémisme en dialecte marocain  «  M ‘barek le mouton ». Instinctivement, M‘barek rétorqua :

          -       Milouda, la salope !

            Cette réplique toucha en plein fouet Milouda. Elle afficha un jaune sourire avec méchanceté. Malgré cette boutade, elle ne devint rubiconde, mais rougeaude de colère.

             Le matin, Abqader, le conjoint de Milouda, lui a fait savoir que son patron a octroyé une aide substantielle aux employés de la société, pour l’acquisition du mouton. Il ira ce matin, au souk  du mouton du quartier Sidi Moussa. Ce marché est moins fréquenté par les intermédiaires et les  chennaqa (spéculateurs), lui dit-elle.

             Ainsi, dans sa position quotidienne naturelle, elle attendait le retour de son mari avec son emplette. Le temps languissait. Elle espérait et rêver qu’il lui apportât un bélier, que toutes ses voisines envieront. Cette scène est habituelle chez les parvenant.  Choufouni «  m’as-tu vu » est chose courante pour jalouser les jouxtant. En effet Abqader après avoir demandé une autorisation spéciale, a regagné sur sa Mobylette le souk.

            C’était 11h du matin. Il laissa sa motocyclette chez le gardien et entra dans le souk .Ce dernier est plein à craquer. Des  hangars, rangés et bâchés  ont été installés. Il y avait des vendeurs  d’ovins, des gargotiers, des fouaciers qui vendaient du pain complet, de tourte et orge. Des enfants et jeunes adultes  assaillaient les passants on offrant des cordes à deux dirhams. D’aucuns vendaient des verres de Café préparé dans des bouilloires attachés à un barbecue marocain. Le café embaumé par l’odeur de la poussière, laissait dégager un lourd parfum. Aussi les verres de thé étaient servis avec des beignets du marchand mitoyen. Les voitures, triporteurs faisaient un strident bruit. Un tintamarre qui agresse mêmement l’ouïe. L’agglomérat des ces parfums ressemblait à l’odeur d’un port asiatique. Le soleil luit, était africain. Un soleil  d’eau qui, comme l’espèrent ces éleveurs d’ovins, va bientôt  pleuvoir à verse. Leur richesse, c’est la pluie. Les gens en bousculade se frayaient le passage avec  gêne. Un gué propice pour les voleurs à la tire et les pickpockets. Agile, Abqader regardait ces images défiant le tout. Mais il était pressé d’acheter le mouton  et veillait sur son bien en poche. En scrutant les allées, il a fumé presque trois cigarettes sans compter une demandée par un visiteur, qu’il lui donna avec le sourire.

            Enfin, il arriva au dernier hangar. Des moutons de race sardi  de Timahdite y sont exposés. Il entre parmi le troupeau. Il Tâta avec le pan de sa main le dos d’un sardi, pour voir s’il est engraissé. Il ouvrit le museau pour ausculter la dentition, il vit qu'il a deux ans (thney, le plus de trois ans est banni). Il constata que ses deux lobes de l'oreille sont arrondis. Il pressa la queue. Abqader est devenu vétérinaire occasionnel  et fqih .Le mouton est halal est apte à être sacrifié, se dit-il au fond de lui même.  Il prit des deux mains l’ovin par le ventre, le hissa légèrement et le laissant tomber comme un chat sur ses quatre pieds. Presque vingt kilo, constata-t-il. Il demanda le prix à l’éleveur qui tenait à la main n tribard, sorte bâton pastoral en bois de cornier ,qu’il maniait comme un maréchal.

          -       Mille huit cent dirhams, dit-il.

          -       Ton dernier prix ?   demanda Abqader.

          -      C’est le prix fixe. J’ai investi dans ce troupeau ces derniers jours. Le prix de l’orge, du fourrage, le transport de l’oriental ont augmentés. Je n’utilise pas de chmandar (pulpe de betterave) pour les alimenter.

          -        Je le prends à Mille cinq cent, ca te va? dit-il l'air dandin

          -        Non. Mes prix sont étudiés et attractifs !

         -       Oui un prix fou ! En ce montant, je pense que tu n’as pas l’intention de  les vendre. Ne crois pas que nous trouvons l’argent, jeté dans la rue.

         -        Monsieur, je n’ai pas besoin de ces remarques.  S’ils ne sont pas vendus, je les retourne chez moi. Les chevillards feront l’affaire après l’Aid. C’est à la tête des clients. Vous les citadins, vous êtes près de vos sous.Vous n'êtes chiches pour les achats inutiles. Si c’était un bijou capricieux pour un gorgerin, vous déboursez sans mot dire. Au fait les urbains subissent l’ascendance de leur femme.

             Ce cours magistral d’un campagnard dérouta Abqader. En son for intérieur, il lui donnait raison. Mais il ne pouvait faire réplique songeait-il. C’est au dessus de sa bourse.

         -       Eh ben! garde les et garde ton commentaire aussi, rétorqua-t-il et quitta le hangar.

            Il rebroussa chemin en empruntant l’allée du milieu. Son attention est attirée par des badauds attroupés autour d’un vendeur. Il s’y approcha et constata que c’était des moutons de race beldi. Il se faufila parmi  eux et choisit un ovidé. Il l’ausculta comme le précédent et demanda le prix.

          -      Mille cinq cent dirhams, répond l’éleveur.

         -       J’offre mille trois cent et je suis large, dit Abqader en hésitant de timidité.

         -      Tu as l’air  d’un gars béni et de bonne souche. Je te déduis 100 Dh. Et c’est une bonne affaire.

         -       Merci pour ta générosité. Soit encore souple. Feu mon père m’a conseillé de marchander.

         -     Allez prends le, lui dit-il avec un large sourire.  Il se demanda s’il était dupe. Il tira son porte feuille de la poche intérieure de sa veste, après l’avoir déboutonnée. Il lui compta son dû rubis sur ongle. Le vendeur content, tapa dans la main de l’acheteur le congratulant, tels  deux tennismans après le dernier set en lui disant :

         -       Mbarek al hawli 

             Abqader le remercia. Il appela un garçon vendeur des ficelles. Il paya la cordelette qu’il noua sur les cornes et héla un homme au triporteur. Il marchanda le transport. Ils se mettent d’accord sur le prix, monta à coté du conducteur le priant de passer chez le gardien de bicyclettes pour prendre sa moto.

                 Le trajet ne fut pas long. Abqader dirigeait le triporteur. Ils regagnèrent, rue du paradis. Ils s’arrêtèrent devant le domicile, firent descendre le mouton. Au moment où Abqader payait le convoyeur, une camionnette se gara. Samira, l’ennemie jurée de Milouda, emmener à son tour son sacrifice. Les deux moutons pieds à terre. Celui de Samira est un pure sardi, principale race ovine marocaine. De grande taille la tête dégarnie, de couleur  blanche comme la neige avec des tâches noires autour des yeux, du museau et des oreilles. Samira l’avait acheté il y a quatre mois et l’a laissé chez ses parents à bouzniqa. Elle avait financé l’achat de l’alimentation. Milouda ignorait cet investissement ! Samira en regardant l’autre mouton, a souri l’air moqueur par folâtrerie. Elle fit semblant de ne voir sa rivale, vautrée  au soupirail. Elle voulait lancer un youyou de bonheur afin d’enquiquiner la mégère. Elle s’obstina de le faire par respect à Abqader pour ne point le blesser.

                   Milouda était en ce moment à la fenêtre. Elle vit l’énorme différence entre les deux béliers.  Une colère bleue la gagna. Ses rêveries s’estampèrent. Elle sera la risée de la rue du paradis durant toute l’année et subira la moquerie de son entourage. Elle en voulait à son mari. Elle quitta nerveusement son observation statique. Elle voulait pleurer ce jour de colère. Elle refusa d’aller à la rencontre des arrivés.

                 Abqader, sentit le drame en entrant à la maison.  Il attacha le nouveau venu à un pilier, alla se laver les mains et changer ses habits parfumés à l’odeur forte du bétail. En terminant sa toilette, il se demanda où est sa femme.

          -       Femme où es-tu ? dit il, l’air interrogatif.

               Un silence écrasant succède au silence de son épouse. Il alla la chercher dans la cuisine, dans le salon, Elle n’y était pas. Il l’a trouva  allongée au lit dans la chambre des enfants.

        -      Où est le problème ? L’apostropha-t-il. Les béliers sont onéreux cette année, continua-t-il. Ma bourse est plate, elle n’est nullement ronde. Contentons nous de cet acquis, Dieu est grand ! Ce n’est pas notre dernière fête me semble-t-il !

         -       Non à Sidi, répliqua-t-elle, l’air orageux. Il fallait opter pour un grand sardi comme font les Hommes. Débrouilles toi ! Si tu n’as pas de liquidité, les sociétés de crédit à la consommation offrent des promotions à l'occasion de l’Aïd Al-Adha. De différentes formules  de crédit «gratuit» de 3 000 dirhams, sont proposées pour des échéances de remboursement pouvant aller de 6 à 10 mois.

         -      Sidi Ouasidek Rassoulou Allah. Oui, j’ai entendu cette publicité mensongère. Rein que le dossier coûte plus que l’intérêt habituel pour une année.

         -      Je ne veux pas de ce « chat » dit-elle! Tu aurais dû acheter un bouc, moins nocif pour le cholestérol et le sucre que tu m’as fait monter en achetant ce minet.   

         -    Nous n’allons pas nous chamailler ces jours de fête. Je n’y peux rien. Je regagne mon travail, dit-il en sortant.

             Milouda est restée exaspérée, clouée, elle cessait de vivre. Elle songeât, pensa un moment et prit son portable. Elle appela son amie.

         -      Bien le bonjour Fatima, as-tu acheté l’Aid ou pas encore ? demanda –telle.

         -     Le bonjour te va Milouda. Non pas encore, réfuta Fatima! Le « crétin » m’a laissé l’argent et m’a chargé d’aller l’acheter. As-tu vu une femme le faire ?

         -  Mon bougre a acheté un à mille trois cent dirhams, que je ne veux pas, objecta-telle. Il ne suffira pas pour nous.  Nous sommes nombreux. Je pense acheter un sardi et vu que vous n’êtes que deux, je pense qu’il fera ton affaire. Tu m’es chère, je te le laisse à mille dirhams.

         -      Soit ! J’arrive dans 15 mn le prendre. Je serais gagnante avec mon homme, pensait Fatima.

           Fatima enfila sa chic djellaba serrée. Passa devant le miroir. Démêla  légèrement ses cheveux frisés, s’aspergeât du parfum Anaïs Anaïs de Cacharel, prit son sac à main et quitta l’appartement. Dix minutes après, elle sonnait à la porte rue du paradis. Les deux commères exécutèrent leur marché. Assurée d’avoir fait une belle acquisition, elle quitta le lieu, heureuse et contente. Elle demandera à son « crétin » de débourser trois cent dirhams de plus, somme allouée pour l’achat du sacrifice.

               Milouda, débarrassée de ce « chat », retourna dans la chambre des enfants. Elle chercha un oreiller sur le lit de son benjamin. Elle quêtait sa tire lire, où elle thésaurisait des sommes à l’insu de son époux. De l’argent piqué lors des achats, chargés par son mari. Une voleuse telle une pie. Elle prit l’argent enfoui, et passa à la chambre à coucher où elle s’empara d’un bracelet en or massif qui embellissait mignonnement son poignet.Elle le dissimulait dans un coffret à bijou, dans le tiroir de l’armoire.

                    Elle s’habilla modestement et quitta demeure, en direction de la bijouterie du quartier. La joaillerie est sise rue Adam dans une cité populaire. Les habitants vaquaient à leurs travaux. des lourdaux et malotus, sans travail devisaient et palabrer des élections parlementaire devant les épiceries et le salon "Coiffeur de Séville". En ce moment la ruelle est presque déserte. L’état psychique de Milouda, l’empêcha de voir l’environnement. Son seul souci était d’entasser une somme pour aller au souk, s’offrir un beau et grand sardi.

                      Elle savait que le prix de l’once a augmenté ces derniers jours. Après le salamalec de politesse, elle présenta sa vente au bijoutier. Ce dernier le prit, le mit sur une poche de bijou. Apres l’avoir pesée, prit sa calculette, fit un calcul et lui dit.

          -           Deux mille dirhams pour cette pièce madame, dit-il, avec un ton serein.

          -           C’est peu ! Moi, l’an dernier, je l’ai acquis à quatre mille dirhams cash, avança-t- elle. D’autant plus que le prix de l’or, ces temps derniers a augmenté en flèche avec la récession et la crise de l’Euro. 

          -        Qui dit récession, dit inflation madame. Je vais vous dire une chose, nous ne faisons pas un cours d’économie. C’est à prendre ou à laisser.

                    Le bijoutier flaira que cette dame ahurie était dans le besoin. Sa façon d’argumenter la vente prouve quelle est nécessiteuse de fonds et savait que la cause est sans doute le mouton. Milouda, prise au dépourvu ne savait à quel saint se vouer. Elle n’a pas peur de son mari, mais voulait « crever l’œil » de ses voisines. Qu’importe le prix !

                     Pour ne pas perdre le temps, elle acquiesça au montant offert. L’orfèvre lui demanda sa carte d’identité pour éviter le recèle. Juste après avoir reçu son argent, elle quitta précipitamment la bijouterie.  Elle longea rue Adam, et pour héler un taxi, elle dût traverser la rue «  le chat qui pêche ». Consciente elle emprunta le passage clouté. Le feu était au rouge pour les véhicules, au vert pour les piétons. Elle se décidait à franchir le passage et au moment où elle ne s’attendait pas, une vespa vint à grande vitesse. Le conducteur tenait le guidonnage. Son compagnon assis derrière sur selle passager, au passage tendit sa main, tint le sac à main de Milouda et tira de toutes ses forces aidé par l’effet de la vitesse. Il put happer au vol son sac. Elle poussa un grand cri de détresse. Au voleur ! Au secours !clamait-elle. Les lascars prirent la poudre d’escampette, laissant derrière eux une victime affolée, terrorisée, apeurée et traumatisée.

                      Elle a perdu tout son gain, ses papiers et documents. Elle allait perdre connaissance, mais sa dignité l’empêcha de le faire. Elle se ressaisit. C’est la faute de mon béguin, s’il avait acheté un sardi, rien ne m’arrivait, grommela- t-elle à voix basse.  Heureusement que le portable qu’elle tenait de la main droite est sauvé. D’habitude, elle mettait dans le sac. Elle appela son mari le priant de la rejoindre le plus tôt possible en lui indiquant l’adresse. Elle n’a plus le sous.

                   Tracassé par cet appel, Abqader informa son maitre des travaux manuels de l appel en urgence de sa femme. Le chef des travaux lui accorda l’autorisation de disposer. Contraint et pressé, il prit sa motobécane et démarra en prestesse. Angoissé et troublé il ne pensait qu’à rejoindre sa Milouda. En voulant prendre une ruelle perpendiculaire, il ne vit une voiture arriver. La voiture le percuta en plein fouet. Plus de peur que de mal, il est sorti indemne avec des estafilades. Le conducteur eut pitié de la victime. L’état physique et son allure font pitiés. Ses habits usagés délabrés. L’éducation sociale et civique du chauffeur lui édicta de prendre en charge l’hospitalisation de Abqader dans la meilleur clinique de la ville. En sus, il lui accorda un subside non négligeable pour fêter  l’Aid.

                      Abqader, loua ce bienfaiteur  et remercia le Ciel et  jura en son for intérieur de ne dire mot à son épouse !

     

    Salé, le 08 Novembre 2011(11 Dulhijja 1432) 

     

  • Remontrance

     Il était une fois une fille qui me hantait.

     Je restais abasourdi, ainsi je m'anuitais.

     Cloitré dans blanc silence, je chuchotais,

     Je veux l'approcher aussi la mignoter,

     Usant des minauderies, pour la câliner,

    Tresser des vers, mots pour l'embobiner.6

     Elle me dit souvent, je suis une folle.

    Oui, elle m'a contaminé, je m'affole.

    Tu me rends fou d'amour ma drôle.

    -J'aime être ainsi, soif de gaieté folle.

    -Lors des vingt derniers jours Siham ;

    L'on s'est connu, chère belle madame.12

    Joyeuse dame, ton amitié renoue.

    Soyons bon, serein et aimons-nous !

    Réponds-moi ma chère, ta ritournelle,

    "Oki". Grand Dieu, tu es ma prunelle !

    L'insensée m'a contaminé, suis insensé.

    Moi un sensé, rêvait de toi une sensée.18

    Mais ton concept me laisse halluciné.

    Exilé, abattu, éloigné et aussi déraciné.

    Je m'en vais quérir une autre amitié.

    Loin de toi, pensant à ton inimitié.

    Tu boudes en ce ramadan mes vers.

    Ces satires sont douces, non sévères.24

    Siller dans mon esprit, et mon cœur,

    Telles des feuilles d'eau et rai-de-cœur.

    -Je ne rechigne pas tes vers me dis-tu.

    Je les chante aux sons du turlututu.

    Sur cet air, je danse vêtu d'un tutu !

    La danse des œufs, ni vice, ni vertu.30

    Je suis fière de toi, tu n'es un hotu.

    En ton sein, je me suis si rabattue !

    Ce soir, un vil triste envahisseur

    M'éprend au départ de ma sœur.

    Me submerge, et parfois m'afflige,

    En mon for intérieur, me désoblige.36 

    -S'il te plait ma mie, cela m'attriste.

    Quoi te dire, aussi je suis triste !

    Heureux de te voir au promenoir

    Déceler et acheter un bissac-noir.

    Iras-tu Siham camper à la pignada ?

    Songes-tu aller bientôt au Canada ?42

    - Nenni mon grand, quelle question !

    Je ne veux délaisser mon bastion.

    Je ne peux quitter notre maison,

    Hors de l'eau comme un poisson !

    Je me meurs dehors tel polisson.

    - Serine moi " Suis qu'un être" mie.48

    T'entendre rimer mot et polysémie. 

    Je veux, minette, sonder la thymie.

    Chantes moi, ndor, Farid, Karam,

    Oum kaltoum, Zaghbi ou Ajram.

    Naima Samih, Doukali ou Dalida,

    Abdelhalim ou Mohamed Réda .54 

    Aussi pour ne plus m’énamourer ;

    Quel remède, Siham, pour sevrer ?

    Le breuvage salutaire sera : souricide.

    Mais pourquoi optes-tu au « suicide » ?

    Soit! Je prendrai les poils de la souri ;

    Brûlés dans l'encensoir sera le gri-gri.60

    Pour attirer l'amabilité d'une crue houry.

    Mes avances ne sont pas des charivaris !

    Arrête ton tohu-bohu, mon cher Abdou.

    Tes douces paroles, des roudoudous !

    Sois calme, fiable, plaisant et naturel.

    Aucune femme, intellectuelle soit-elle ; 66

    Ne te délaissera pour chercher ailleurs,

    Un homme si doué, si gentil écrivailleur.

    Galant homme du monde, et rimailleur.

    Intrépide, si aimable et bon charmeur ! 

    Tu es l’aiguille d'or enfouie dans le tas,

    De paille ; que moi ravie, ait détecta !72 

    Abdou, je ne sais cette fanfaronnade.

    Un peu d'humilité sans rodomontade.

    Où est ta modestie, qu'hier tu prônas ?

    Ton discours et vanteries irritent Sanae

    Ma meilleure amie, la sainte madone ;

    De ces hâbleries, esbroufes te détrône.78

    -Je boude les réflexions de ta chère amie,

    Je ne veux à priori, m'être une ennemie.

    -Abdou, je me sens si fatiguée ce jour,

    Assise, lasse, dans le bonheur-du-jour,

    Je lis goulûment le roman «L’alchimiste ».

    J'oublie les tracas, en étant optimiste !84 

    Embaume-moi, ma mie de cette ardeur.

    Partage ce don avec Abdou l'accrocheur.

    Je ne sais point sortir de ma bouderie,

    Ce jour, j'étale pour toi ma gronderie.

    A demi-voix, je murmure des reproches.

    Abdou n'est plus accrocheur, décroche !90

    Tu m'épates Abdou, drôle de caractère.

    Pardi, contre notre amitié tu déblatères !

    Ta nature, ton esprit, c'est vrai diffèrent.

    Je t'estime et ces qualités m'enjôlèrent.

    Parbleu, Siham ! Abdou aussi est enjoué 

    Ne cherchera autre femme pour rejouer !96  

    Laisse moi rire, Abdou, toi mon homme.

    Tu m'épates, mon poète avec ces nomes,

    Ta romance, tes belles paroles charment,

    Percent le cœur qui geint, à fendre l'âme. 100 

    Salé, le 30 août 2011 à 02 h de relevée .

        L’idée de tresser ce satire est née il y a trois mois. Certes, bien  que poétereau, j’ai opté pour une rime parfois riche, parfois suffisante. Je n’ai point négligé les rimes masculines et féminines. Il reste beaucoup à faire pour exceller. J’omettais parfois certains éléments syntaxiques (ellipse) pour rimer. Assurément, je suis impressionné par Bellaye,Supervielle, Qu Yuan, Peniculo et Collin. Mon vœu serait de rythmer 100 poèmes Inchae Allah.  (Sitôt que je te vois, la voix manque à mes lèvres, ma langue est enchaînée, une flamme subtile court dans toutes mes veines, les oreilles me tintent, une sueur froide m'inonde, tout mon corps frissonne, je deviens plus pâle que l'herbe flétrie, je demeure sans haleine, il semble que je suis près d'expirer. Sappho)

  • ONIRISME

                 Hier nuit, je rêvai que je fus batelier qui poussait sa jonque dans l’océan. Il faisait mauvais temps. La mer était agitée. La météo avait raison. Le flux et le reflux des vagues étaient fulgurants . Le flot grossit et mon esquif échoue sur une île déserte. Lors de cet échouement, je n’avais pas de provisions et je m’aventurai des heures à chercher la nourriture et de l’eau pour ma survie. J’eus soif. Après une longue recherche avec minutie, je découvris une oasis, une cascade d’eau où je m’abreuvai. Ainsi je suis resté seul depuis le deuxième jour de ramadan. Je jeûnai ! Mon visage devint maigre et crie famine. Courage pensai-je. (Lorsque je sors de chez moi, je compte toujours sur un événement qui boulversera ma vie. Bové).

         L’après-midi sur la grève de la mer, doué d’un charisme poétique , je lisai l’Alchimiste. De temps à autres, je levai les yeux , je contemplai l’océan. Le soleil courbait vers l’horizon. Quantes fois , je regardais le soleil couché. Aujourd’hui il ressemble à une pomme rougeâtre. Et je me demandai où est Eve pour m’offrir une pomme api. Mais la tentation d’Adam et Eve et pour éviter de penser à Satan, j’abdiquai à ne pas cogiter. Je délirai. Je renonçai à réfléchir. Si Eve fit sortir Adam du paradis, cet îlot ne l’est point. Ah si Eve m’était contée! Une histoire me venait en mémoire.

         Il fut un ressortissant marocain qui trima dans les mines en France quatre décennies. Retraité il avait l’intention de ragagner sa terre natale. Mais il décède dans son pays d’accueil. Dans l’au-delà, Saint Gabriel, l’emmène au paradis. Son nom n’y figure pas.

         Transféré  en enfer, son nom n’existe nullement. Aussi il reste inconnu au sommier d’archives du purgatoire. Le Saint Gabriel le chasse ne sachant où le loger. Il erre pendant des années et arrive un jour devant Adam et Eve. Le voyant, celle-ci lui dit : Ah ! Donc toi aussi tu as mangé la pomme !

         Durant mon songe je vis à l’horizon une embarcation paraître au large. Celle-ci se dirigeait vers le rivage de la terre ferme. Je sautai de joie. Moi le naufragé, j’allai être rescapé. Moi l’isolé dans l’oubli, je vais ressusciter et  survivre. Ma stupeur était grande quand je vis que c’était une femme. Une dame qui gouvernait le voilier.Un cotre. Un gréement de fortune. Sur le grand voile  était inscrit en bleu «Béchard ».

          Descendue à terre, après le salut, je lui souhaitai la bienvenue dans mon« île ». Je manquai d’affection durant ce naufrage.

        De taille moyenne, svelte et athlétique, elle a une allure accorte et la démarche assurée. Elle porte une casquette « kenny season bleu » qui laissait apparaître de  derrière une chevelure noire. Un petit nez droit supporte  ses lunettes D&G pour la protection contre les rais du soleil. Elle arbore un sourire qui pénètre le cœur.

       -  Merci, répondit-elle. J’ai trouvé une bouteille à la mer où il est précisé un SOS et le lieu d’un naufragé, ajouta-t-elle, la voix flûtée. J’ai accouru  pour vous secourir !

       -   Je te suis reconnaissant, dis-je en bonimenteur,la tutoyant pour la complimenter. Durant mon séjour dans la solitude dans cette île, j’ai appris tant de choses de la vie.

        Chemin faisant, je la guidai vers ma hutte. Une hutteau constituée de toiles et de poutres. Deux tabourets meublaient l’ajoupa. Bien qu’étant seul, j’optimisai mon sort. Mon destin. Ma destinée.

         - Oké! Je me propose de passer la nuit ici. Et demain après une grasse matinée, nous quitterons l’île. Je rêvais depuis belle lurette  de passer une nuit, dans une île. Une aventure desirée  dans ce calme et cette sérénité.

         -  Avec plaisir, je répondai. J’avais appétence. En mon fort intérieur je répétai cette ritournelle appétence. Je ne pouvais le lui dire.

         -   Au juste, j’ai apporté quelques médicaments de secours et des victuailles pour nourriture. Dans les provisions il y a aussi des melaouis, des chocolats et yoghourts !

         -   Merci, tu es pointilleuse. Je veux te dire ma dame, une chose avant d’entrer dans cette case. Je suis heureux de trouver encore parmi mes concitoyennes des femmes courageuses. Etant seul dans cette île déserte, qui est en ce moment ma proprièté, il est interdit d’y entrer aux hypocrites, ligots, cagots, gens de justice et usuriers. Seules sont admises les dames de haut parage, fleurs de beauté, à céleste visage. Bienvenue Dame. Je divaguai!

         -  Je ne suis de cette première catégorie là. Je suis déléguée médicale, et je suis venue pour vous secourir. Loin de vous nuire. Je vois que vous vous portez agréablement bien.

         - Merci   Dieu, vous m’avez envoyé une jolie nurse, dis-je pensant à haute voix.

        Son visage devint rubicond de timidité. Elle sourit à ces propos. La lune dans le ciel, nous souriait, mais le coup de canon de l’aube, me tira de ce beau et fabuleux rêve. J’ai raté mon shour. J’avais soif. Je me réveillais en sursaut de ce songe chimérique, chagriné par ce coup de canon qui m’évada de cette vision. De ce rêve!

        Tu vas passer une longue journée de jeûne sans le shour, me dis-je!Tu mérites ce supplice. Cela t’apprendra à ne pas manger goulûment le soir pour éviter des cauchemars .    

     

    Salé, le 22 Août 2011(21 Ramadan 1432)

     

     

     

  • Rose et verdure

                   

    Tout petit, j'aimais lire le chaperon rouge.

    Tout petit, dans ma pensée ce rêve bouge.

    Tout grand, adulte la recherche et réclame.

    Je la décèle dans le charme de Siham.

    A un triste, elle parfume l'air amical.

    Produit soins, telle visiteuse médicale.

    Sublimé, conquis, charmé, je rime ces vers.

    Epithalame tressé pour l'habillée en vert.

    Elle pénètre dans le secret du cœur désert.

    Hier, élégante, elle vêt  robe poitrine rose.

    Je pensais, tant lui offrir bouquet de roses.

     

  • Courtisan

     

    Ta parodie fantasmagorique,

    Tes paroles, mots magiques,

    Ta démarche, l'air rythmique,

    Te rend agréable, sympathique,

    Charme les sages et sadiques.

    Excite ma curiosité poétique.

    Sache, ne suis élève éristique,

    D'école mégare philosophique.

    Mon respect, ma chair est inique!